L'homme fort de l'Armée nationale populaire, et contre toutes attentes, soutient la voie qui a mené Bensalah au palais d'El Mouradia, rassurant les algériens qui doivent, selon lui, faire preuve de sagesse, de l'accompagnement de l'institution militaire à la période de transition. Au moment où les algériens continuent de manifester contre l'investiture d'Abdelkader Bensalah comme chef de l'Etat par intérim, le général de corps d'armée, chef d'Etat-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, dit non à toute solution à la crise actuelle, autre que celle contenue dans la Constitution. L'homme fort de l'Armée nationale populaire, et contre toutes attentes, soutient la voie qui a mené Bensalah au palais d'El Mouradia, rassurant les algériens qui doivent, selon lui, faire preuve de sagesse, de l'accompagnement de l'institution militaire à la période de transition. Pour Gaïd Salah qui prononçait hier un discours devant les cadres et personnels de la 2e Région militaire, en présence des représentants des différents corps de sécurité, au troisième jour de sa visite, cette phase qualifiée d'«historique» requiert, voire impose à l'ensemble des enfants du peuple algérien, «de fédérer les efforts de tous les nationalistes en suivant la voie de la sagesse, de la pondération et de la clairvoyance». Pas seulement, car il appelle les algériens à «prendre en considération que la conduite de la période de transition nécessite un ensemble de mécanismes dont la mise en œuvre doit s'effectuer conformément à la Constitution». En d'autres termes, Gaïd Salah se positionne clairement en faveur du processus en cours. Il le rappelle d'ailleurs, quant il fait référence à la Loi fondamentale, qui stipule que «le Président du Conseil de la Nation que choisit le Parlement avec ses deux chambres, après le constat de la vacance, assume la charge de Chef de l'Etat pour une durée de trois mois, avec des prérogatives limitées, jusqu'à l'élection du nouveau Président de la République». Cette option est, faut-il le mentionner, rejetée par les algériens qui ont manifesté mardi et hier, répétant le slogan «Bensalah dégage !». Mais, pour les rassurer, le chef d'Etat-major place l'institution militaire comme garante de la période de transition. «Je voudrais confirmer dans ce contexte, que la période de transition destinée à la préparation des élections présidentielles, se fera avec l'accompagnement de l'Armée Nationale Populaire», a-t-il déclaré, ajoutant qu'elle «veillera au suivi de cette phase». Une mission qu'il s'est attribué «au regard de la confiance réciproque entre le peuple et son armée». Pour ce, le général de corps d'armée, qui évoque le volet socio-économique qui «s'aggravera davantage si les positions obstinées et les revendications irréalisables persistent», estime qu'il y a lieu de «faire preuve de patience, de conscience et de lucidité afin de réaliser les revendications populaires, guider le pays vers la paix et jeter les bases d'un Etat de droit et d'institutions». «Des parties poussent au vide constitutionnel» En effet, avant de plaider le respect de la voie constitutionnelle contenue dans l'article 102 de la Loi fondamentale, Ahmed Gaïd Salah a sorti la carte de la main étrangère visant à déstabiliser l'Algérie. «Avec le début de cette nouvelle phase et la poursuite des marches, nous avons déploré l'apparition de tentatives de la part de certaines parties étrangères, partant de leurs antécédents historiques avec notre pays», a révélé le chef d'Etat-major de l'ANP. Selon lui, ces parties qu'il n'identifiera pas, poussent certains individus au devant de la scène «en les imposant comme représentants du peuple en vue de conduire la phase de transition (…), et semer la discorde entre les enfants du peuple, à travers des slogans irréalisables visant à mener le pays vers un vide constitutionnel et détruire les institutions de l'Etat, voire provoquer une déclaration de l'état d'exception». Mais, l'Armée a récusé catégoriquement depuis le début des événements cette thèse, «car il est irraisonnable de gérer la période de transition sans les institutions qui organisent et supervisent cette opération», a-t-il tranché. Non sans énumérer les conséquences «d'une telle situation et qui pourraient compromettre tout ce qui a été réalisé depuis l'indépendance à ce jour». Gaïd Salah précisera aussi, qu'afin de déjouer les tentatives d'infiltration de ces parties suspectes, «nous avons consenti tous nos efforts au sein de l'Armée nationale populaire, afin de préserver cet immense élan populaire de l'exploitation par ceux qui le guettent à l'intérieur et l'extérieur». Infiltration ! Il citera sur sa lancée «quelques individus appartenant à des organisations non-gouvernementales qui ont été pris en flagrant délit», et dont la mission consiste, dit-il, «à infiltrer les manifestations pacifiques et les orienter, avec la complicité et en coordination avec leurs agents à l'intérieur». En conclusion, c'est une fin de manifestations que veut proclamer Gaïd Salah, à travers son alignement sur la voie constitutionnelle, tout en niant n'avoir «aucune autre ambition que de servir notre pays et de veiller à sa sécurité et sa stabilité cette étape». Pour cela, il compte sur le peuple qui, espère-t-il, «comprendra et mesurera la sensibilité de la situation et privilégiera l'intérêt national». Ce peuple l'entendra-t-il de cette oreille ?