Apparemment, Gaïd Salah devenu l'homme fort du pays s'en tient à son choix d'une transition dans le cadre constitutionnel même après le rejet de cette option exprimé de façon catégorique par les millions d'Algériens lors des marches de vendredi dernier. Le silence qu'il a observé après le refus de cette démarche que la rue lui a signifié et les préparatifs qui ont commencé au Parlement pour l'inauguration de cette transition dans le cadre constitutionnel, il peut en effet paraître que le chef de l'état-major de l'armée n'a nullement l'intention de changer son fusil d'épaule et va laisser aller à son terme la procédure constitutionnelle afférente à l'investiture de l'intérimaire de la présidence de la République. D'autres indices montrent toutefois que tout en persistant à ne pas vouloir sortir du cadre constitutionnel il ne soutiendrait plus l'application stricto sensu de ses dispositions qui ferait du très controversé président du Sénat le pilote de la période de transition. Ils sont dans le fait que les réunions parlementaires destinées à donner une suite à la démission de Bouteflika se sont déroulées sous le sceau de la confidentialité et d'un embargo médiatique total. Ce qui peut être le signe que les parlementaires auraient reçu consigne d'explorer la piste d'une autre solution que celle de l'investiture du controversé Abdelkader Bensalah. Des confrères ont fait état de rumeurs qui bruissent dans les travées des deux chambres agitant le spectre d'un bon nombre de députés et sénateurs qui a décidé de boycotter le congrès de ce mardi. Si cela se confirme et sachant que nos parlementaires incapables de défier l'autorité détentrice du pouvoir, il y aurait à déduire que leur supposée fronde n'a rien de spontané et de dicté par leur conviction que l'investiture de Bensalah engagerait le pays sur une voie à haut risque. Une fronde parlementaire ayant pour cause cette investiture pourrait être le prétexte sur lequel Gaïd Salah s'appuierait pour sortir la transition du « tout constitutionnel » qui mobilise le peuple contre elle et lui vaut défiance de sa part. Il se peut alors que l'option Bensalah sera abandonnée en raison de ce prétexte de la fronde parlementaire qui permettrait au chef de l'état-major de ne pas apparaître avoir cédé à l'injonction de la rue. Il n'est pas sûr pourtant que ce scénario contribuera à apaiser la contestation populaire nourrie et entretenue par l'exigence d'une transition en dehors du cadre constitutionnel excluant la prise part à sa mise en œuvre des figures vomies du régime de Bouteflika.