Au deuxième jour du procès des ex-dirigeants impliqués dans des affaires de corruption au tribunal de Sidi M'hamed, c'était au tour des hommes d'affaires ayant bénéficié d'avantages illégaux pour des investissements dans la construction automobile (le montage) de donner leur version des faits. Le patron du Groupe Ival, Mohamed Baïri, était sur la défensive face au juge. Accusé d'avoir bénéficié d'exonérations de droits et taxes douaniers pour ses projets entraînant un préjudice au Trésor public estimé à 727 millions DA, notamment pour la réalisation de son usine de montage de camions à Boumerdès, il répond fermement «non, monsieur le juge, je n'ai causé aucun préjudice au Trésor public, car je n'ai pas bénéficié d'exonération». Le juge lance à Mohamed Bairi, dès qu'il s'est présenté à la barre, «vous êtes à l'origine d'un manque à gagner de 12 milliards de dinars !». Il répond «non, monsieur le juge, c'est 12 milliards de centimes». Il déplore devant le juge «vous connaissez très bien notre pays, comment ça se passe, on est passé directement au montage de véhicules sans faire d'études ou consulter des experts, industriels et spécialistes dans la construction automobile». Interrogé sur une terre agricole qui lui a été accordée, une parcelle de grande qualité, située à Ouled Moussa, dans la wilaya de Boumerdès, transformée en foncier industriel, il répond qu'il a juste fait une demande pour avoir une assiette foncière pour la réalisation d'une usine. «Et c'est l'administration qui m'a octroyé ce terrain que je n'ai toujours pas exploité», dit-il en précisant «c'est l'administration qui est censée déterminer la parcelle de terrain, si elle est à vocation agricole ou industrielle, et ce n'est pas les opérateurs». Sur un ton un peu ferme, Mohamed Bairi lance devant le juge «si c'est interdit d'investir dans ce pays, il fallait nous le dire ». Il enchaîne «si je savais que l'investissement va me conduire en prison, j'aurais renoncé», dit-il. L'ex-wali, madame Nouria Yamina Zerhouni, a précisé devant le juge qu'elle s'est occupée de l'aspect juridique du terrain. Et de souligner que c'est son prédécesseur qui s'est occupé des procédures administratives. Elle a également souligné que tous les services ont donné leurs avis favorables. Sept décisions d'exonération au profit de Hassen Arbaoui en cinq ans Le juge a appelé également Hassen Arbaoui, PDG de Global Group. «Comment vous avez pu avoir 7 décisions d'exonération en cinq années ?». Tout en le confrontant avec les deux anciens ministres Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi. Ces deux ex-ministres ont affirmé que ces décisions ont été validées par la commission d'évaluation au niveau du ministère de l'Industrie et par le Conseil national de l'investissement qui octroie les décisions d'exonération tout en prenant en compte et la capacité de production annuelle et la dynamique du marché. Hassen Arbaoui lui dira qu'il a eu 7 décisions d'exonération en 5 ans «par rapport à mes investissements dans les Hauts Plateaux». Interrogé sur ses biens, une villa à Hydra, un terrain de 50 hectares à Batna et un terrain à Annaba, il répond qu'il a acheté sa villa à Hydra avec un prêt bancaire de 60 milliards de centimes. Et de souligner que le terrain de Batna lui a été accordé pour la réalisation de l'usine. Il a toutefois nié que le terrain d'Annaba lui appartient. «Ce n'est pas à moi», dit-il au juge. Le juge a également interrogé Ahmed Mazouz, PDG du groupe Mazouz, sur les indus avantages accordés par l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et l'ex-ministre de l'Industrie, Youcef Yousfi, dans le cadre de son projet de montage automobile. Notamment les autorisations exceptionnelles qui lui ont été accordées pour lancer son activité de montage automobile, avant la signature du cahier des charges. Et des exonérations des taxes douanières, avant la parution du décret autorisant de tels avantages. Le mis en cause a nié toutes les charges qui lui ont été reprochées. Financement de la campagne de Bouteflika, version de Ali Haddad ce samedi Interrogé sur le financement «occulte» de la campagne électorale du président déchu Bouteflika, il a affirmé qu'il avait donné 39 milliards de centimes à Haddad pour financer la campagne de Bouteflika. En précisant que l'argent collecté au profit de la campagne est de 75 milliards de centimes. La version d'Ali Haddad sera connue ce samedi sur le financement de la campagne de Bouteflika, avec la poursuite du procès. Il sera ainsi questionné sur les deux comptes bancaires de la campagne, sur sa contribution et sur le sort de cet argent. Rappelons-le, le juge a affirmé que l'argent collecté pour la campagne a été transféré vers un lieu inconnu ! Les deux ex-Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que les deux anciens ministres de l'Industrie Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda ont été appelés à la barre, devant les hommes d'affaires déjà cités. La plupart ont cité le nom de l'ex-ministre de l'Industrie, Abdeslam Bouchouareb, en fuite à l'étranger.