C'est à une installation mouvementée du « Comité des sages » qu'a dû se résoudre le panel de dialogue de médiation, dirigé par l'ex-président de l'APN Karim Younes, hier samedi à Alger. Cette installation, prévue mercredi, a été reportée pour hier samedi, et devait se dérouler normalement. Sauf que le début des travaux de l'Instance, tenus à la grande Bibliothèque d'Alger, a été perturbé par une invasion d'étudiants en colère du Centre culturel de la rue Larbi Ben M'hidi à Alger. La colère des étudiants, ils étaient une cinquantaine, est due au fait que le Panel ait reçu mercredi une délégation d'étudiants de l'UGEL, une organisation proche du pouvoir, et non reconnue par les différents groupes étudiants qui ont éclos avec la vague « hirakiste ». L'appel à manifester hier samedi a été lancé par les étudiants de l'université Alger 1 et le pôle des étudiants. « Le Panel du dialogue que le peuple refuse catégoriquement a prévu de rencontrer un syndicat estudiantin appelé UGEL, afin que ce dernier représente les étudiants et donc de légitimer ce dialogue », explique cet appel lancé sur Facebook par l'« Union des étudiants Alger 1 ». « Ces larbins du système ont soutenu TOUS les mandats de Bouteflika, même le 5e, et ce, même après le 22 février. Nous ne pouvons laisser le pouvoir en place se jouer de notre Mouvement Populaire en propulsant ses larbins en tant que représentant des Etudiants Libres afin de décrédibiliser le mouvement estudiantin et les marches du Mardi », ajoute l'appel. Pour calmer les esprits, Amar Belhimer, membre du panel et chargé de la commission politique, a invité les protestataires à assister aux travaux du panel, et l'installation du Comité des sages. Ce comité compte une quarantaine de personnalités politiques, médiatiques, scientifiques ou politiques et sportives. Il est notamment composé de l'ancien président du conseil constitutionnel sous Liamine Zeroual, Abdelaziz Bouchair, les trois anciens ministres de la Jeunesse et des Sports Aziz Derouaz, Mouldi Aissaoui et Kamel Bouchama. Il y a également l'ancien ministre des Finances Abdelaziz Khellaf, le cinéaste Slimane Benaissa, des professeurs universitaires dont Laraba, Louber et Benyahia, le président de l'association Machaâl Al Chahid et de l'organisation des condamnés à mort, le président du syndicat des magistrats et celui de l'ordre des médecins algériens Bekkat Berkani. Les entrepreneurs sont notamment représentés par Saïda Naghza, présidente de la confédération générale des entreprises algériennes (AGEA). Il s'agit en fait d'une première liste, qui reste ouverte à toutes les compétences nationales. Dans un précédent communiqué de l'Instance, elle a expliqué qu'elle « valorise toutes les initiatives de dialogue ainsi que toutes leurs plates-formes et leurs propositions de sortie de crise », qui ont précédé la création du panel. Bien plus, «toutes ces plates-formes et ces propositions constitueront des documents de travail qui seront utilisés pour l'élaboration » des propositions qui seront soumises à la conférence nationale qui sera organisée à la fin des consultations, explique le même communiqué. L'Instance a déjà entamé ses consultations avec des personnalités nationales et des représentants d'organisations de la société civile, mais les résultats de ces discussions n'ont pas été pour le moment divulgués. Le panel poursuit ses consultations et compte élargir le spectre de ses discussions à toutes les composantes de la société. Après l'installation du Comité des sages, le panel a organisé une conférence de presse au cours de laquelle l'organisation d'élections présidentielles a été réaffirmée. Les membres du panel ont pris la parole pour relever l'urgence de l'organisation d'une élection présidentielle, qui doit être organisée « avant la fin de l'année en cours », ont-ils indiqué. Le scrutin devra déboucher sur une seule et unique période de transition, a ajouté le panel. L'ancien journaliste et enseignant Amar Belhimer a expliqué que les walis n'auront aucun rôle à jouer dans le scrutin annoncé, avant de souligner que les articles 7 et 8 consacrant la souveraineté populaire n'auront leur plein effet qu' « à travers le prochain vote ». Quant au président du Conseil de l'ordre des médecins Bekkat Berkani, il a affirmé que le panel n'excluait aucune partie, et a à son tour insisté sur l'urgence de la tenue des élections présidentielles. « Nous sommes au bord de l'implosion et les dangers nous guettent ! »