Ainsi, l'auteure, après avoir entendu, pour la toute première fois, parler 11 d'un certain Muhammad qui semble-t-il serait impliqué dans toutes ces vilaines choses , décidera d'entamer sa quête et son enquête; Elle se mit, donc, à chercher tout ce qui pourrait la renseigner sur ce monsieur qui se cache derrière ce tohu-bohu. Mais comme par hasard et avec une cécité incroyable, elle enjambe toute la civilisation musulmane construite, édifice après édifice, durant des siècles avec son âge d'or et ses grandioses réalisations truffées d'épopées fascinantes, son inestimable legs à l'Occident, à l'Humanité Hélas ! cela ne l'intéresse pas, elle préfère une tranche de l'histoire, la pierre angulaire du mythe, de la légende, de la terreur, de la ferveur jusqu'à l'adoration déroutante de ces fidèles qui ont réussi, malgré tout, à produire des miracles irréfutables pour les plus bornés [ Bref. rien qu'une civilisation ], Le Miracle musulman au sein duquel le seul bémol est cette satanée notion du Djihad, prise dans son sens le plus affreusement littéral, comme si tous les musulmans passaient le plus clair de leur temps à se faire vaporiser. L'Auteure se dit que peut-être ses recherches arriveraient à ouvrir les yeux de ces pauvres millions de croyants dupés et pourquoi pas les sauver, à long terme de l'abominable emprise de cette secte mondiale millénaire et millénariste. Elle choisit ces moments singuliers qui permettent aux perceurs de mystères de dévoiler, enfin, l'état piteusement vermoulu de cette construction magique qu'on appellera : l'Islam. Précisément cette séquence historique, celle où l'on parle d'un monsieur, somme toute ordinaire, banal, peu sûr de lui, essuyant des défaites, trahi et abandonné par ses meilleurs compagnons, ceux qu'une légende dorée présente comme des êtres exemplaires. Un «homme abattu psychologiquement» qui aurait même tenté de «se suicider» 12 lorsqu'il reçut pour la première fois la visite de l'Ange Gabriel, dans la grotte de Hira, un homme en fin de vie «en proie à une démence avancée» , un homme qui délire» , «malmené par ses fideles compagnons», ceux-là même promis au paradis, toujours selon la légende. Elle continue sa visite et voit une dé pouille affreusement négligée en voie de décomposition et qui empuantait les lieux, sous le soleil de cette Arabie incandescente de cruauté, d'indifférence et de félonie : Le monsieur qu'elle cherchait est là, inanimé, quasiment oublié , pendant que ses plus fidèles compagnons se crêpent le chignon pour savoir quel serait le nouveau prétendant au trône, une zizanie et une panique indescriptible règnent dans le vestibule. Le défunt aurait bien voulu laisser un testament mais semble-t-il, le perfide Omar l'en a violemment empêché par crainte que la passation des consignes accorde la prééminence et la primauté à «Ahl El-Beit». Les conciliabules et les affrontements cessent, le nouveau dirigeant est désigné, et finalement Muhammad put enfin connaître une paix définitive. Et là commence, bizarrement, une autre histoire qui n'était pas prévue dans le scénario tant espéré et schématisé par certains :(Mort du prophète , apocalypse imminente, dispersion des fidèles, un Islam qui n'a plus lieu d'être et qui sort de l'Histoire, aussi rapidement qu'il s'y est faufilé ). Hélas, Au grand dam des partisans de cet épilogue qui aurait ravi plus d'un, il y aurait eu, au contraire, un couac, des rebondissements et une désagréable surprise: l'Histoire continue, c'est celle des artisans ou plutôt des artistes qui ont su gérer les troubles, les émeutes, la panique et purent, avec un génie et une fourberie inouïs, retourner la situation, rassurant la communauté que l'apocalypse à laquelle ils s'attendaient n'était pas imminente. Ils purent, ainsi, institutionnaliser et légitimer, pour une très longue période le règne des Califats ; Une usurpation, un coup d'Etat et la plus grande mystification de l'histoire. La dame ingénue rentrera déçue du voyage. Finalement, un homme banal comme prophète avec des compagnons aventuriers et avides de pouvoir, félons, falsificateurs de l'histoire et confiscateurs de pouvoir, créateurs de mythes, d'idoles (en la sacralisation de la personne de Muhammad ) pour domestiquer les fidèles et faire de certains illuminés schizophrènes, les plus grands assassins de l'Histoire, s'y ajoutent à cette liste de coupables [auxquels