Le manque de liquidités bancaires est le résultat de la baisse des prix de pétrole sur les marchés internationaux, ainsi que du fait des importants financements dont a bénéficié le secteur industriel privé, a indiqué hier dimanche le président de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF) et directeur général de la BNA, Aboud Achour. Il a expliqué à la Radio nationale que les opérations de financement du secteur privé ont notamment servi à la construction de complexes agro-industriels, de cimenteries et d'usines de montage automobile. «Ces grands projets ont eu un impact direct dans la baisse de la liquidité bancaire sur le marché financier», a-t-il ajouté. Selon le président de l'ABEF, il y avait un important surplus de liquidités bancaires avant 2014, date coïncidant avec le début de la baisse des prix pétroliers, qui avaient atteint un niveau plancher historique de 45 dollars/baril. «Et, progressivement depuis 2014, la liquidité bancaire a commencé à baisser d'année en année au fur et à mesure de la baisse des cours du brut», précise M. Aboud Achour, qui a estimé que cette «situation est tout à fait normale et peut arriver à tous les pays». Au mois de février dernier, l'ex-président de l'ABEF, Boualem Djebbar, avait indiqué, par rapport au problème de la liquidité bancaire, que «pour les banques, la liquidité se mesure par rapport à des ratios prudentiels de la BA». «Mais, il y avait de la liquidité qui a été absorbée au fur et à mesure des activités des banques, dont les crédits à l'investissement à moyen et long terme, qui ont permis d'absorber cette surliquidité», a-t-il souligné, avant d'expliquer qu»'à partir de 2014, il y avait donc moins de recettes provenant des hydrocarbures, et donc la liquidité a diminué en 2015 et 2016. Nous ne sommes plus dans la courbe de 2014». Le président de l'ABEF a indiqué, par ailleurs, sur la question de la masse monétaire circulant dans les circuits informels ou thésaurisée que le niveau de cette masse monétaire était de 3.000 milliards de dinars durant les dernières années et avant la crise financière. «Aujourd'hui, la masse monétaire thésaurisée ou circulant dans les circuits informels est estimée entre 600 et 1.200 milliards de dinars». M. Aboud Achour a rappelé sur ce dossier que les banques primaires sont tenues de déployer tous les moyens pour attirer cette masse monétaire circulant hors des circuits bancaires et officiels, avant de rappeler les instructions du gouverneur de la Banque d'Algérie visant à bancariser les liquidités bancaires détenues par le secteur économique informel. Selon le président de l'ABEF, ces efforts ont permis de bancariser près de 5.800 milliards de DA à travers les opérations menées par les banques pour régulariser la situation des détenteurs de capitaux non déclarés. Une opération de mise en conformité fiscale volontaire avait été lancée en août 2015 pour bancariser l'argent informel en Algérie. Au mois de février dernier, le vice-gouverneur de la Banque centrale avait expliqué, s'agissant de l'argent non bancarisé, qu'il faut d'abord «voir les choses dans leur contexte». «Nous avons une masse monétaire de 13.000 à 14.000 milliards de dinars détenue sous toutes les formes par les ménages, agents économiques, entreprises. Et sur ces 13.000-14000 milliards de dinars, il y a à peu près 4.700 mds de DA détenus sous forme de pièces et de billets par les agents économiques pour leurs transactions». «A la Banque d'Algérie, on a estimé entre 1.500 et 2.000 mds de DA, qui sont thésaurisés sous forme de billets». «Si les agents économiques déposaient leur argent dans les banques, ce serait très bénéfique pour notre économie», a-t-il souligné, relevant qu»'il s'agit de la stratégie des banques qui doit être la collecte des ressources, et là, on doit améliorer le financement de l'économie». Par ailleurs et sur la question de la lenteur des banques algériennes dans la prise en charge du commerce extérieur, ainsi que les difficultés rencontrées par les opérateurs pour leurs opérations d'exportations, le président de l'ABEF a estimé que les banques de la place ont longtemps travaillé sur le volet «importations», et peu sur celui des exportations. Et donc que «les opérations d'exportation sont une situation nouvelle pour ces banques», explique le président de l'ABEF, selon lequel, «elles (les banques) sont en train de s'adapter et à maîtriser progressivement les opérations d'exportation, notamment avec les pays africains». Il a ajouté que les banques algériennes «n'ont pas beaucoup de relations avec les banques et établissements financiers africains», avant de souligner qu»'aujourd'hui, nous essayons d'accompagner les opérateurs économiques en envoyant les dirigeants des banques et établissements financiers aux foires commerciales africaines» dont la dernière organisée par la Mauritanie. Il a rassuré les opérateurs économiques et les exportateurs qu'il y a des mécanismes bancaires internationaux et des techniques financières, qui vont les accompagner dans leurs projets d'exportation au niveau de toutes les banques à l'international. Selon le président de l'ABEF, «il n'y a pas lieu de s'inquiéter» quant aux lenteurs bureaucratiques des banques de la place dans le traitement des dossiers d'exportation, dont le rapatriement des dividendes.