La grève du personnel navigant commercial (PNC) de la compagnie aérienne nationale Air Algérie, déclenchée lundi sans préavis, s'est poursuivie, hier, conduisant à l'annulation de 40% des vols programmés durant la journée de mardi, selon le porte-parole de la compagnie, Amine Andaloussi. Un taux identique a été enregistré au premier jour de la grève, avec l'annulation de 13 vols programmés dont 10 sur des lignes internationales (les vols annulés concernent les liaisons vers Paris, Marseille, Bruxelles et l'Egypte) et 3 sur des lignes internes, indique la même source. Amine Andaloussi a précisé qu'une «cellule de crise a été mise en place pour le suivi de la grève et la gestion des vols avec la reprogrammation de ceux annulés en recourant à des avions de plus grande capacité pour transporter un maximum de passagers». Le porte-parole de la compagnie a confirmé la suspension lundi, à titre conservatoire, des 62 grévistes du PNC. Un «huissier de justice a confirmé lundi la vacance de 62 postes de travail suite à cette grève», a-t-il indiqué, ajoutant que «les procédures légales prévues en la matière» seront appliquées aux grévistes. M.Andaloussi a en outre annoncé que le tribunal de Dar El Beida à Alger a ordonné hier mardi l'arrêt immédiat de la grève, tout en sommant les grévistes de cesser d'entraver l'activité de l'entreprise. Lundi, un communiqué d'Air Algérie avait qualifié la grève des PNC d'«illégale», précisant que la compagnie ne «pouvait pas tolérer le déclenchement d'arrêt de travail sur simple SMS, sans avoir le respect préalable des procédures réglementaires et légales régissant le droit de grève». Rappelant qu'elle assurait une mission de service publique, Air Algérie assimile cette «façon de faire» à une «prise en otage des usagers». Cette grève, initiée par le SNPNCA (Syndicat National du Personnel Navigant Commercial Algérien), a engendré, selon la compagnie, de «grandes perturbations ainsi que l'annulation de plusieurs vols». Les revendications de ce syndicat concernent principalement les salaires, selon la même source. Depuis 2017, la Direction des ressources humaines d'Air Algérie a entamé des négociations avec l'ensemble des partenaires sociaux (dont le SNPNCA) pour une démarche globale qui tient compte de la situation financière de l'entreprise, rappelle le communiqué. Cité par l'APS, le président du Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNCA), Boucetta Farid, a déclaré que «le syndicat a informé l'administration de la décision d'un débrayage de trois heures (lundi) dans le cadre d'un mouvement de protestation», qualifiant «d'arbitraires» les mesures prises par la direction de la compagnie. Selon M. Boucetta, la direction «a procédé à l'annulation de la relation de travail avec 20 employés, ce qui a aggravé la situation». «Ces mesures ont induit le rajout de la revendication de réintégration des employés licenciés alors que la demande initiale était l'amélioration de la situation sociale», a-t-il expliqué. Le président du SNPNCA a également précisé que «les revendications des PNC ne sont pas d'ordre matériel, mais d'ordre social pour l'amélioration des conditions de travail et la gestion des ressources humaines et des équipements». Il a fait état d'un volume horaire de travail non conforme aux standards internationaux et d'un manque des conditions adéquates sur le lieu du travail. Même scénario à l'aéroport d'Es-Senia Des vols annulés ou retardés, c'est ce que les voyageurs pouvaient lire sur le tableau d'affichage dans le hall de l'aéroport d'Es-Senia, à Oran, au national et à l'international. Air Algérie a même dû affréter des avions auprès d'autres compagnies. Les voyageurs qui ont fait le déplacement jusqu'à l'aéroport pour un embarquement à leur destination étaient à l'affût de toute information de dernière minute annonçant une annulation de vol. Du côté de l'international, des perturbations sont enregistrées pour le vol à destination de Toulouse. Programmé à 9h30 du matin, il a été retardé jusqu'à 14h30 du fait, nous dira un agent d'accueil, que l'avion qui devait assurer cette desserte, devait venir d'Alger mais à cause de la grève, Air Algérie a dû recourir au plan B pour ne pas annuler ce vol et le programmer en affrètement. Du côté du national, la situation était plus corsée pour les voyageurs car les vols en provenance et à destination d'Alger étaient annulés. Ceux à destination d'In Imenas et Hassi Messaoud ont été affrétés. Les voyageurs qui avaient des billets à destination d'Alger ont subi avec beaucoup d'amertume ce chamboulement de dernière minute. Une femme venue de Tlemcen avec son fils pour prendre le vol vers Alger et embarquer dans la nuit de mardi pour Dubai a vu tout son programme de voyage perturbé. Etant donné que les vols à destination d'Alger ont été annulés, ces deux voyageurs se sont retrouvés pris en otage à l'aéroport et une solution d'urgence s'imposait à eux. «Nous avons fait le déplacement depuis la wilaya de Tlemcen en espérant embarquer dans la nuit vers Dubai en passant par Oran, hélas, arrivés à Oran, le mouvement de grève a perturbé le programme de vol. On ne sait plus quoi faire maintenant. En plus pour le remboursement de nos billets si notre voyage est annulé, il faut aller jusqu'à Alger le jour même», nous a déclaré avec colère cette voyageuse. Une situation très embarrassante pour cette femme et son fils. Celle-ci n'arrêtait pas d'appeler son mari pour lui trouver une solution, celle de faire le voyage jusqu'à Alger par route. Une décision pas facile à prendre, mais il n'y avait pas d'autre choix. Pour cette dame, «les perturbations à répétition d'Air Algérie ne font que discréditer cette compagnie aérienne et donner l'occasion à ses concurrents de mieux exploiter ce marché». Pour d'autres voyageurs, avertis la veille, le déplacement à l'aéroport était inutile. Ils ont préféré prendre leur mal en patience.