on retire le statut de suspect avec le droit à la présomption d'innocence], un extraordinaire conclave de femmes dotées d'un extraordinaire don de l'intrigue, d'un pouvoir étonnant de conspirer, manipuler, échafauder des issues de secours, voire même influer sur le cours des événements, au point de contribuer, dans une large mesure, à fabriquer «l'après-Mahomet» et jeter les assises d'un Pouvoir naissant sorti au forceps. C'est, carrément, l'histoire des Médicis et des Borgia. Bref ! La dame est dépitée car il n'y a point de grandeur ni de gloire mais que des chimères et des phantasmes dans ce long métrage qui dure depuis des siècles. Mais rien n'est perdu, son odyssée lui aura, quand même, permis de monter un remake de plusieurs versions similaires de la Tragédie mais avec quelques ajouts stylistiques et rhétoriques de mouture homérique et shakespearienne. Elle pense, aussi, détenir enfin un «Da Vinci Code», version arabe. La Construction du récit autour d'une série d'évènements historiques exposés, commentés et interprétés dans un enchaînement chronologique sélectif rend suspecte cette intention innocente, mise au service de la recherche scientifique et de la vérité historique dont se réclament bon nombre de chercheurs de l'école historico-critique, bien au contraire ce scénario, absolument, récurrent témoigne d'une volonté maladroite de s'inscrire, implicitement, dans une perspective révisionniste qui vise à saper les fondements de la religion. ( Ré/ouvrir le même procès en usant des mêmes arguments afin d'arriver aux mêmes conclusions censées produire les mêmes effets, un réquisitoire fort astucieux néanmoins rébarbatif ). «Nous ne pouvons, simplement par une démarche régressive, remonter le cours du déterminisme historique et nous borner aujourd'hui, à presser les textes Chercher d'emblée le dernier mot dans le premier écho, c'est trancher, à priori, et sans discussion, la question du caractère surnaturel de ce témoignage initial, et la trancher d'une manière incurablement négative.»13 Ce qui nous semble insolite de la part de l'auteure, ce n'est pas le fait de s'empêtrer dans ce maelstrom de contradictions et de récits hétéroclites, afin de nous éclairer sur l'aube d'un Islam chaotique fait de complots, de manigances , d'assassinats, de trahison, de constructions mythologiques, de sacralisation au service d'une foi ou pour la conquête du pouvoir ce serait défoncer des portes ouvertes car des dizaines et dizaines d'ouvrages ont abordé le sujet jusqu'à épuisement. Par contre ce qui demeure étonnant de la part de la narratrice c'est de présenter cela avec un engouement voluptueux comme si c'était un flagrant délit d'une anomalie, d'une singularité, d'une pathologie historique propre aux Arabes et à l'Islam (violence structurelle, endémique, fléau )14, qui se transmet, quasi génétiquement, et perdure jusqu'à nos jours.Un fléau qui continue, selon l'auteure à hanter nos mémoires, à alimenter nos déviances et à garder en permanence, allumés les feux de la violence tels ces fameux «Feux sacrés de Vesta». Et pourtant, dans un monde où manifestement la violence a été littéralement globalisée , inscrite, désormais, dans un consumérisme mondial aveugle et omnivore, omniprésent, protéiforme, inodore, incolore, brisant toutes les barrières de race, de religion, de sexe, d'aire civilisationnelle, se régénérant tel un phénix. Pour l'auteure, il n'y aurait que le monde arabe, otage de son Islam mythologique qui reproduit, à l'infini, une violence autodestructrice, une violence dont les pères fondateurs seraient Aboubakr et Omar. Le Syndrome de Stockholm mixé avec les prémonitions cauchemardesques de Samuel Huntington. L'auteure Hela OUARDI semble oublier qu'il y eut déjà d'autres types de violences nettement plus virulentes, voire pandémiques, à savoir cette violence consubstantielle, structurelle à l'Empire Romain qui ressurgit, à chaque fois, de manière pandémique inspirant, justifiant les mégalomanies génocidaires et apocalyptiques (en terme d'asservissement , d'expansion et de pillage, d'extermination ) aux nations qui lui succédèrent : Croisades, Empires coloniaux avec leurs cortèges de tragédies, ( une colonisation et une décolonisation derrière lesquelles ne subsisteront que des débris, des lambeaux d'anciennes cultures et civilisations), un impérialisme américain qui utilisera les méthodes les