Les Kurdes protestent contre le soutien supposé de la Russie à l'offensive turque La déclaration de Sergueï Lavrov intervient au lendemain du lancement par la Turquie d'une offensive militaire sur la ville d'Afrine, baptisée «Rameau d'olivier», dans le but de chasser une milice kurde implantée dans cette partie du nord de la Syrie... La Turquie ne fera «pas marche arrière» dans son offensive contre une milice kurde dans le nord de la Syrie, a assuré hier le président Recep Tayyip Erdogan, tout en soulignant que l'offensive avait été lancée «en accord» avec Moscou. «La question d'Afrine sera réglée, il n'y aura pas de marche arrière à Afrine. Nous en avons parlé avec nos amis russes, nous avons un accord», a martelé M. Erdogan lors d'un discours à Ankara. Dans le même temps, les factions des YPG ont accusé la Turquie de faire le jeu de Daesh en tentant d'éliminer les forces kurdes dans le nord de la Syrie. Or, la situation s'est quelque peu compliquée par le fait que Moscou a bel et bien transmis aux forces kurdes une invitation au Congrès de paix pour la Syrie, prévu le 30 janvier dans la station balnéaire russe de Sotchi. C'est d'ailleurs ce qu' a annoncé hier le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov qui a passé sous silence les réticences exprimées par la Turquie à ce sujet. «Il ne fait aucun doute que le rôle des Kurdes dans le processus ultérieur du règlement politique doit être garanti», a estimé devant la presse M. Lavrov. «C'est pourquoi des représentants kurdes ont été inclus dans la liste des Syriens invités au Congrès du dialogue national syrien» à Sotchi, a-t-il soutenu. On sait que ce Congrès dont l'ambition est de réunir des représentants du gouvernement syrien et de l'opposition dans le but de convenir d'une solution pacifique au conflit syrien, est organisé sous l'égide de la Russie et de l'Iran, alliés du régime de Damas, ainsi que de la Turquie, soutien des groupes rebelles autres que terroristes. La déclaration de Sergueï Lavrov intervient au lendemain du lancement par la Turquie d'une offensive militaire sur la ville d'Afrine, baptisée «Rameau d'olivier», dans le but de chasser une milice kurde implantée dans cette partie du nord de la Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG) considérées par Ankara comme une organisation terroriste, alors qu'elle est soutenue et armée par les Etats-Unis dans leur lutte contre le groupe autoproclamé Etat islamique (EI). Le ministre des AE russe Sergueï Lavrov a accusé à plusieurs reprises les Etats-Unis d'encourager le séparatisme kurde et c'est ce qu'il a encore répété hier en dénonçant leur projet d'entraîner une «force» composée entre autres de combattants kurdes pour demeurer à long terme dans le nord de la Syrie. «Soit les Américains ne comprennent pas la situation, soit il s'agit d'une provocation en toute connaissance de cause», a déclaré M. Lavrov, qui considère ce projet de la coalition internationale comme une «grossière ingérence dans les affaires intérieures» de la Syrie. Et pour cause, la coalition internationale conduite par Washington a annoncé dimanche dernier qu'elle entend implanter une Force armée frontalière de la Turquie, comprenant quelque 30.000 hommes, dont une bonne moitié seront des combattants kurdes syriens et l'autre des arabes, avec pour mission théorique d'empêcher la résurgence de Daesh dans la région. En fait, l'objectif des Etats-Unis est tout autre puisqu'il vise d'abord et surtout à contrarier les efforts du régime syrien pour reprendre le contrôle de la totalité de son territoire, et, par conséquent à disposer en permanence d'une faction qui permettrait de peser sur le processus politique dit de réconciliation nationale. Or, Washington ne pouvait ignorer que ce plan allait immanquablement provoquer la colère de son allié turc qui considère les FDS comme une extension syrienne du PKK qualifié depuis belle lurette de groupe terroriste par Ankara. Tout en essayant de calmer le gouvernement turc en affirmant que cette Force armée kurde ne serait rien d'autre qu'une «force locale de sécurité» et non une nouvelle armée dans la région, le Pentagone ouvre néanmoins une autre boite de Pandore de sorte que le Kremlin a réagi en affirmant «suivre avec la plus grande attention» les manoeuvres dans cette région d'Afrine au moment où l'armée régulière syrienne est engagée dans une vaste offensive pour la reprise de toute la région d'Idlib.