Dans cette très compliquée équation, il est question de cette rime du cocorico du coq qui s'écarte complètement du braiment assourdissant de l'âne, bien que l'un comme l'autre soient des cris d'animaux domestiques très courants pour le monde paysan. Aussi, le fermier n'a-t-il guère besoin de tendre l'oreille pour s'assurer très vite de la différence qu'il y a à déchiffrer le mouvement du bec remué du coq du manoir de celui de la gueule enragée du petit équidé. La légende interprète le beau ramage de cet utile volatile telle une annonce de l'arrivée impromptue des Anges. Quant au sujet de l'horrible hurlement de ce dernier des équidés, celle-ci ne prédit n'en déplaise au monde soucieux de la présumée équité animalière de la contrée !- que le retour imminent de Satan ! En décodé, c'est ainsi que fut savamment expliquée et très longtemps décortiqué chaque signe de la tonalité fournie à coups de décibels mélodieux ou celle formulée en cris stridents, peu évidents, bien confus et très bruyants. Et ce fut ainsi également que le monde paysan entretenait ses relations avec ses nombreux pairs des villes voisines ou même ceux des contrées éloignées : autant vis-à-vis de ceux-ci qu'à l'égard de ceux-là. Entre Ange et Satan, le quotidien du monde campagnard se fraye au gré de ses possibilités et opportunités ce chemin de la vie qui sait apprécier à juste titre le chant vivace du prestigieux volatile et se détourner carrément et bien volontairement de toute autre manifestation du bruit maudit que produit le très buté et paumé baudet. Si Dame Nature a déjà doté le coq de tous ces prestigieux et élogieux atouts qui lui procurent, en retour, beaucoup de respect et énormément de considération de la part des humains ; c'est que c'est elle aussi qui a manifestement dépouillé cet autre animal, qui trime très dur et sans discontinuité, de ces qualités exceptionnelles et vertus cardinales. Réglé telle une horloge suisse qui régule avec toute la précision voulue le tout précieux temps de l'humanité, le doux chant du Majestueux coq se manifeste avec douceur dès l'aurore pour réveiller son monde, qui doit aussitôt gagner son travail dans les champs de la campagne. Et dès l'aube, il est déjà dans son beau rôle, sur les pages dorées de son registre préféré, emmitouflé dans sa tenue très chic et magnifique plumage, perché sur ses ergots et haut piédestal, poussant à pleins poumons le souffle de sa belle voix jusqu'à atteindre les cimes des plus lointains horizons. Ce petit animal au pas alerte, à la démarche lente et très élégante, et au beau costume plumé qui couvre les parties intimes de son corps vantant leur habit couvert en léger duvet, a pour mission de réveiller tout son monde à la ronde, à un moment où le sommeil dicte ses drastiques lois et où le muezzin n'a pas encore prononcé le moindre mot. En seul Maitre de la situation du moment, il imprime à tout son monde avec grande joie la vrille du timbre de sa très belle voix, livrée en chant mélodieux, à ce précieux temps de l'être humain, comme pour marquer à jamais de son empreinte sa présence à cet étage supérieur de la société. Et à ce seul titre : il est le Coq ! Ce Coq du village ou encore celui du grand poulailler de la vieille ferme ou très ancienne contrée. Celui qui est seul Maitre du temps, qui sait dicter à l'horloge l'heure de crier ou de se trémousser et commencer à résonner, et au monde paysan le moment opportun de se réveiller aussitôt pour aller travailler. A l'inverse, cet autre animal de race asine est plutôt le symbole de la folle raillerie, de la pire moquerie, de la parfois très exagérée plaisanterie, souvent de mauvais goût, en dépit de tous ces nombreux travaux d'Hercules qu'il exécute sans broncher et autres très variées tâches dont il s'acquitte sans tricher, chaque jour naissant au profit de la société. Et en dépit de tout l'effort gigantesque qu'il fournit à son Maitre, mais aussi des travaux titanesques qui lui sont confiés par ceux-là mêmes qui le montent et l'accablent de tout leur faramineux poids, additionné à celui de leur déjà très lourde tare et charge de marchandise, il est tout le temps méprisé, à chaque épreuve difficile instinctivement frappé, à tout moment