Quelles que soient les raisons, un club dont les supporters envahissent le terrain à quelques minutes du temps règlementaire ne peut s'attendre qu'à des désagréments. Pour notre part, nous préférons analyser le match qui promettait beaucoup entre deux belles équipes ambitieuses et en forme. Le premier constat est de relever que le CRB, à partir de sa solide défense, a habilement géré cette rencontre. Ce qui a vraiment troublé les Canaris, c'est qu'ils ont encaissé le premier but trop tôt, alors qu'ils étaient partis pour prendre un avantage au tableau de marque. A partir de cette réalisation algéroise, les coéquipiers du capitaine Bencherifa ont égaré leur jeu habituel, tombant dans le piège de la précipitation, avec les longues balles en profondeur évidemment improductives, soit parce qu'elles étaient captées et renvoyées par les défenseurs du CRB, soit parce qu'elles sortaient hors des limites du terrain. Face donc à un adversaire qui pouvait « voir venir » avec son avance au marquoir, les Kabyles n'ont pas développé leur football habituel. A ce propos, et cela est valable pour toutes les équipes qui versent dans la précipitation et le jeu excessif en profondeur, pourquoi leurs entraîneurs n'interviennent-ils pas pour que leurs joueurs misent sur le jeu collectif et le contrôle du ballon ? En l'occurrence, Hubert Velud a manqué à ses obligations en laissant faire ses poulains. Si l'on doit relever des circonstances atténuantes, c'est que leur président et leur entraîneur ont réclamé à tout prix la victoire. En effet, consciemment ou pas, les joueurs de la JSK ont été mis sous pression par les déclarations de leurs responsables. Or, tout le monde connaît les dégâts qui surviennent plus souvent qu'on ne le croit à la suite des exigences des dirigeants et des entraîneurs. Ceci dit, il faut bien reconnaître que la bataille tactique annoncée a été remportée par Abdelkader Amrani lequel, de par la bonne prestation de ses joueurs, n'a pas eu à intervenir trop souvent, se contentant de donner des consignes sur le placement de ses défenseurs et ceux du milieu, qui ont effectué de la bonne besogne par un harcèlement constant sur le porteur du ballon. Les joueurs kabyles n'avaient alors que deux alternatives. Soit effectuer une passe latérale ou en retrait, soit opter pour de longs centres en profondeur. Il est évident que le coach Hubert Velud a commis des bourdes dans la composition de l'équipe alignée au départ, ainsi que dans l'octroi des postes. Personne n'a compris pourquoi Hamroune, qui s'est déclaré prêt à jouer après le stage avec l'EN, a été laissé sur le banc, alors que Tafi a été transparent, tout comme d'ailleurs Bencherifa, Saâdou, Mebarek, Raïah et Bensayeh, soit six joueurs qui sont passés à côté, alors qu'ils voulaient conserver leur invincibilité et écarter de leur chemin un dangereux rival. Les défenseurs en particulier ont été débordés par Djerrar et Belahouel, les buteurs de cette soirée. D'ailleurs, le DG du CRB, Allik, a fait une juste analyse en déclarant : « La JSK nous a facilité la tâche. Après le second but, ils ont été obligés de se découvrir et nous avons profité pour marquer le troisième but, celui du KO ». Avec sa grande expérience, Saïd Allik estime que « la JSK est une équipe jeune qui va faire de bonnes choses. On fait des déclarations dans la presse et on assure jouer le titre, alors qu'on n'a pas les moyens de le faire ». Ces paroles ont tout de même une signification et qu'il faudra méditer par les dirigeants et les entraîneurs, qui n'ont pas conscience de la portée de leurs déclarations. Le plus désolant, c'est que ce cuisant revers arrive à quelques jours seulement du match retour de la Ligue des champions d'Afrique à Conakry. Et c'est là que les dirigeants et le staff technique ont un grand rôle à jouer en « oubliant » cette défaite pour se consacrer à la qualification en poules. Les joueurs parviendront-ils à se ressaisir comme tout un chacun l'espère ? Là est toute la question.