Un dispositif de sécurité impressionnant a été déployé dans des points névralgiques de la ville pour encadrer une visite qui s'est déroulée sous haute tension. Le peuple algérien ne cesse de clamer son refus catégorique de tout ce qui incarne l'actuel système. Hier, c'était au tour des habitants de la wilaya de Béchar, connue pour être une région militaire, de dire "non" à plusieurs membres du nouveau gouvernement conduit par Noureddine Bedoui, Premier ministre. En visite de travail dans la wilaya de Béchar, Salah Eddine Dahmoune, ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, et Mohamed Miraoui, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, ont été fortement chahutés par les manifestants qui ont tenté d'empêcher la délégation ministérielle d'effectuer sa visite. Contactés par nos soins, des témoins oculaires nous ont assurés que les citoyens ont qualifié cette activité interministérielle de "grand mépris envers la population locale". Dès qu'ils ont eu vent de cette visite, les habitants ont manifesté la veille en essayant de bloquer l'accès allant de l'aéroport à la ville de Béchar. Les manifestants ont été aussitôt réprimés. "Il y a eu 39 personnes arrêtées qui n'ont été libérées que le lendemain grâce à la mobilisation de la population", nous a indiqué une source locale. S'en est suivi, hier, le déploiement d'un dispositif de sécurité impressionnant à des points névralgiques de la ville pour encadrer une visite qui s'est déroulée sous haute tension. Les manifestants, qui n'ont pas abdiqué, ont suivi la délégation pas à pas, la menant au nouveau centre de lutte anticancer qui a été inauguré au même titre qu'un hôtel. "Gouvernement dégage", "Non à la bande", ont-ils scandé tout le long du parcours en arborant l'emblème national et en brandissant des banderoles et des pancartes hostiles au pouvoir. Ils ont estimé que "le gouvernement ne représente pas le peuple" et n'ont pas manqué, comme tous les Algériens dans toutes les wilayas du pays, d'exiger "le départ des 3B et de tous les symboles du système", ainsi que "le respect de la voix du peuple, la lutte contre la corruption et leur attachement à l'unité nationale". Cette position tranchée vis-à-vis du nouveau gouvernement, formé le 31 mars dernier, a déjà été exprimée, ici même à Alger, lors de la visite, la semaine dernière, de Mustapha Kouraba, le nouveau ministre des Travaux publics, qui, à son tour, a été carrément empêché par les citoyens d'effectuer une visite à Aïn Naâdja. C'est aussi le cas de Meriem Merdaci, la nouvelle ministre de la Culture, impopulaire et décriée par les employés de son secteur. Ils ont observé un sit-in le 11 avril dernier devant leur siège ministériel, scandant clairement qu'"ils ne lui reconnaissent aucune légitimité". Rejetée par le peuple et dénoncée par la classe politique, la nouvelle composition de l'Exécutif sert "d'alibi" au pouvoir qui suit une feuille de route loin d'être cautionnée par le peuple qui continue de manifester et de "déjouer les manœuvres", d'exiger "le départ de tous" en comptant sur une détermination qu'il dit "inébranlable" envers et contre toutes les intimidations. Nabila Saïdoun