Durant quelque quatre mandatures, et plus loin encore, l'élection présidentielle en Algérie a toujours été ficelée, avant terme, au profit d'un candidat qui sortait du lot, grâce à l'appui de l'Armée notamment, mais le prochain rendez-vous du 12 décembre semble déroger à cette règle. L'incertitude totale de l'issue du vote, accentuée par l'absence de sondages d'opinion, offre à chacun des cinq candidats qui se présentent à cette élection présidentielle, et qui entament aujourd'hui leur campagne électorale, le droit de rêver d'être le prochain président de l'Algérie. Ils leur reste seulement de convaincre la masse des électeurs, chacun pour ce qui le concerne, qu'il est le meilleur. L'Armée dit n'avoir aucun candidat, des assurances ont été données concernant la fraude, qui a toujours hanté les récents rendez-vous électoraux, mais il y a lieu de se faire des inquiétudes à propos du climat dans lequel se déroule cette élection présidentielle. Présentée comme « particulière » par tous les observateurs, reconnue comme telle par les cinq candidats eux-mêmes, l'élection présidentielle du 12 décembre fait planer de nouvelles appréhensions qui n'ont donc rien à voir avec l'ancienne atmosphère pré-électorale du président connu à l'avance, de la fraude et du folklore électoraliste qui empreignait le rythme des campagnes électorales. Les cinq candidats descendent dans l'arène durant les trois prochaines semaines, non seulement avec l'esprit de convaincre les électeurs de leur accorder les faveurs du vote, mais aussi, et surtout, tenter de convaincre le « Hirak » d'adhérer à l'option de l'élection présidentielle comme issue salutaire de faire sortir le pays de l'impasse politique dans laquelle il se trouve embourbé depuis le mois d'avril 2018, rendez-vous initial et constitutionnel de l'élection présidentielle. Le défi est grand. Car, le « Hirak » a affiché, durant 39 vendredis consécutifs, une détermination, sans trop de failles, dans son rejet de l'élection présidentielle. Et c'est aux candidats de montrer justement durant ce parcours de 21 jours, qu'ils sont de taille à rassembler les Algériens autour de leur destin commun. Avant, donc, d'être entre les mains de l'un des cinq candidats qui sortira de l'urne le 12 décembre prochain, l'Algérie reste tributaire de la force de convaincre des cinq candidats à la présidentielle, autant qu'ils sont, durant cette campagne électorale. Un test grandeur nature attend les candidats qui présentent des programmes, à quelques variantes près, semblables, et qui tous semblent animés de volonté pour en découdre avec cette hostilité à l'élection présidentielle qui s'est ancrée dans l'esprit du « Hirak ». Les cinq candidats à l'élection présidentielle, Ali Benflis, Abdelkader Bengrina, Azzeddine Mihoubi, Abdelaziz Belaïd et Abdelmadjid Tebboune, qui ont entériné à la veille du lancement de la campagne électorale une charte de l'éthique élaborée par l'Autorité nationale indépendante pour les élections, sont bien avertis que la partie ne sera pas de toute aise et que la morale risque de ne pas faire partie du lexique de ceux qui les dénigrent en bloc. Mais rien n'est encore joué, ou gagné d'avance, pour un candidat ou un autre, une partie ou une autre. Le 12 décembre, les électeurs apposeront leur confirmation.