Très attendu hier, Ahmed Gaïd Salah n'a pas, comme lors de ses dernières sorties de terrain, distillé des messages pour le peuple algérien, qui manifeste depuis le 22 février pour le départ du système. Le général de corps d'armée, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'Etat-major de l'Armée nationale populaire, qui effectuait une visite de travail et d'inspection aux unités de la 2e Région militaire à Oran, a laissé pour aujourd'hui sa fameuse réunion d'orientation avec les cadres et personnel de la Région. Une rencontre qui coïncidera donc avec la séance du parlement siégeant en deux chambres, pour prendre acte de la déclaration du Conseil constitutionnel portant sur la vacance du poste de Président de la république. «Monsieur le Général de Corps d'Armée supervisera demain (Aujourd'hui, Ndlr), l'exécution d'un exercice démonstratif avec munitions réelles, qui sera exécuté par des unités relevant des Forces Terrestres et Aériennes, en vue d'évaluer la deuxième phase du programme de préparation au combat 2018/2019», indiquait hier un communiqué du ministère de la Défense nationale, ajoutant que Gaïd Salah «présidera également lors de cette visite, une rencontre d'orientation avec les cadres et les personnels de la Région, et inspectera quelques unités». La sortie du chef d'Etat-major de l'ANP, qui rentre «dans le cadre du suivi de l'état d'avancement de l'exécution du programme de préparation au combat pour l'année 2018-2019, à travers l'ensemble des unités de l'Armée nationale populaire et dans toutes les Régions militaires», est, faut-il le signaler, la première du genre, depuis la démission forcée sous la pression de la rue, du Président Abdelaziz Bouteflika le 2 avril, et après que Gaïd Salah lui-même ait demandé l'application de l'article 102 de la Constitution. Alors que les rumeurs couraient sur une démission d'Abdelkader Bensalah de la présidence du Sénat, du fait qu'il soit contesté par le peuple qui ne veut pas de lui au poste de chef de l'Etat, même pour 90 jours seulement, Gaïd Salah semble avoir voulu se donner du temps. Attendra-t-il la réaction de la rue à la réunion du Parlement ce matin, pour s'exprimer et prendre position au nom de l'armée ? Et puis, que dira-t-il, une fois le processus d'activation de l'article 102 passe sa dernière étape ? Gaïd Salah, qui a plaidé pour la solution constitutionnelle, à travers «la mise en application des articles 7, 8 et 102 et entamer le processus garantissant la gestion des affaires de l'Etat dans le cadre de la légitimité constitutionnelle», comme il l'a exprimé lors de la réunion de l'Etat-major de l'armée, va-t-il appuyer les revendications du peuple en insistant sur l'article 7, qui dispose que ce dernier «est source de tout pouvoir» ? C'est en tout cas ce que réclament les algériens. Toutes ces questions trouveront sûrement des réponses aujourd'hui, lors de la rencontre d'orientation qu'il présidera à la 2e Région militaire. Histoire de dissiper un tant soit peu le flou les horizons du processus de transition en Algérie. En attendant, le chef d'Etat-major s'est rendu au premier jour de visite, en compagnie du général-major Meftah Souab, Commandant de la 2e Région militaire, dans la Base aérienne de Bousfer. Sur place, Ahmed Gaïd Salah «a souligné devant les cadres de la Région, que sa présence en personne pour assister à ce genre d'exercice démonstratif avec munitions réelles, découle de l'intérêt extrême qu'il porte au suivi du degré d'exécution des programmes annuels tracés, ainsi qu'à l'évaluation sur le terrain du degré de disponibilité opérationnelle atteint par les unités de l'Armée nationale populaire, et dont on peut réellement être fier», selon le communiqué du MDN. Une manière d'affirmer sa présence et d'occuper son territoire, dans une conjoncture qui le place aux devants de la scène nationale. Reste à savoir que dira alors Gaïd Salah aujourd'hui ?