Tout porte à croire que le persistant bras de fer entre le maire et une majorité d'élus risque de déboucher sur la dissolution pure et simple de l'Assemblée populaire communale. La dernière session, comme les trois précédentes, a révélé un profond malaise sans pour autant aborder l'ordre du jour, objet d'une vive polémique parce que non soumis à l'appréciation des élus comme le stipule le règlement. Une formalité qui aurait pu être facilement surmontée par un débat critique et serein mais qui s'est érigée en prétexte pour attiser le feu de la discorde. Le président de l'APC a bien tenté dans son discours d'ouverture de circonscrire la grogne à des malentendus et à des frustrations du fait que tous les membres ne bénéficient pas des mêmes avantages en dépit des mérites de tout un chacun. Il a appelé ses collègues sans exclusive à s'investir sur de nouvelles bases tout en reconnaissant quelques défaillances dues à l'apprentissage du 'métier». Vaines componctions puisque les 'insurgés», du moins les plus en vue, lui rappelèrent sur un ton vindicatif quelques écarts de conduite. Prenant à témoin des représentants de la société civile et des membres de la presse locale invités à titre d'observateurs, le président de l'APC, M. Didi Addelghani, s'est dit victime d'un complot et n'a pas manqué à coups d'allusions de s'en prendre à ses détracteurs étrangement impassibles, comme non concernés. Ni le point relatif aux aides du mois de Ramadhan ni la question de subventions destinées aux clubs sportifs endettés n'ont ému outre mesure les édiles en rupture de ban qui refusèrent d'ouvrir l'ordre du jour à d'autres sujets pourtant aussi sensibles, comme les salaires des travailleurs ou le plan de gestion de la commune. Le rejet en bloc des 13 points a suscité des réactions amères de la part des citoyens présents. Selon les contestataires qui, apparemment, ne voulaient pas se mettre à dos une bonne partie de la population, le deal passé avec le P/APC devait se limiter au vote des deux points évoqués en premier. Peine perdue étant donné que la réunion s'est achevée sans délibérations. Il reste que l'affaire du parc d'attractions, qui n'a pas livré tous ses secrets, a empoisonné davantage les relations entre élus d'autant que la procédure d'octroi du marché est mise en doute par les dissidents comme l'indique l'intervention d'un élu qui a parlé de « certificat administratif » indûment délivré à un soumissionnaire. Ce que conteste énergiquement le maire qui a souligné le caractère légal de la procédure conformément au nouveau code des marchés publics. A la fin de la séance, censée réconcilier les parties en conflit, un membre de l'APC émargeant avec l'opposition, l'air désabusé, nous a spontanément fait part de son sentiment : «Des élus jouissant de détachements à plein temps désertent les commissions et ne fournissent pas l'effort nécessaire pour s'informer des décisions d'où les accusations souvent erronées et colportées par la rue L'organisation et le fonctionnement des commissions laissent à désirer. Personne n'est prêt à reculer, le point de non-retour a été atteint ». Face à ce qui s'apparente à un hara-kiri collectif décidé dans un contexte politique difficile, il y a lieu de s'interroger sur les motivations réelles des uns et des autres. Ce mandat de la discorde arrive au mauvais moment. L'APC de la cité de Sidi Saïd, à l'instar de celle de Hammam Bou Hadjar gelée par la tutelle pour des raisons similaires, s'achemine vers une « kafala » administrative. A moins d'une solution de dernière minute concoctée dans les coulisses ? Wait and see.