Dès son investiture officielle à l'issue de la cérémonie de prestation de serment, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a procédé ce jeudi à la nomination de Sabri Boukadoum au poste de Premier ministre « par intérim », en remplacement de Noureddine Bedoui dont la démission soumise au chef de l'Etat a été acceptée. Dans la foulée, le nouveau locataire d'El Mouradia a mis fin aux fonctions du ministre de l'Intérieur, Salah Eddine Dahmoune, seul ministre de l'équipe Bedoui à se faire écarter de ce gouvernement chargé de gérer les affaires courantes. M. Sabri Boukadoum a, en effet, pris ses fonctions de Premier ministre par intérim, avant-hier, au Palais du gouvernement à Alger, lors d'une cérémonie de passation de pouvoirs avec M. Noureddine Bedoui. M. Tebboune a ainsi chargé les membres de l'actuel gouvernement (exception faite au ministre de l'Intérieur) de poursuivre leurs missions de gestion des affaires courantes. Diplomate de carrière, Sabri Boukadoum est, rappelle-t-on, né le 1er septembre 1958 à Constantine. Il est diplômé de l'Ecole nationale d'administration (ENA), section diplomatie. Durant sa longue carrière au service de l'Etat, M. Boukadoum a occupé de hautes fonctions dont la dernière est celle de ministre des Affaires étrangères (avril 2019). Auparavant, il a occupé le poste de représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies (décembre 2013/mars 2019). Il a été élu le 13 juin 2016 président de la première Commission désarmement et sécurité internationale durant la 71e session de l'Assemblée générale des Nations unies. Il a dirigé également différentes directions générales au ministère des Affaires étrangères dont la direction Amériques de 2009 à 2013, la direction du protocole de 2001 à 2005 et celle des Affaires politiques entre 1993 et 1996. Plusieurs fois ambassadeur, Sabri Boukadoum a été, en effet, nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l'Algérie auprès de la République du Portugal (2005/2009) et auprès de la République de Côte d'Ivoire (1996/2001). Il a aussi occupé les fonctions de sous-directeur des Affaires politiques de l'ONU et du désarmement au ministère des Affaires étrangères (1992 /1993), conseiller à la mission permanente de l'Algérie auprès de l'ONU à New York (1988/1992) et premier secrétaire à l'ambassade d'Algérie en Hongrie (1987/1988). La nomination de Sabri Boukadoum à la tête du gouvernement intervient dans la foulée de la démission du Premier ministre, Noureddine Bedoui. Selon un communiqué de la Présidence, « le président de la République Abdelmadjid Tebboune a reçu ce jeudi 19 décembre au siège de la présidence de la République, le Premier ministre M. Noureddine Bedoui qui lui a présenté sa démission, qui a été acceptée ». Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a, par ailleurs, mis fin jeudi aux fonctions de Salah Eddine Dahmoune en sa qualité de ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, a indiqué le communiqué de la Présidence avant d'annoncer que le Président « a chargé Kamel Beldjoud, ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, d'assurer les missions de ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire par intérim», lit-on dans le communiqué. Même si jusqu'à présent aucune déclaration officielle n'est venue expliquer ce limogeage, pour beaucoup d'observateurs de la scène politique, en revanche, cette mise de fin de fonctions du désormais ex-ministre de l'Intérieur, Salah Eddine Dahmoune, n'est pas étrangère à ses déclarations polémiques le 3 décembre dernier. Dahmoune avait en effet qualifié les opposants à la présidentielle du 12 décembre de «traîtres, mercenaires, pervers et homosexuels» qui «véhiculent les idées restantes du colonialisme». Des déclarations qui, rappelons-le, avaient suscité une large vague d'indignation parmi beaucoup d'Algériens.