Le ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'aménagement du territoire a exposé, hier, le thème de la harga' sur toutes ses facettes pour tenter de lui trouver des solutions qui convaincraient les Algériens de ne pas prendre les embarcations de la mort. C'est dans une des salles de réunion des Palais des Nations de Club des pins que le ministère a réuni, hier, responsables politiques, civils, militaires, élus locaux, experts, chercheurs universitaires et autres représentants de la société civile pour examiner la harga', ses causes, ses réseaux, ses candidats et les moyens d'y mettre fin. Prévu pour hier et aujourd'hui, la rencontre se veut par le ministère de l'Intérieur, un forum national « constituant un espace de concertation et d'échange de niveau scientifique (...) pour tirer profit des résultats et recherches scientifiques menées à propos de sujets ou de thèmes en relation avec la question du jour et qui serviront à l'élaboration d'un plan de lutte contre le phénomène de la harga'». Il vise aussi à « situer les lacunes dans les formes d'intervention des différents acteurs concernés par la lutte contre un tel phénomène afin d'en améliorer et promouvoir l'action, à connaître l'évaluation par les experts des politiques et programmes publics, en matière de prise en charge de la Jeunesse sur tous les plans (...) et à présenter des propositions susceptibles d'être valorisées pour répondre aux aspirations des jeunes.» La harga' a été ainsi abordée par des chercheurs universitaires sous «son aspect sociologique avec une perspective de déconstruction du processus des modalités pratiques adossées aux récentes études dans le domaine», à travers « l'examen de l'impact des réseaux sociaux et des technologies de l'information et de la communication (...) soutenu par une vision conceptuelle de l'exploitation de ces vecteurs dans la lutte contre ce phénomène», sous «la dimension économique avec l'accent sur les propositions d'ordre pratique en matière d'intégration économique des jeunes», pour « des dispositions anticipatives de lutte contre le phénomène, au plan de la logistique» et enfin «l'expérience des pays voisins.» La harga et de nombreuses interrogations Nouredine Bedoui a fait savoir qu'en 2018, les commissions de wilayas chargées du dossier ont repêché 119 cadavres en mer. «Nombreux d'entre eux ne sont pas partis de l'Algérie mais ont été ramenés par les flots vers nos rivages (...)». Le ministre de l'Intérieur évoquera, en outre, «les jeunes qui sont partis mais n'ont donné aucune nouvelle, ce qu'on appelle les disparus par la harga'». Il fait savoir que 96 cas ont été enregistrés en 2018. «Les autorités compétentes mènent des recherches et suivent leurs traces (...)», dit-il. Ceci, a-t-il noté « sans compter les dizaines d'autres qui ont été secourus en haute mer et ceux qui ont été ramenés et empêchés d'aller vers ce danger». Il estime que «l'ampleur de ce drame et sa dangerosité nous obligent à mobiliser toutes nos forces pour répondre à de nombreuses interrogations et analyser les mécanismes et facteurs qui développent ce phénomène». Il interroge alors «comment ces jeunes peuvent-ils entreprendre une telle aventure, la préparer et l'organiser en rassemblant les équipements qui leur sont nécessaires, avec l'argent suffisant et se rencontrent dans un endroit précis alors qu'ils viennent de différentes régions ?» Il en donne la réponse en affirmant que « c'est bien planifié et avec précision par des gens qui se sont professionnalisés dans la harga' (...), ils ne laissent aucune trace à leurs actes criminels ». C'est, a-t-il dit « ce à quoi ont abouti les enquêtes de nos services spécialisés, ce sont des passeurs ou réseaux de harga', ce sont des gens de chez nous qui ont vendu leur conscience (...), on a découvert des choses qui font honte, la barbarie de ces passeurs (...)». Le ministre de l'Intérieur affirme que des «instructions ont été données aux services de sécurité de redoubler les enquêtes, d'orienter les efforts vers le démantèlement des réseaux organisateurs de harga', ces tâches doivent être parmi les priorités des plans d'action des services de Sécurité». Il fait part, à cet effet, de «200 affaires devant la justice, 344 personnes ont été déférées devant le parquet, en 2018, dont 24 d'entre elles ont écopé de plusieurs années de prison ferme». Les recherches continuent, selon lui, pour retrouver un nombre important de ces passeurs qui ont été identifiés». Ces artistes qui chantent «le désespoir» Bedoui pense que «beaucoup de cas de harga' ne sont pas liés à des conditions économiques et sociales, au regard des opportunités d'emploi et d'investissement existantes, mais dans la majeure partie, leurs auteurs cherchent un statut social et le gain facile, c'est ce qu'ont démontré les études menées par les services spécialisés (...)». Il citera «les facilitations prises en faveur des jeunes demandeurs d'emploi (...), l'apport personnel d'un jeune promoteur ne dépasse pas 1% du montant global de l'investissement, il ne se conforme à un système fiscal progressif qu'après avoir bénéficié de 3 ans d'exonération d'impôts, il bénéficie aussi d'une baisse de 100% des taux d'intérêts des crédits obtenus (...)». Il rappelle en outre que «40% des logements sociaux sont réservés aux jeunes qui ne dépassent pas 35 ans». Le ministre de l'Intérieur pointera du doigt les réseaux sociaux qui, selon lui, «ont poussé, ces derniers temps, à développer le phénomène de la harga' sous des prête-noms et des adresses fictives pour organiser les voyages de la mort (...). Il en veut tout autant «aux artistes qui chantent le désespoir (...), agissent sur le moral de nos jeunes (...) et les poussent vers la harga' (...)». Quatre ateliers ont été ouverts, depuis hier pour, disent les organisateurs du forum «analyser des aspects en lien avec le phénomène de la harga' pour arriver à des recommandations pour sa prise en charge». Sensibilisation, communication et cyberespace «pour une action préventive commune» (atelier 1). Intégration économique des jeunes «réalités, contraintes et enjeux» (atelier 2). Programmes de jeunesse, de culture et de loisirs «entre réalité et aspirations pour une attractivité meilleure» (atelier 3). Rôle des organisations de la société civile, dans la prise en charge des jeunes «proximité, médiation et réseautage» (atelier 4). Aujourd'hui, les travaux du Forum prendront fin par une lecture des recommandations des ateliers et une allocution du ministre de l'Intérieur.