Les observateurs qui depuis l'émergence du mouvement populaire scrutent sous tous les angles les marches de protestation et de revendication qu'il convoque pour chaque vendredi ont suivi avec une attention plus soutenue encore celles qui ont eu lieu ce vendredi 6 septembre. Il ne pouvait en effet échapper aux observateurs que l'évènement politique qu'a été la prise de position de l'armée au sujet de l'élection présidentielle dont elle veut l'organisation dans le délai le plus bref allait impacter le mouvement populaire qui en rejette la tenue tant que sa revendication du départ de tous les symboles du régime Bouteflika encore en place au sommet de l'Etat et dans les institutions n'aura pas été prise en compte. Les marches de ce vendredi d'après les allocutions de l'homme fort de l'institution militaire dans lesquelles il s'est prononcé sans équivoque en faveur de l'accélération du processus électoral et a fustigé avec rigueur les parties qui s'y opposent et leurs propositions alternatives, étaient attendues pour savoir si l'impact de la position de l'institution militaire a eu un effet émollient sur la détermination du mouvement populaire à poursuivre son combat jusqu'à la satisfaction pleine et entière de toutes ses revendications, ou au contraire galvanisant en terme de mobilisation comme prédit par certains de ses activistes et acteurs influents, qui ont appelé pour ce vendredi à une démonstration de force de la part des citoyens acquis au mouvement populaire en vue d'établir la fausseté de la prétendue «revendication populaire insistante» mise en avant par le chef de l'armée pour justifier le coup d'accélérateur qu'il veut donner au processus électoral de la présidentielle. Tout dans les marches du 6 septembre est révélateur que le mouvement populaire est dans le regain de mobilisation. Leur ampleur et la tonalité des slogans qui y ont retenti ne permettent pas d'en douter. Il en résulte en tout cas pour le haut commandement de l'armée et son homme fort le général de corps d'armée Gaïd Salah que leur option du passage en force vers l'élection présidentielle dans les plus brefs délais sans faire droit aux revendications et préalables sur lesquels il y a consensus large au sein de la classe politique, des acteurs issus de la société civile et dans le mouvement populaire, risque de plonger le pays dans une situation aux conséquences aussi dramatiques pour son peuple que pour son armée. Il en sera en effet fini de ce lien particulier qui s'est tissé entre eux et constitue le bouclier salvateur ayant préservé l'Algérie de tous les complots ayant visé sa déstabilisation et l'atteinte à son intégrité et à sa souveraineté nationale.