En ce temps hivernal où les températures ont sensiblement baissé, les gens trouvent refuge dans les nombreux cafés populaires du centre-ville de l'ancienne cité de Tébessa, protégée par une citadelle byzantine, érigée durant l'antiquité, une forteresse qui tient tête aux vicissitudes, gardienne d'un passé millénaire. Des cafés alignés, donnant sur la place de la Victoire, ex-Cours Carnot, un lieu significatif pour les citadins, tant il recèle beaucoup de souvenirs pour ses habitués. En y venant se ressourcer, les passants et visiteurs plongent un instant, dans l'histoire de leur ville, que le penseur Malek Bennabi aimait et s'y rendait chaque jour à la place Carnot pour se promener et rencontrer les gens. Des cafés aux senteurs de la nostalgie, d'une époque révolue, mais pour certains, le passé demeure présent, rien qu'à observer ces bâtisses encore debout, un vieux bâti en ruines, tels des clichés vivaces, des pans de l'histoire contemporaine de Tébessa, ou plus loin de l'antique Thevest ancré dans les mémoires. Des vestiges d'une richesse architecturale fine, de monuments archéologiques grandioses. Pendant ce temps-là, les cafés, eux ne désemplissent pas, un va-et-vient incessant à travers les rangs de tables, les gens se saluent, les odeurs ensorcelants du café chaud ou d'un thé à la menthe font enivrer les locataires de l'établissement Essaâda, bien encastré dans le décor pittoresque de la cité intra-muros. A défaut d'autres endroits de détente, chez nous le café populaire tient le rôle d'un espace public où les gens viennent chaque jour, pour se dire des choses, se prélasser sur les terrasses ou se raconter leurs histoires, se partager les nouvelles. Un café maure joue le relais, là où des relations se font, où des transactions se réalisent, un marché à bestiaux, de vente de voitures et d'immobiliers, des liens de mariage se tissent. On parle du bon vieux temps, quand tout était à portée de main, un passé glorieux pour les plus nostalgiques, parmi les moudjahidines, attablés sirotant leur café, discutant de leurs pensions et de la cherté de la vie. Quelques jeunes branchés à leurs portables, l'image d'une nouvelle époque, où certaines traditions périclitent, une génération de citoyens tout nouveaux, dans leur perception des choses, leur estimation des valeurs sociétales, leur vision de l'avenir, leurs pensées de ce que devrait être l'Algérie de demain. Dehors il fait froid, alors la chaleur de l'intérieur du café donne envie de rester le plus longtemps possible, bien accroché à son verre de gingembre car, dit-on, la boisson tonique fait du bien à son buveur, tant que l'air frais sévit encore dehors !!