plus sophistiquées, afin d'instaurer son hégémonie anthropophage, ne reculant devant rien, ni face aux réticences affichées des Nations unies, ni devant ses propres dissidences internes, usant des propagandes mensongères, les plus effrontées, face à un monde éberlué par autant de culot. On retrouvera comme motif à cette «Violence fondatrice» cette notion de «Destinée manifeste» qui implique pour une mission à remplir, une sorte de mystique de l'expansion, inspirée par une voix intérieure qui institue la supériorité de leur race, vérité au nom de laquelle ils s'estiment dans l'obligation, le droit et le devoir de domestiquer tous les barbares qui pullulent sur cette planète. On retrouve, dans cette idéologie, évidemment l'idée de race supérieure, de mission divine, beaucoup de mysticisme et de messianisme et surtout, énormément de Business et de profits. Oser systématiser et appliquer ce fallacieux paradigme de «violence structurelle et endémique» à l'ensemble des événements qui perturbent la Pax americana en leur attribuant un lien historico-généalogique présupposé avec le monde arabo-musulman et sa culture, tout en ayant pour seule référence des agissements criminels de quelques nébuleuses terroristes, c'est faire un affront à l'Histoire, dans sa globalité et particulièrement dans les similitudes et les supercheries qu'elle dévoile. «En aucun cas mon livre ne donne des réponses, il tente tout au plus de poser de bonnes questions.» , dira l'auteure 15. Invitée à l'émission télévisée française ( 64' Grand-angle) , interrogée sur les circonstances de cette fameuse mort mystérieuse du prophète, la narratrice répond : « Jai des hypothèses que je peux avancer avec la plus grande prudence, évidemment ce ne sont que des spéculations , ce que je lis entre les lignes.» , à la lumière de ce pitoyable cafouillage , doit-on plutôt considérer qu'on est en pleine séance de chiromancie et arts divinatoires où peut-on toujours espérer que cette «légendaire enquête» de l'auteure s'inscrit dans quelque chose d'inédit sur le plan d'une recherche historique qui dépasse, par de nouvelles découvertes toutes les études effectuées, avec ferveur, par les tenants de l'école historico-critique anglo-saxonne et française. L'auteure avoue que durant son nettoyage des écuries d'Augias , elle pataugera en permanence dans une «pléthore de versions contradictions» 16 Les déductions issues d'une enquête comparative de sources éparses, confuses, hétéroclites et contradictoires par instant , aussi méticuleuses et rigoureusement méthodologiques fussent-elles, ne peuvent, en aucun cas, constituer une vérité absolue et définitive; elles peuvent, tout au plus, pérenniser le doute, l'incertitude et le questionnement. L'auteure Hela OUARDI reconnaît angéliquement elle-même «qu'en aucun cas son livre ne donne des réponses, il tente tout au plus de poser de bonnes questions», précaution fort ingénieuse et avisée de sa part, sachant qu'il serait fort impudent de prétendre faire mieux que tous les Argonautes de l'Ecole Historico-critique anglo-saxonne et française. Néanmoins, son «Script» ne consiste pas seulement à poser que de bonnes questions ; il va bien au-delà. Simulant un esprit critique, un scepticisme légitime et indispensable, une distanciation enjouée, Hela OUARDI pense réussir avec un brin de littérature là où des scientifiques émérites y on laissé des plumes. Elle fait en réalité mieux que tout le monde, elle distille, de manière subliminale, dans l'esprit de tous les frustrés de l'Histoire, l'art de cogiter autrement en intimité afin de concevoir l'impensable. Si l'Histoire s'enlise, le Roman détient un pouvoir qui lui est propre : tout se permettre. A suivre *Universitaire Notes : 11- Intervention de Hela OUARDI à l'émission télévisée Dzair TV ( Novembre 2018) 12- Intervention de OUARDI à Radio Maghreb (Novembre 2018) 13- Maurice Blondel, Histoire et dogme, Presses Universitaires de France, Paris, 1956,p.214 14- Conférence donnée par OUARDI à la Maison Jean-Marie Vianney à Bourg-en-Bresse(France) mercredi 24 janvier 2018. sous le Thème « Apprendre à connaître l'Islam» 15- Intervention de Hela OUARDI, à l'émission télévisée ( 64' Grand-angle TV5 Monde)Mars 2016 16- Conférence donnée par OUARDI à la Maison Jean-Marie Vianney à Bourg-en-Bresse(France) mercredi 24 janvier 2018. Sous le Thème « Apprendre à connaître l'Islam»