L'erratum aurait pu passer pour de la simple maladresse éditoriale comme il arrive parfois dans une rédaction, mais la dépêche de la très officielle Algérie Presse Service (APS), publiée mercredi dernier, à propos de la position de Paris concernant les élections présidentielles du 4 juillet, et dans ce contexte-là, ne peut se satisfaire de cette seule explication. Avec toute la bonne volonté du monde qu'on prêterait à l'APS, cette supposée implication française dans la politique intérieure du pays qui espère que le processus électoral en Algérie se déroule dans de «bonnes conditions, avec toute la transparence et la sérénité nécessaires», dixit Le Drian, le monsieur diplomatie de la France, n'a d'autre but que d'adouber une feuille de route catégoriquement refusée par les Algériens de tous bords. En effet, faisant face à des difficultés internes pour faire admettre la sortie de crise prônée par l'état-major, le pouvoir décisionnel cherche, apparemment, des appuis à l'étranger quitte à forcer la main aux alliés de l'Algérie. Pourtant, Paris a promptement réagi en publiant un démenti de la part de sa représentation diplomatique à Alger où il est indiqué que les déclarations de Le Drian n'ont aucune relation avec l'agenda électoral tel qu'il est tracé actuellement. S'agit-il alors de l'excès de zèle d'un journaliste qui, de surcroît, s'est permis de préciser la date du scrutin alors que le ministre français ne l'avait jamais évoquée ? Difficile de le croire dans la mesure où l'information donnée n'était pas anodine et consacrait tout simplement un quitus français pour la suite de l'opération électorale. Une manière de dire «regardez même Paris est pour le scrutin du 4 juillet !», en direction, justement, de ceux qu'on accuse de rouler pour le compte de la France. Ce qui semble être, à priori, une maladresse, si on croit les explications de l'APS, peut aisément passer pour une tentative, certes, maladroite de manipuler l'opinion publique et participe à cet effort, de plus en plus laborieux, de vendre une feuille de route qui bat sérieusement de l'aile. Ses concepteurs sont conscients que la rue a définitivement rejeté l'option des élections sous la houlette des 2 B (Bedoui et Bensalah) et pour remédier à cette situation, ils multiplient les pistes à offrir en proposant tantôt un revenant Taleb Ibrahimi ou en accusant les tenants du boycott d'être partisans d'un complot visant à créer le chaos dans le pays. Alors maladresse ou manœuvre, les avis peuvent diverger et l'avenir nous dira de quoi il retourne réellement.