Des indiscrétions évoquent déjà «une liste d'une centaine» de personnalités, partis et organisations de la société civile, ayant reçu l'invitation du chef de l'Etat. Pourtant, la démarche de Bensalah n'a pas de chances d'aboutir. La démission du président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaiz, a été pour les Algériennes et les Algériens le début d'un dénouement qui devait se poursuivre avec le départ des autres B. Mais, à la surprise générale, le chef de l'Etat envoie un autre message au peuple : un «j'y suis, s'y reste». Abdelkader Bensalah a, en effet, entamé jeudi des consultations politiques, en vue de la tenue d'une conférence de dialogue et de concertation, lundi 22 avril au Palais des nations. Le même jour, il reçoit à la présidence de la République trois personnalités : Abdelaziz Ziari, ancien président de l'APN, l'avocat Miloud Brahimi et le président du Front El Moustakbal, Abdelaziz Belaid. Selon un communiqué de la Présidence, ces rencontres «entrent dans le cadre de la volonté de concertation que prône le chef de l'Etat dans le traitement de la situation politique du pays». Des indiscrétions évoquent déjà «une liste d'une centaine» de personnalités, partis et organisations de la société civile, ayant reçu l'invitation du chef de l'Etat. Pourtant, la démarche de Bensalah n'a pas de chances d'aboutir. Pour cause, l'homme est lui-même contesté par le peuple qui revendique son départ. Pour avoir été durant des années un fidèle de Bouteflika, les Algériens ne sont pas tranquilles à l'idée qu'il conduise cette période de transition. Et puis, il ne faut pas s'attendre à ce que la classe politique, ou les figures qu'il pourrait inviter parmi le ‘'Hirak'', lui fassent un chèque en blanc. D'ores et déjà, les rejets se multiplient. Au sein de l'opposition, le MSP, qui a reçu l'invitation pour la rencontre du lundi 22 avril, a décliné l'offre de Bensalah. Dans un communiqué signé par son président, Abderezzak Makri, le parti estime que cette réunion «organisée par la Présidence» est «une violation de la volonté populaire», et qu'elle «ne fera qu'aggraver la situation». Annonçant qu'il «ne participera pas à cette rencontre», le MSP a appelé l'ensemble des composantes politiques et civiles «à la boycotter». De son côté, le président du RCD, Mohcine Belabbas, a réagi sur sa page facebook, par une phrase qui en dit long sur sa position et celle de son parti. «Le défilé des hommes du système devant Bensalah a commencé», a commenté Belabbas, critiquant ainsi Ziari et Belaid qui sont allés à la rencontre du chef de l'Etat. L'autre parti qui a déjà exprimé son refus est le FNA de Moussa Touati. La démarche de Abdelkader Bensalah est «une réflexion sans contenu, tant qu'on n'est pas arrivé à une issue qui réponde à toutes les revendications du peuple», a soutenu le parti. Pour le FNA, «le déblocage de la situation ne peut se réaliser avec les symboles du système rejeté, et ayant une responsabilité dans l'impasse que vit le pays». La société civile, du moins les organisations présentes sur le terrain, au sein du mouvement populaire, adopte la même position. La LADDH, qualifiant Bensalah de «président qui n'a aucune légitimité à mener des consultations ou un dialogue avec les acteurs représentatifs de la société», a annoncé qu'elle «ne participera pas à cette conférence nationale». Il s'agit d'une «démarche qui tourne le dos aux revendications populaires», a-t-elle asséné. Côté personnalités, l'avocat et militant des droits de l'homme, Me Mustapha Bouchachi, a, dans une vidéo, appelé la classe politique à «boycotter les consultations lancées par Abdelkader Bensalah». C'est dire qu'à moins que le chef de l'Etat intérimaire ne se limite à recevoir et à se réunir avec des partis et personnalités proches du système, aucun parti ni organisation, ni personnalité ayant une certaine crédibilité auprès du peuple, n'acceptera de se s'associer à cette démarche, au risque d'être discrédité définitivement par la rue. Hier, au neuvième vendredi, les millions de personnes qui sont sorties à travers toutes les wilayas, se voulaient comme une réponse cinglante à la feuille de route de Bensalah. Conclusion : son plan est voué à l'échec !