La proposition du chef du MSP d'une transition politique pour une vraie alternance au pouvoir a-t-elle piégé les partis qui ont appelé le président Bouteflika à briguer un 5ème mandat ? Ou bien les mentors du FLN et du RND qui ont signé un véritable pacte de «non- agression» en perspective de la prochaine présidentielle ? Car il est juste de relever que la sortie pour le moins très médiatisée du chef du MSP n'a pas laissé les acteurs politiques indifférents à une initiative critiquée au sein des partis au pouvoir. Mais également parmi une grande partie de l'opposition, dès lors que cette proposition de transition s'articulait en quelque sorte sur une garantie de l'armée non seulement de ne pas intervenir en cas de départ du président Bouteflika, mais surtout de cautionner cette transition. Les réponses de la «grande muette» étant faites, le FLN et le RND, qui se chamaillaient jusque-là sur l'intensité de leur soutien à un 5ème mandat du président Bouteflika, sont ensuite entrés en jeu pour confirmer deux choses importantes : la première est qu'ils veulent aller vers une élection présidentielle en 2019 avec leur candidat, la seconde est que ce candidat, Abdelaziz Bouteflika, ne s'est pas encore exprimé. Ce qui laisse penser que la porte à des candidatures de même «pointure» sont plausibles, et même souhaitables, comme le confirme de son côté le leader du MSP qui estime que son initiative n'a pas mis de côté, en réalité, l'échéance de 2019 et à ce titre, sa proposition d'alternance au pouvoir est toujours sur la table, en dépit de réactions négatives, que ce soit de partis du pouvoir ou de l'opposition. D'autant que beaucoup au sein de l'opposition, mais également parmi les partis-soutiens d'un 5ème mandat, espèrent tout bas, comme l'a déclaré tout haut Abderrazak Mokri, qu'une dernière candidature du président Bouteflika, en raison de son état de santé, pourrait tout simplement tomber à l'eau. Et, comme il n'est pas une fatalité sur le choix des adversaires, un possible désistement de Bouteflika donnerait vie non seulement à une alternance au pouvoir, mais à un réel espoir qu'il y ait une vraie rupture dès 2019 dans le mode de gouvernance du pays. Le MSP a fait le premier pas, il a déjà récolté des fruits importants : la promesse ferme que l'armée restera dans les casernes et n'en sortira que si la sécurité du pays est menacée. Mokri a-t-il piégé l'armée ? L'arrivée d'un autre président démocratiquement élu ne sera dès lors qu'un jalon de plus dans la longue marche du pays vers les contrées de la démocratie, de l'alternance au pouvoir et, plus que tout, que le poste de président de la République n'est accessible que par le passage obligé de l'urne. C'est-à-dire par des moyens consacrés par la Constitution, des élections démocratiques, et là l'armée, après le message de Gaïd Salah, sera elle aussi appelée à respecter le choix des Algériens. La rencontre Ouyahia-Ould Abbès, qui n'était pas officiellement programmée, est-elle une sorte de réaction atavique de deux partis du pouvoir qui s'accrochent avec la dernière énergie à des schémas politiques depuis longtemps désertés, sinon dénoncés ? Il est clair que les enjeux de la prochaine élection présidentielle font bouger les partis au pouvoir comme ceux de l'opposition. La seule inconnue, et que tout le monde attend pour entrer ou pas en piste, est la décision que prendra M. Bouteflika de se porter candidat ou pas. Et, dans le cas extraordinaire d'un «non», qui est tout à fait possible, des observateurs n'écartant pas cette éventualité, cela va provoquer bien des remous au sein du FLN et du RND.