Lâchés par les Américains, et leur appel à l'aide aux Européens qui ont condamné l'opération militaire turque étant resté sans réponse, les Kurdes dont le territoire qu'ils contrôlent dans le nord-est de la Syrie est progressivement occupé par l'armée d'Ankara et ses supplétifs syriens, se sont tournés vers le régime de Damas. Suite à quoi, les forces gouvernementales ont opéré leur déploiement dans le nord-est du pays et investi les villes jusque-là tenues par les combattants kurdes. C'était assurément la seule alternative qui restait aux Kurdes pour ne pas se voir totalement écrasés par le rouleau compresseur des forces turques réunies pour mener l'offensive en cours. Les autorités de Damas qui ont dénoncé l'intervention turque en territoire syrien et fait savoir qu'elles ne resteront pas les bras croisés devant cette violation de la souveraineté de leur pays ne pouvaient que répondre à l'appel des Kurdes syriens. Maintenant que l'armée arabe syrienne s'est déployée en zone sous contrôle kurde et que les Turcs veulent occuper, il peut paraître qu'il y a risque probable d'une confrontation directe entre armées syrienne et turque. Sauf que ni Damas ni Ankara ne veulent de cette confrontation et ont dû convenir d'un deal tenant compte de leurs intérêts réciproques et à l'acceptation duquel la diplomatie russe ne serait pas étrangère. Il est clair qu'Ankara n'aurait pas lancé son offensive si Erdogan n'avait pas eu la certitude que ses forces d'invasion ne courent pas le risque d'une confrontation avec les troupes de Damas et de son allié russe, et que Bachar El Assad n'auraient pas expédié les siennes sans le feu vert de Moscou. Dans ce qui se passe dans le nord-est de la Syrie, Ankara, Damas et Moscou sont en train d'atteindre l'objectif que chacun s'est fixé. Pour la Turquie, il en résultera la fin du contrôle par les Kurdes de la portion du territoire syrien frontalier avec leur pays. Damas quant à elle va reprendre le contrôle de ce territoire qui lui échappait tant que les Kurdes ont bénéficié du soutien et du parapluie militaire des Etats-Unis et des Européens. Moscou enfin engrangera le bénéfice d'avoir damé le pion dans la région à ses adversaires occidentaux. Il ne restera aux médias mainstream occidentaux qu'à faire entendre d'hypocrites lamentations sur cette redistribution de cartes qui ne prend pas le même chemin qu'ils ont voulu pour le conflit syrien dont ils ont contribué à masquer les véritables intentions qu'ont eu leurs gouvernements à le déclencher et à l'entretenir. Ils pleureront encore et encore sur le sort des « braves » Kurdes mais en passant par pertes et profits les centaines de milliers d'autres victimes de ce conflit que l'Occident n'a pas hésité à allumer pour entretenir l'illusion qu'il conserve l'hégémonique pouvoir d'imposer partout ses règles du jeu sur la scène mondiale.