Le grand ami d'Israël est mis en garde par le gouvernement iranien qui l'a interpellé sur l'accord irano-américain sur le nucléaire. La victoire inattendue de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine a fait l'effet d'un séisme dans le monde islamique. Les propos tenus par le désormais président américain concernant les musulmans ont de quoi inquiéter. Plus que cela, son amitié assumée avec l'Etat hébreu est de nature à compliquer la situation de la cause palestinienne, principal litige pour le milliard de musulmans que compte la planète. Aussi, l'élection de Trump a fait réagir les principaux acteurs de la région moyen-orientale. Le mouvement islamiste palestinien Hamas, présent à Ghaza, ne se fait pas d'illusion. Il dit s'attendre à la perpétuation du statu quo. «Le peuple palestinien ne compte pas beaucoup sur un changement de politique de la part de la Présidence américaine, la politique américaine sur la question palestinienne ayant été constamment caractérisée par le parti pris», a déclaré Sami Abou Zouhri, porte-parole du mouvement. Moins radicale, la Présidence palestinienne a fait montre de sens diplomatique. «Nous sommes prêts à travailler avec le président élu sur la base d'une solution à deux Etats afin d'établir un Etat palestinien sur les frontières de 1967», a souligné le porte-parole de la présidence de l'Autorité, dans une réaction à chaud. Le voeu de l'Autorité présidée par Mahmoud Abbas a très peu de chances de se matérialiser, eu égard aux rapports privilégiés qu'entretient Trump avec Israël, dont les responsables étaient, hier, euphoriques. Même acquise à leur cause, Hillary Clinton est très loin derrière le nouveau président US dans l'échelle de la préférence israélienne. La victoire de Trump est ce qui pouvait arriver de mieux pour l'Etat sioniste. «Le président élu est un véritable ami de l'Etat d'Israël et je suis impatient de travailler avec lui en faveur de la sécurité, la stabilité et la paix dans notre région», a dit le Premier ministre israélien, dans un communiqué. La grande satisfaction de Netanyahu est explicitée par son ministre de l'Education, Naftali Bennett, également chef de file du lobby colon. «La victoire de Trump offre à Israël la chance de renoncer immédiatement à l'idée de création d'un Etat palestinien», a-t-il affirmé dans un communiqué. C'est dire que les perspectives sont noires pour la question palestinienne, et partant pour le processus de paix au Moyen-Orient. Le grand ami d'Israël est mis en garde par le gouvernement iranien qui l'a interpellé sur l'accord irano-américain sur le nucléaire. Emboîtant le pas au président Hassan Rohani, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a souligné que «tout président des Etats-Unis doit comprendre les réalités du monde d'aujourd'hui. Le plus important est que le futur président des Etats-Unis respecte les accords, les engagements pris non pas à un niveau bilatéral, mais à un niveau multilatéral». Mais, au vu de l'animosité d'Israël envers l'Iran, il n'existe aucune garantie pour que le nouveau locataire de la Maison-Blanche ne revienne sur cet accord, d'autant que le processus de sa mise en oeuvre est toujours en cours. Le plus grand allié musulman des USA et d'Israël dans la région, la Turquie, dit espérer par la voix de son Premier ministre Binali Yildirim voir l'«alliance avec les Etats-Unis (..) se poursuivre et que notre partenariat et nos relations vont se développer». Aucune allusion au discours islamophobe de Trump, mais une demande express au nouveau président américain de livrer à la Turquie «le plus rapidement possible» le prédicateur Fethullah Gülen, accusé d'avoir ourdi le putsch manqué en juillet et qui vit en exil aux Etats-Unis. Ankara sacrifie donc tous les principes de solidarité islamique et avec la cause palestinienne pour parvenir à ses fins. Une position qui ne déplairait pas au nouvel homme fort des Etats-Unis qui saura en faire bon usage. L'Egypte de son côté, affaiblie par la crise politico-économique, souhaite simplement que «la présidence de Donald Trump apportera un nouveau souffle aux relations égypto-américaines», souligne un communiqué du président Sissi. En froid avec l'administration Obama depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi, en 2013, Le Caire nourrit beaucoup d'espoir de voir le pragmatisme revendiqué par Trump durant sa campagne électorale, se concrétiser pour ce qui le concerne. Le pays arabe, victime de la politique guerrière des Etats-Unis et actuellement engagé dans une bataille féroce pour la reprise de sa deuxième ville des mains de Daesh, l'Irak dit attendre «un soutien continu (...) des Etats-Unis (dans) sa lutte contre le terrorisme qui ne menace pas seulement notre pays mais aussi le monde entier», a dit le président irakien Abadi, dans un communiqué. L'Irak a véritablement du souci à se faire dans le cas où Trump met ses promesses électorales à exécution.