Le président du Conseil des ministres de l'Italie, Guiseppe Conte, sera aujourd'hui à Alger, répondant à l'invitation du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a indiqué, hier, un communiqué d'El Mouradia. A cette occasion, les deux pays procéderont «à un échange sur les questions d'intérêt commun, aux niveaux méditerranéen, maghrébin et du Sahel», ajoute la même source. Pourtant, il ne fait aucun doute que l'un des dossiers sensibles de cette rencontre est lié à la migration clandestine et le problème des harraga algériens en Italie. Ainsi, et après l'Allemande Merkel, c'est au tour de Rome de sonder Alger sur cette question, véritable cheval de bataille de la coalition entre le Mouvement 5 Etoiles et la Ligue du Nord, au pouvoir depuis mai dernier, dont le programme commun, hostile à l'immigration, prévoit l'expulsion de 500 000 personnes en cinq ans et la fermeture des frontières aux migrants. Le Premier ministre italien devra certainement faire les mêmes propositions qu'aux Tunisiens qu'il a visités samedi dernier où le volet de la migration en général a été évoqué. Conte a déclaré que les deux pays vont étudier les moyens de le renforcer tout comme il est question de lancer «un programme de rapatriement des Tunisiens en situation irrégulière tout en les aidant à créer des projets dans leur région d'origine». Rappelons qu'en août dernier, le très controversé ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, avait annoncé sur son compte Twitter son intention de se rendre en Algérie, Tunisie et au Maroc. Dans une interview accordée à la chaîne italienne Sky TG24, il a affirmé que son gouvernement prévoit au moins un milliard d'euros d'investissement pour soutenir l'économie et le travail de centaines de milliers de personnes dans les trois pays du Maghreb pour combattre l'immigration illégale. Alger n'avait pas alors commenté les déclarations du leader de la Ligue du Nord et l'invitation adressée au Premier ministre peut être lue comme une solution diplomatique pour ne pas refuser la venue de Salvini. A n'en pas douter, les harraga seront au centre des discussions bilatérales, eux qui font depuis quelque temps l'actualité en Italie et particulièrement dans la région de Sardaigne avec la montée au créneau des politiques issus du parti de Berlusconi, Forza Italia. L'ancien président de la région, en poste de 2009 à 2014, Ugo Cappellacci avait interpellé le gouvernement à intervenir dans le dossier affirmant que «les débarquements d'immigrants illégaux sur l'axe Algérie-Sardaigne sont une urgence nationale» et appelant à «une intervention décisive du gouvernement». Evoquant un danger sur la sécurité nationale, il a aussi demandé à ce que les départs des harraga soient stoppés «immédiatement» en renforçant les accords conclus avec l'Algérie et en rendant effectif le rapatriement des immigrés illégaux. Pour rappel, l'Algérie et l'Italie sont liées par un accord de réadmission depuis 2000. Les autres dossiers au menu concerneront plusieurs questions régionales et internationales d'intérêt commun dont notamment la situation en Libye, au Sahara Occidental et au Mali. S'agissant de la lutte contre le terrorisme, les deux pays développent une coopération qualifiée d'«excellente» qui «donne des résultats concrets». L'Algérie et l'Italie tiendront prochainement le 4ème sommet bilatéral devant constituer une «étape qualitative nouvelle» dans l'approfondissement de leurs liens multiformes de coopération.