Les cinq candidats retenus par l'Autorité électorale devront mener une campagne électorale dans un climat hostile. Comment affronter les citoyens qui manifestent massivement aux quatre coins du pays contre l'élection présidentielle ? Bengrina et Belaïd affirment n'avoir aucune crainte. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - C'est une mission délicate qui attend les cinq candidats à l'élection présidentielle du 12 décembre prochain. Abdelmadjid Tebboune, Ali Benflis, Azzedine Mihoubi, Abdelaziz Belaïd et Abdelkader Bengrina devront mener une campagne électorale dans un climat hostile. Les Algériens, qui manifestent chaque vendredi depuis plus de huit mois, rejettent catégoriquement ces élections. Ce vendredi 1er novembre, une mobilisation massive dans les différentes wilayas du pays a eu lieu. Les manifestants s'opposent à la présidentielle, réclament le départ de toutes les figures du système et appellent à un changement radical. Les visites des ministres ont été chahutées. Les sorties des walis ont été perturbées par des citoyens résolus à arracher le départ du système. La mésaventure d'Ali Benflis avant-hier à Alger, lorsqu'il a été pris à partie par des jeunes, donne un avant-goût de ce que sera la campagne électorale. Les candidats vont-ils aller à la rencontre des citoyens à travers des sorties de proximité ? Vont-ils animer des meetings dans ces conditions ? La mission est délicate. Elle est même risquée. Dans toutes les wilayas, une forte mobilisation contre les élections est maintenue. Sur les réseaux sociaux, les candidats et l'élection sont rejetés et dénoncés comme étant une volonté de reproduire le système, surtout que les cinq candidats ont tous figuré dans les gouvernements du Président déchu, Abdelaziz Bouteflika. Ce climat fait peur aux candidats mais ne les dissuade pas. « Je vais faire ma campagne électorale le plus normalement du monde. Hier, j'ai animé un meeting à Cheraga (Alger) en présence de 5 000 à 6 000 personnes. Je le fais d'ailleurs depuis le mois de mai dernier dans différentes wilayas », affirme Abdelkader Bengrina que nous avons joint hier au téléphone. Notre interlocuteur souligne que son parti, El Binaa, « fait partie du Hirak ». « On est au sein du Hirak depuis son début mais il faut savoir que le Hirak des premiers mois n'est pas le Hirak d'aujourd'hui en matière de mobilisation», a-t-il affirmé, appelant l'Etat à laisser les citoyens manifester librement. Selon lui, des incidents peuvent survenir mais, a-t-il précisé, « cela n'est pas grave ». « Pour nous, tout Algérien a le droit d'exprimer ses convictions en toute liberté soit avec ou contre les élections. Ceux qui sont contre les élections et continuent de manifester sont nos partenaires dans la politique », a-t-il dit. Le candidat Abdelaziz Belaïd, président du Front El Moustakbel, compte aborder la campagne électorale sereinement. « Notre candidat va tenter de convaincre le peuple et surtout les jeunes d'aller voter. Comme il y a des gens qui sont contre les élections, il y en a d'autres qui sont favorables aux élections. Nous avons un programme d'urgence pour sortir de la crise. Nous allons animer des meetings dans différentes wilayas dont Alger, Sétif, Bordj-Bou-Arréridj, Bouira… », déclare son chargé de communication, Raouf Mammeri. Ce dernier souligne que, durant le mois passé, Abdelaziz Belaïd a fait une tournée dans le Sud, animant des meetings sans aucun incident. « Il a visité le Salon du livre dans de bonnes conditions. Nous n'avons aucune crainte », a-t-il affirmé. Notre interlocuteur précise que le candidat n'a pas assumé de responsabilités ces 20 dernières années. Nos tentatives de joindre les autres candidats, notamment Abdelmadjid Tebboune et Azzedine Mihoubi, pour connaître leurs avis, ont été vaines. K. A.