Malgré les mises en garde du chef de l'état-major de l'ANP, les ministres du gouvernement Bedoui continuent à être chahutés à l'occasion de leurs sorties sur le terrain. Le dernier en date, le ministre de l'Intérieur, Salah Eddine Dahmoune, en visite à Djanet dans la wilaya d'Ilizi, à la tête d'une délégation ministérielle qui a été chassée par les habitants. Selon le HuffPost Algérie, la délégation, composée de Belabed Abdelhakim, ministre de l'Education, Tayeb Bouzid, de l'Enseignement supérieur, Mohamed Miraoui, ministre de la Santé, Kamel Beldjoud, ministre de l'Habitat et Ali Hammam, des Ressources en eau, a été obligée de quitter le bâtiment officiel où elle était installée. La même source indique qu'ils étaient nombreux à encercler le bâtiment, scandant «dégage !» aux ministres malgré une forte présence policière. Les manifestants ont également scandé des slogans hostiles au wali d'Illizi, Aissa Boulahya. Ce n'est pas la première fois que des ministres de Bedoui sont pris à partie par les populations locales depuis le début des marches populaires. En avril dernier dans la wilaya de Bechar, Salah Eddine Dahmoune, Kamel Beldjoud et Mohamed Miraoui avaient été fortement chahutés par les manifestants qui ont tenté d'empêcher la délégation ministérielle d'effectuer sa visite. Dès qu'ils ont appris cette visite, les habitants ont manifesté la veille en essayant de bloquer l'accès vers l'aéroport de Bechar. Les manifestants, qui n'ont pas abdiqué, ont suivi la délégation pas à pas, la menant au nouveau centre de lutte anti-cancer qui a été inauguré au même titre qu'un hôtel. «Gouvernement dégage !», «Non à la bande !», ont-ils scandé tout le long du parcours en arborant l'emblème national et en brandissant des banderoles et des pancartes hostiles au pouvoir. Après avoir été chahuté à Bechar et Sétif, la visite du ministre des Ressources en eau à Oran, en mai, s'est déroulée presque clandestinement. En effet, contrairement à leurs habitudes, les services de la wilaya d'Oran ont évité de communiquer sur la visite de Ali Hamam. Hormis l'APS et l'EPTV, aucun organe de presse indépendant n'a été invité pour couvrir l'événement comme de tradition. Ce silence répondait probablement à un seul souci, celui de ne pas ébruiter la présence d'un ministre du gouvernement Bedoui à Oran de crainte de voir d'éventuelles manifestations citoyennes perturber le cortège ministériel. En juillet et août derniers, la ministre de la Culture s'est faite copieusement siffler lors de son inauguration des festivals de Timgad à Batna et de Jamila à Sétif. Rappelons qu'en avril dernier, le vice-ministre de la Défense, Gaïd Salah, a mis en garde contre «l'incitation à entraver l'action des institutions de l'Etat et d'empêcher les responsables d'accomplir leurs missions».