Le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, a reçu, jeudi dernier, successivement, Abdelaziz Ziari (ancien président de l'APN), Abdelaziz Belaid (président du Front Al Moustakbal) et Miloud Brahimi (avocat), en tant que personnalités nationales, indique un communiqué de la présidence de la République. Si le but affiché est «la volonté de concertation que prône le chef de l'Etat, dans le traitement de la situation politique du pays », comme le rapporte la même source, les objectifs inavoués sont multiples, à commencer par essayer d'ouvrir une nouvelle brèche dans le mouvement de contestation pour l'affaiblir et mettre le peuple devant le fait accompli d'un président, en plein exercice de ses fonctions. Des invitations, signées par Heba El Okbi, Secrétaire général, de la présidence, ont été adressées à une centaine de personnalités nationales, afin de participer à la réunion consultative du 22 avril, avec Bensalah, au Palais des Nations, pour, certainement, discuter de la présidentielle du 4 juillet et peut-être dégager le noyau dur de la commission indépendante de surveillance des élections. D'ailleurs, Abdelaziz Belaid, à l'issue de cette rencontre, a publié un communiqué dans lequel il soutient la mise en place d'une commission indépendante de surveillance des élections, garante selon lui de la transparence et de la crédibilité des présidentielles du 4 juillet. Il n'écarte, ainsi donc pas sa participation au scrutin. Si ce dernier semble convaincu par la démarche de Bensalah. Ziari, lui, a affirmé avoir conseillé le chef de l'Etat par intérim de reporter la date de l'élection présidentielle. Dans une déclaration faite à la presse, à l'issue de sa rencontre, il dit avoir informé Bensalah de l'impossibilité de tenir l'élection présidentielle dans les délais prévus, lui conseillant d'aller vers une période de transition gérée par la classe politique et des représentants du mouvement populaire. L'ex-président de l'APN a indiqué, par ailleurs, à Bensalah, la nécessité de ne pas s'accrocher aux règles de l'article 102 de la Constitution et de faire appel aux choix du peuple, selon les articles 07 et 08 de la Constitution, ajoutant à cela les discours rassurants du chef d'état-major, sur son soutien au mouvement populaire. Les premières réactions ne se sont pas fait attendre et le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), dans un communiqué signé par son président, Abderrazak Mokri, a décliné l'invitation. « Le Mouvement affirme que la réunion est assimilable à une attaque contre la volonté populaire et à une escalade de la situation et déclare qu'il n'assistera pas à cette réunion». Le MSP appelle, également, «toutes les forces politiques et civiles à la boycotter», indiquant que cette politique du fait accompli, imposée par le système est la raison qui « a conduit le pays à ce que nous sommes ». Le communiqué avertit sur les « graves conséquences pour l'Algérie et les Algériens » induits par la volonté du système à ne pas répondre aux demandes populaires de suspendre les symboles du régime « dans la gestion de la phase de transition et le début d'une véritable transition démocratique par le dialogue et le consensus national ». De son côté, Me Mustapha Bouchachi a appelé, jeudi soir, la classe politique à boycotter les consultations lancées par Abdelkader Bensalah, alors que le président du RCD, Mohcine Belabbas, déclarait que « le défilé des hommes du système devant Bensalah a commencé ». Des Algériens ont réagi à travers les réseaux sociaux, rejetant catégoriquement cette initiative et accusant tous ceux qui y participent d'ennemis du Hirak'.