La réunion extraordinaire que la Ligue arabe a tenue samedi dernier au Caire a confirmé, si besoin est, l'enlisement de ses pays membres dans des situations de dévoiement d'une question capitale de décolonisation. Tenue à la demande du président palestinien, Mahmoud Abbas, la réunion n'avait rien d'extraordinaire. Comme de tradition, elle s'est contentée de dénoncer et rejeter «la transaction du siècle», avec des paroles déjà exprimées à maintes reprises y compris quand les Palestiniens sont expropriés de leurs propres terres ou sont la proie d'un génocide. Le niveau de représentation des Etats-membres à cette réunion, - à commencer par celui de l'Algérie - montre déjà l'esprit de désengagement de leurs plus hautes autorités vis-à-vis de la question palestinienne. Désengagement qui éloigne tout espoir de voir la Ligue arabe empêcher l'entité sioniste de formaliser cette transaction du déni du droit de vivre du peuple palestinien. Pourtant, comme affirment des analystes politiques, la transaction ne concerne pas que les Palestiniens. Les administrations et lobbys américano-sionistes veulent solder cette cause et de là, hypothéquer jusqu'au droit d'existence libre et souverain de l'ensemble des peuples arabes et musulmans. Ce qui semble ne pas inquiéter outre mesure les souverains et chefs d'Etats arabes encore moins leur Ligue qui s'est contentée samedi dernier de prendre acte de «la transaction du siècle» présentée mardi dernier par le président américain. «Et cela est la (manière) la plus faible de la foi (Hadha adhaaf el Imane)», diraient les Musulmans. «On ne pourra pas parce qu'on n'a plus de leaders !», a lâché Abdelaziz Belkhadem en 2006, au lendemain de l'offensive armée menée par le Hezbollah contre l'armée israélienne, en réponse à une question sur la possibilité des Etats arabes de rééditer la guerre de 1973 contre Israël. L'imam de la grande mosquée d'Al-Azhar, Ahmed Al Tayeb, a pour sa part résumé avant la tenue de la réunion de samedi dernier, la situation dans laquelle évolue le monde arabe et musulman. «Nous n'avons plus d'identité (...) en tant qu'Arabes et musulmans. Nous ne sommes plus rien (...). Je me suis senti terriblement déshonoré quand j'ai vu (Donald) Trump avec (le Premier ministre) israélien (...), ce sont eux qui prévoient, discutent, décident et résolvent nos problèmes. Il n'y a aucun Arabe ou musulman». L'embargo éternel sur Ghaza Préparés dans des laboratoires étrangers, «les printemps arabes» ont été un moyen efficace pour détourner du conflit israélo-arabe ce monde dont parle l'imam, qui s'étale de Kaboul à Tanger. Le déclassement du problème palestinien d'une cause de décolonisation vers une autre humanitaire a été en même temps mené avec doigté par l'administration américaine dont le dédale est «habité» par les Juifs les plus sionistes. Ghaza est mise ainsi par Tel-Aviv sous un embargo éternel. Les bombardements et raids aériens israéliens continus contre les civils palestiniens et leurs habitations dans cette région damnée n'ont jamais fait bouger les consciences de la communauté internationale. D'ailleurs elle refuse de s'attarder sur les crimes israéliens contre l'humanité et soutient seulement les aides en médicaments et en couvertures au profit des rescapés de ce génocide des temps modernes. Donald Trump l'a clairement démontré en s'appuyant sur les plus durs d'entre ces sionistes pour élaborer un projet de «solution» qui efface la Palestine de la carte du monde. Il fut un temps où les pays qui ont constitué le front de fermeté ou du refus finançaient les mouvements révolutionnaires palestiniens et les équipaient en armement pour se battre contre l'entité sioniste. L'Algérie, la Syrie, l'Irak, la Libye et le Yémen ont réalisé à eux seuls des prouesses dans ce sens auxquelles tous les Etats arabes réunis n'ont jamais osé y penser. Aujourd'hui, seule l'Algérie se bat contre les nombreuses tentatives de déstabilisation qui lui sont fomentées ici et ailleurs par des officines animées par un esprit colonialiste morbide. Les quatre autres pays vivent au rythme des bombardements d'armées occidentales conventionnelles ou menés par procuration par d'autres non conventionnelles de mercenaires et de groupes terroristes. Ce sont malheureusement les quelques rares pays qui pensent que l'indépendance de la Palestine ne peut être réalisée que par la reprise de l'action armée par les fidaïyine. «A la guerre comme à la guerre» soutiennent certains de leurs hauts responsables qui affirment que l'humiliation la plus dure qu'Israël subit quotidiennement en Palestine occupée, est celui de tourner ses chars, ses gaz chimiques, son arsenal militaire sophistiqué vers des enfants palestiniens avec comme seul moyen de défense une pierre dans la main. L'Iran reste dans ce désordre géopolitique programmé le pays le moins vulnérable malgré les longues années d'embargo américain et les assassinats de ses meilleurs scientifiques et de ses dirigeants militaires et politiques. Acquittement de Trump par le Congrès ? L'assassinat le mois dernier de son stratège en opérations armées au Moyen-Orient, entre autres contre la colonisation américaine de l'Irak, le général Qassam Souleimani, près de l'aéroport de Baghdad, s'il a amputé l'armée iranienne de l'un de ses plus brillants éléments, il a rapproché les Iraniens de leurs autorités politiques et religieuses après les escarmouches qui les ont opposées en raison de la complication des problèmes économiques et sociaux. Les Iraniens ont juré vengeance et quelques jours après, ils ont lancé des missiles à partir de leur pays, qui ont pu atteindre deux bases militaires américaines en Irak. Au regard des vidéos qui circulent sur la toile faisant état de nombreux dégâts humains et matériels au niveau des troupes américaines, il semble que les deux pays se sont entendus pour affirmer que l'attaque iranienne n'a pas fait de morts américains. Les Etats-Unis restent aussi évasifs sur le crash, il y a quelques jours, d'un avion américain en Afghanistan transportant l'un des membres de la CIA qui a programmé l'assassinat de Souleimani en Irak. Les nombreuses manifestations des milliers d'Irakiens pour faire sortir les Américains de leur pays s'ajoutent aux multiples affronts que les Etats-Unis ne cessent d'essuyer pratiquement à travers toute la planète. En parallèle, il serait en principe vain de penser que le Congrès pourrait aller jusqu'à prononcer l'empeachment contre Donald Trump comme voulu par les Démocrates pour cause d'un «Ukraingate» version revue et corrigée au rabais de l'affaire du Watergate qui a elle aussi poussé à l'ouverture par le Congrès d'un procès de destitution contre Richard Nixon élu président des Etats-Unis en 1973. A ne pas confondre entre les deux personnages, Trump et Nixon, ou comparer entre eux en raison d'un cursus et d'un quotient intellectuel qui ont fait de Nixon un homme d'Etat et l'ont poussé à démissionner en 1974 et de Trump un homme d'affaires après avoir été de divertissements télévisuels. Son acquittement par le Congrès, après le forcing des Républicains pour sa destitution, devrait intervenir dans les jours à venir.