La démarche des parlementaires vise, de l'avis de tous les observateurs, un retour rapide à l'ordre constitutionnel, avec l'organisation d'une présidentielle dans un délai de 90 jours. Le congrès du Parlement est convoqué pour demain, mardi, afin de confirmer la vacance de la présidence de la République, après la démission du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. Les parlementaires devront, à cette occasion, désigner un Président intérimaire, conformément aux dispositions prévues dans l'article 102 de la Constitution. La démarche vise, de l'avis de tous les observateurs, un retour rapide à l'ordre constitutionnel, avec l'organisation d'une présidentielle dans un délai de 90 jours. Si elle est conforme au choix proposé par le haut commandement de l'armée et le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, cette option ne cadre pas avec la revendication populaire exigeant le départ du système et de ses représentants. Elle risque ainsi de faire perdurer encore la crise la politique, voire l'aggraver. Car le processus constitutionnel enclenché est déjà massivement rejeté par les Algériens, à l'occasion des deux dernières marches organisées à travers le pays. Unanimement, les manifestants ont réclamé le départ du gouvernement Bedoui, du président du Sénat, Abdelkader Bensalah, de celui du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz, et de Mouad Bouchareb, président de l'APN. Les «4B», des personnalités ayant servi sous le régime Bouteflika et qui ont défendu jusqu'à la dernière seconde l'idée du 5e mandat du Président, ne passent pas chez l'opinion algérienne. «Irouhou ga3» (Ils vont tous partir), clament les millions de manifestants, qui ne sauront être satisfaits des résultats du congrès du Parlement. Imposer le fait accompli avec l'élection du Président par intérim et le maintien du gouvernement actuel confirmera la volonté des décideurs du moment de contourner la volonté populaire. Ces derniers prendront, à travers cette manœuvre, un risque inutile de prolonger la crise politique, qui aggravera, par conséquent, la situation économique du pays, déjà très fragile. Jusqu'où iront-ils ? Parviendront-ils à imposer cette option ? Difficile de répondre à ces interrogations dans l'immédiat. En tout cas, l'opposition n'adhère pas à cette «solution». Les partis siégeant à l'Assemblée populaire nationale (APN) ont déjà annoncé le boycott du rendez-vous de demain. Ce congrès, auquel ne participeront que des députés et sénateurs de la majorité (FLN-RND-TAJ-MPA), qui sont aussi dans le viseur du mouvement populaire, risque de prendre des décisions obsolètes. Ces partis et leurs parlementaires, élus à l'issue d'élections contestées, aggraveront, de ce fait, leurs cas, alors qu'ils se disent «favorables au hirak (mouvement populaire)». En dehors de l'Assemblée, les partis et les personnalités politiques de l'opposition dénoncent «une volonté de maintenir le système sans Bouteflika». Tout en prônant une transition conduite par des personnalités indépendantes et un gouvernement de compétences nationales, ces derniers mettent en garde contre toute précipitation vers l'organisation d'une élection présidentielle «qui permettrait au système de se régénérer».