humilié, sévèrement bousculé, aussitôt hué, violemment réprimandé et à répétition conspué. Il est ce souffre-douleur des adultes mais aussi celui privilégié des espiègles galopins. Si les premiers lui donnent des coups routiniers ou très coutumiers pour juste le pousser à persévérer dans l'effort de la dure besogne lorsqu'ils mettent le pied à l'étrier ; les seconds ne le font que pour en rire aux éclats ou pour le faire tourner en bourrique, et à coup de matraque et de trique. Face à ce monde si ingrat et parfois très méchant envers ce pourtant fidèle animal de somme, tout le travail qu'il fournit au profit de la paysannerie ne lui procure, en revanche, que sévices et mépris, que châtiment corporel et violence de tous genres, que réprimandes et brimades en série Mieux encore, ses bourreaux usent souvent de cette vilaine ruse, sans éprouver la moindre gêne envers ce petit équidé, pour le délester de ses indéniables qualités afin d'en profiter à titre personnel, de la même manière qu'ils le font d'ailleurs, toute honte bue, et en toute tranquillité, aux dépens du volatile afin de le dépouiller, lui aussi, de ses nombreux atouts et autres dons et atours naturels hérités de la très généreuse Nature. Nos politiques sont les premiers à s'en servir sans en aviser outre mesure ni l'un ni l'autre, s'essayant en vain souvent assez gauchement- au chant utile du volatile si jalousé et au mérite à trimer très dur que tout le monde reconnait au pauvre baudet. Par essence, instinct, télépathie, et au quotidien, l'être humain a rarement -très positivement et adroitement sinon bien souvent assez gauchement- singé l'animal dans son comportement tout à fait naturel. Du coq, il est toujours jaloux, notamment de sa grande parade, surtout lorsque ce dernier est bien mis, tout heureux de se retrouver dans sa tunique très chic, au moment où il monte sur ses grands chevaux ou sur son très relevée estrade en vrai conquérant, pour happer de sa voix tout son monde tapi si bas de l'escalier qui mène au sommet d'où fusent ses décibels. Il en est tout le temps resté bien malade faute de ne pouvoir si savamment ou bien intelligemment de très près l'imiter dans ce qui pourtant relève de ses gestes fort appliqués et solennelles ballades. Du très besogneux petit équidé, il en est admirablement fasciné. Il en veut à cet animal de somme pour toute une somme de qualités mises au profit de la société à laquelle il est toujours resté toujours si fidèle et très utile. En vrai fraudeur, cupide maraudeur et insupportable emmerdeur public, notre homme politique tombe toujours de travers dans les travées de l'inéluctable erreur. Au lieu de lancer à son monde le très mélodieux cocorico matinal qui annonce les bonnes nouvelles, il ne leur fournit à longueur de journée que ces insanités asines, que ces hurlements haineux et autres braiements animaliers. A vrai-dire, il n'a hérité de cette très singulière horloge animalière que ces moments différés de maudits réveils tardifs, essentiellement maladifs, à reports de temps excessifs, toujours remis à plus tard, à cause de son manque de ponctualité et de sérénité. Et du très besogneux baudet que sa réticence manifeste à toujours refuser d'avancer ou pour aller de l'avant, surtout lorsqu'il est face à cette route bitumée aux reflets reluisants qu'il prend pour un véritable étang ou une mare d'eau par temps ensoleillé ! A force de tenter de paraitre à la fois dans la peau de l'un et de l'autre de ces deux animaux si proches du paysan, il n'aura fait, dans son quotidien, que davantage s'écarter de leurs vertus cardinales pour n'épouser, en revanche et souvent contre son gré, que l'aspect visiblement vaniteux et très condescendant du coq de la ferme et le caractère suranné de taré et vrai buté reconnu au petit équidé. Ils sont presque tous (les hommes politiques) élagués et parqués en paquets immobiles tels des équidés lessivés et laissés à l'air libre dans ces grands prés de la République, auxquels il leur est cependant interdit de faire ou même d'esquisser la moindre réplique à leurs décideurs et mentors politiques envers lesquels ils resteront toujours redevables de tout dans leur rapide ascension et usurpée promotion