Excepté Edison et Total, toutes les grandes compagnies étrangères clientes de l'Algérie pour la fourniture de gaz naturel ont renouvelé leurs contrats en juillet dernier, souligne Oxford Institute for Energy Studies. Dans un article publié en ce début du mois d'octobre sous la signature de Mostefa Ouki, chargé de recherche principal auprès de l'institut de recherche britannique, l'auteur ne manque pas de signaler par ailleurs un fait nouveau marquant ce renouvellement de contrats : «des réductions substantielles» des volumes de gaz destinés à l'exportation sont à relever. Une réduction des volumes qui amène Mostefa Ouki à s'interroger sur les deux dernières majors restantes que sont Edison et Total, s'ils vont renouveler à leur tour leurs accords avec Sonatrach, et si oui, ces nouveaux accords suivront-ils la même tendance à la baisse des volumes de gaz qui leur seront destinés. En juillet 2019, un total d'environ 28 Gm3 par an avait donc été garanti par les contrats renouvelés. Illustrant cette tendance à la baisse des volumes par les chiffres, le consultant en énergie auprès de Institut d'études énergétiques d'Oxford affirme qu'Eni est passé de 16 à 9 milliards de mètres cubes depuis une décennie environ, Enel de 6-7 à 3 milliards, alors que la société espagnole Naturgy s'est arrêtée à 8, la société turque Botas à 5 et la société portugaise Galp à 2,5. Pour les deux compagnies en attente de renouvellement de contrats, il est indiqué qu'Edison importe 2 milliards de mètres cubes par an et l'accord avec Alger expire à la fin de l'année. Pour Total, l'accord concerne le GNL et expirera l'année prochaine. Un scénario prévisionnel de l'auteur indique que d'ici 2030, les exportations de gaz pourraient être réduites à environ 24 Gm3. Et cela, a-t-il estimé, permettrait de respecter le niveau total des engagements d'exportation de gaz couverts par les contrats renouvelés en juillet 2019, si les quotas de la Turquie ne sont pas renouvelés au-delà de la date d'expiration de leurs contrats en 2024. Aussi, est-il avancé, si les contrats de Total et d'Edison arrivant bientôt à échéance sont renouvelés à la moitié de leurs volumes contractuels existants, il y aura un déficit d'offre à l'exportation d'environ 7 Gm3, selon les prévisions de ce même scénario. Aussi, a-t-il ajouté, en 2020, les travaux seront achevés sur le Tap, d'où proviendra le gaz du champ de Shah Deniz en Azerbaïdjan, qui alimentera principalement Edison et Enel. Pour cette raison, dit Mostefa Ouki, il est probable que s'il y a nouveaux accords entre Sonatrach et les deux compagnies pétrolières Edison et Total, ce sera certainement en quantités et en temps réduits par rapport au passé. Il est à noter enfin que les exportations de gaz du pays ont chuté en 2018, atteignant 51,4 milliards de mètres cubes (64 milliards en 2005), 74% par gazoduc et 26% par GNL. Les deux tiers des exportations ont atteint l'Espagne et l'Italie. Les estimations indiquent qu'environ 35 à 40% des revenus algériens des hydrocarbures, soit 40 milliards de dollars au total, proviennent du seul gaz.