31 clubs sur l'ensemble des 32 des deux Ligues 1 et 2 professionnelles sont déficitaires. C'est l'annonce faite par la Fédération algérienne de football, se basant sur un premier rapport transmis par la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG), mise en place il y a un peu plus de deux semaines. Le président de cette structure, Réda Abdouche, a rendu compte du travail mené à ce jour par la DNCG, en dressant un premier bilan où il ressort, « qu'hormis un seul club, tous les autres relevant des Ligues 1 et 2 professionnelles sont déficitaires ». Selon des sources, le seul club qui échappe à cette remarque serait le PAC. Dans son plan d'actions et dans le cadre de son travail d'accompagnement, on vient d'apprendre que la DNCG compte programmer des réunions de prise de contact et de mise en place d'une méthodologie d'approche des dossiers et des problématiques à traiter auxquelles seront conviés les clubs prochainement. En parallèle, ce ne sera pas une mission aisée, comme l'a confirmé la FAF, qui a relevé que « la tâche évidemment ne sera pas facile pour cette structure ». Mais cela ne semble pas décourager le président de la DNCG pour atteindre les objectifs assignés dans le strict respect de la réglementation. La situation actuelle de notre football exige une mise à niveau avec ce qui se fait ailleurs dans le cadre du professionnalisme. Chez nous, tout est géré avec un esprit d'amateurisme. Il est temps de se soumettre aux exigences de la FIFA. Mais, avons-nous la culture et surtout la mentalité de passer d'un palier à un autre ? Nos clubs sont gérés par l'incompétence, la confusion, le bricolage et l'intérêt personnel et, surtout, par la rue. Or, l'Etat a également sa part de responsabilité, car il fallait demander des comptes et exiger le respect des critères pour permettre à nos clubs de faire partie du championnat de l'élite. Dans un premier temps, la DNCG se chargera d'accompagner les clubs et de s'assurer qu'ils remplissent toutes les conditions nécessaires pour faire partie du championnat professionnel. En outre, son principal objectif sera de s'assurer à ce qu'il y ait un équilibre financier au sein de tous les clubs pros, c'est-à-dire, entre leurs revenus et leurs dépenses pour ne pas crouler sous les dettes et les éventuels problèmes qui en résulteront. Pour y parvenir, l'Etat doit contribuer à la réussite de la DNCG pour mettre en place les mécanismes nécessaires afin de pouvoir changer les données, car nul n'est censé être au-dessus de la loi. Pour cela, des questions s'imposent d'elles-mêmes. Les textes régissant le football professionnel ont-ils été respectés ? Comment remédier à la mauvaise interprétation de la circulaire 1128 de la FIFA relative au règlement sur la procédure d'octroi de la licence aux clubs qui a abouti à la constitution en surnombre de sociétés commerciales? Comment faire face aux faibles revenus générés par les recettes de stade et les droits à l'image ? A titre d'exemple, comment va-t-on procéder avec l'USMA dont la dette est estimée à 400 milliards de centimes ? Plus de la moitié de ces dettes représente la dette fiscale, selon les bilans officiels du club présentés par le commissaire aux comptes, d'après un actionnaire au sein de la SSPA/USMA. Quelles seront les actions à entreprendre pour établir le fair-play financier, d'autant où tout le monde, entraîneur, journaliste, dirigeant, est devenu manager général, qui ne se soucie que de ses commissions, surtout que toutes les sociétés sportives commerciales reçoivent des subventions en provenance des fonds de wilaya, de l'APC et du MJS. Ce qui est strictement interdit par la loi. C'est pour vous dire que l'assainissement du football n'est pas du ressort seulement de la DNCG. Il va falloir préparer le terrain à cette structure en impliquant, par exemple, le ministère du Travail à travers ses structures compétentes (inspections du travail), à l'effet de contribuer à la mise en place d'un règlement intérieur fiable et uniforme pour le football professionnel et prendre des mesures à l'effet d'adapter et d'uniformiser la procédure comptable en y incorporant la notion de valeur incorporelle du joueur professionnel. Il y a lieu d'éviter de s'immiscer dans les affaires relevant des organes juridictionnels qui sont indépendants. Mettre en place une nouvelle approche pour répondre aux obligations du cahier des charges relatif à la professionnalisation de la pratique du football est la principale démarche pour permettre à la DNCG d'accompagner les clubs afin de les aider à monter une organisation et une gestion dignes des entreprises économiques. Ce qui facilitera le travail de contrôle à cette structure qui veillera également à l'application de la transparence dans la gestion financière et au fair-play financier, ce qui va obliger les clubs professionnels à se doter d'une organisation respectant les normes du management. En somme, nous devrons tous œuvrer pour un changement de mentalités afin d'inculquer une nouvelle culture qui sied avec le développement du football et non à l'intérêt personnel.