Le seuil psychologique des 100 candidats à la candidature pour l'élection présidentielle d'avril prochain a été dépassé samedi. C'est une bien maigre consolation pour les milieux politiques qui veulent faire de cette élection présidentielle une rupture radicale avec l'actuel mode de gouvernance qui a montré aussi bien ses limites que ses effets économiques et sociaux désastreux. Mais, surtout, le début d'un changement total dans les rouages de l'Etat, le redressement de l'économie nationale, une plus grande justice sociale, la liberté d'expression, l'alternance au pouvoir et la bonne gouvernance. Il est clair qu'aujourd'hui l'attention de tous est focalisée sur le nombre de candidatures qu'enregistre quotidiennement le ministère de l'Intérieur, une situation inédite, à la limite cocasse, car aucun pays au monde n'a enregistré un chiffre pareil. Et la tendance devrait encore gonfler le nombre de candidats à la candidature, ce qui serait tout à fait atterrant pour tous ceux qui attendent de vrais changements politiques, à commencer par le respect de l'alternance au pouvoir, et l'organisation d'élections propres et honnêtes. Or, l'inflation de demandes de candidature fausse l'analyse et donne à ce rendez-vous électoral les contours d'un événement ludique, comme si ces dizaines de candidats ne sont là que pour se voir dans le miroir politique du pays comme une sorte de narcissisme poussé à l'extrême. 101 candidatures sont un scénario inattendu où l'intérêt national n'est pas la priorité de ces prétendants en herbe et missionnés à une élection présidentielle qui est dès lors dévoyée et dépouillée de sa quintessence, celle de permettre au peuple de choisir son président parmi des candidats porteurs de projets sociaux, de programmes économiques. Ou d'éviter au pays l'iceberg, redresser les compteurs de l'économie nationale, résoudre la crise financière, relancer les indicateurs sociaux comme l'emploi, la consommation, redresser l'industrie et l'agriculture. Bref, remettre l'économie nationale sur les rails et tracer une stratégie pour les dix prochaines années, avec comme priorité le retour aux compétences nationales et la fin de la démagogie qui a fait tant de ravages. Car les candidats à cette élection présidentielle doivent porter en bandoulière non pas ce désir atavique de 'gouverner'', mais d'avoir un programme économique et social de sortie de crise, une vision stratégique à long terme. Or, la hausse chaque jour du nombre d'intentions de candidature donne à cette élection tous les contours, toutes les formes, sauf celle d'une présidentielle sérieuse et crédible. Le MSP estime que le 5ème mandat est devenu un véritable piège pour le pouvoir qui chercherait, selon également des observateurs, à fausser les pistes en ouvrant grandes les portes à tous ceux, inconnus ou pas politiquement, de s'inscrire comme étant candidats à la candidature. Car la question que tout le monde se pose, ce ne sont pas les raisons, vraies ou fausses, qui ont fait gonfler le chiffre des candidatures, mais si le président Bouteflika va se porter candidat. Et, plus que tout, si le pouvoir a un plan 'B'' dans le cas d'une incapacité de M. Bouteflika à briguer un 5ème mandat. Le secret des 101 candidatures serait-il là ?