sociales. De plus, ils manquent cruellement de tous ces indispensables outils d'expression dont sont justement pourvus les seuls acteurs très courageux et voix libres de la scène politique : oser dire, savoir écrire et surtout entreprendre ! Et comment donc voulez-vous qu'ils ne braillent pas ?! Qu'ils ne déraillent point ? Tout juste pour que le peuple sache qu'ils occupent encore son esprit et l'espace où il vit ! Plutôt que de lui chatouiller l'ouïe, ils le dérangent dans sa vie. En cherchant à tout prix à s'approprier par tous les moyens ce cliché de la bonne image, ils ne font, par conséquent, que nous répercuter le mauvais exemple qu'ils véhiculent à travers leur action et locution. Sinon le mauvais présage politique qu'ils cultivent à dessein ! A tel point que le reflet de notre image réelle est souvent traduit par le regard des autres affiché à notre égard. Celui que nous répercute le miroir de la glace ou celui que nous renvoie le commentaire familier sont parfois trompeurs. Etre jugé par les autres est bien différent de ce jugement osé, complice ou superflu, exprimé par les nôtres ! Le respect dû à quelqu'un par ses farouches opposants ou redoutables adversaires a beaucoup de poids, comparé à celui manifesté par les siens, ou ceux considérés comme tels. Être éligible à ce genre de considération en dehors des murs de sa propre maison dénote ce mérite sincère à accéder sans trébucher à ce haut rang qui fait autour de vous l'unanimité au sujet de cette grande distinction. L'image ancrée dans l'esprit de votre adversaire est le symbole de votre mise à l'épreuve dans une compétition qui ne laisse aucun doute quant à votre capacité à surclasser celui qui fait de vous un héros, un champion, un érudit, un être très distingué ou un homme hors du commun ! Votre image restera à jamais archivée, caricaturée, gravée en lettres d'or au plus profond de sa mémoire. Elle symbolise une note de fierté, un objet de satisfaction, savamment tue, un hommage rendu à quelqu'un qu'on respecte et ne peut directement affronter, délibérément s'afficher auprès de lui, se mettre à ses côtés ou dans son intime et petit jardin. Au risque de vouloir ressasser une évidence : le jugement objectif, posé, bien pesé ou longtemps sous-pesé de celui-ci n'a absolument rien à voir avec celui plutôt flatteur, très opportuniste, subjectif, hâtif et intéressé de celui-là ! Le premier est sensé, juste, sincère, inspiré, démontré, prouvé, bien pensé, basé sur des indicateurs-clefs et soumis à une rude compétition et très solide évaluation. Tandis que le second ne fait que dans la farce, la ruse, la pirouette, l'illusion, le subterfuge, le mensonge grossier, l'intérêt immédiat et pécuniaire, la flatterie de cour, le prestige surfait, le statut usurpé et immérité et que sais-je encore ? ! Entre le jugement fécond et décent, souvent difficile à prononcer, fait par l'adversaire et celui que nous renvoie en douceur le miroir de la maison, il y a, bien évidemment, cette image que l'on se fait de soi-même ! Et pour la caricaturer, il est question de cette probité intellectuelle de l'individu à accepter d'être jugé par ceux censés le faire sans à priori, sans parti-pris, sans chauvinisme, sans verser dans le clientélisme, bien loin de toute démagogie et à l'écart de tout probable ou possible retour sur investissement ! C'est ce que redoutent justement les hommes politiques algériens. Car, tous ont cette frousse terrible à voir de très près ce renvoi de l'image du miroir de la vie qui les envoie aux gémonies de l'enfer, aux paliers inférieurs de cette médiocrité qu'ils ont érigée en instrument de mesure des hautes compétences Le renvoi de l'image de leur visage ne leur laisse aucune chance de jouer encore à leur jeu hypocrite favori. Et pourtant ils s'en donnent à cœur-joie ! Ont-ils peur de leurs rides ? Ou de leurs bides de discours stupides lâchés dans le vide ? Pour s'essayer au chant du coq, ne faut-il pas déjà au préalable cultiver la belle parole ? Ce pari semble assez risqué. Voilà pourquoi ils n'éprouvent aucune honte à faire si souvent dans le braiement de la race asine. Quitte à ce qu'en pâtisse le renvoi de leur image que leur répercute le miroir de la vie !