Encore sous le choc de la décision prise en fin de semaine dernière par les autorités saoudiennes de «suspendre temporairement» l'entrée à ses territoires des fidèles musulmans voulant accomplir la omra, les agences de voyages sont toujours dans l'expectative d'un éventuel dénouement. Principale question en jeu : qui supportera les frais engagés si toutefois la crise persiste au-delà des délais raisonnables ? Rencontrés hier en marge du dernier jour du Salon international du tourisme, des voyages et des transports, qui s'est tenu du 26 au 29 février au Centre des conventions d'Oran, les voyagistes semblent pour l'instant garder espoir d'un rétablissement de la situation, même si on n'exclut pas le scénario d'une crise plus longue qui induira forcément des pertes financières. Se posera, dès lors, la question du remboursement des frais engagés par les candidats à la omra, par les voyagistes ou par les partenaires prestataires de services. «Pour l'instant, l'espoir de voir la situation se rétablir est toujours permis. La question des remboursements n'est pour l'heure pas posée. On a encore une marge de manœuvre, disons d'une semaine à dix jours. Au-delà, la question des remboursements se posera d'elle même, et à ce moment-là il faudra qu'aucune partie ne soit exclusivement lésée», nous confie M. Belkacem Smaïl de l'«Agence Bentalha de tourisme et des voyages». A ce propos, notre interlocuteur interpelle l'Office national du hadj et de la omra pour penser dès à présent à «un dispositif à même de limiter les pertes, le cas échéant, en les faisant supporter de manière solidaire par l'ensemble des parties.» En effet, «certains frais, comme les frais de visas (plus de 40.000 dinars), ont déjà été versés pour une prestation déjà accomplie. Difficile donc de réclamer un remboursement pour un service déjà rendu», affirme pour sa part M. Benabadji Noureddine, directeur régional de l'Agence Ifriqia. «Dans ce cas, qui doit supporter la perte de ces frais ? Est-ce l'agence de voyages ou le client final», s'est-il demandé. «A moins que la durée de validité de ces visas ne soit étendue par les autorités saoudiennes, comme le laissent présager certains bruits qui circulent actuellement. Là on peut, en effet, envisager de maintenir nos programmes et respecter nos engagements auprès de nos clients», a-t-il, par ailleurs, estimé. «Mais pour l'heure, rien de concret, d'où l'urgence pour les pouvoirs publics algériens, en coordination avec leurs homologues saoudiens, de prévoir ces aspects et de nous les communiquer de manière officielle», a-t-il enfin préconisé. Réagissant, hier, à la décision des autorités saoudiennes à suspendre, à titre préventif, l'entrée sur leur territoire des fidèles voulant accomplir la omra à cause du coronavirus, le ministre des Affaires religieuses, Youcef Belmehdi, a tout d'abord estimé qu'il s'agit d'une mesure «préventive» et «provisoire» qui a été bien accueillie par l'ensemble des pays, car, a-t-il dit, elle répond à un impératif, celui de protéger la santé des pèlerins et des citoyens saoudiens. C'est aussi, a-t-il dit, une mesure qui s'inscrit dans le cadre des efforts sanitaires internationaux dans la lutte contre la propagation de ce virus. M. Belmehdi justifie sa position en se référant au verset 196, sourate 02 : «Et accomplissez pour Allah le pèlerinage et l'umra. Si vous en êtes empêchés, alors faites un sacrifice qui vous soit facile », pour signifier que l'impératif de préserver la santé des fidèles passe avant celui du rite. De son côté, l'ambassadeur du royaume de l'Arabie saoudite à Alger, M. Abdelaziz Alamirini, a tenu à souligner dans un tweet, hier, le «caractère provisoire» de la décision de suspension des entrées dans le territoire pour les pèlerins, et ce, a-t-il dit, dans le cadre de la lutte internationale contre le coronavirus. Une décision, a-t-il expliqué, qui vise à protéger les citoyens saoudiens, les résidents et les pèlerins contre ce virus. Pour rappel, l'Arabie saoudite a annoncé mercredi dernier avoir pris plusieurs mesures de précaution temporaires face à l'épidémie du nouveau coronavirus, dont la suspension de l'entrée des fidèles musulmans voulant accomplir la omra. Ces mesures comprennent la suspension de toute visite à la mosquée du Prophète à Médine et des visas touristiques pour les ressortissants des pays où l'épidémie a été confirmée, a précisé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué relayé par l'agence officielle SPA. Le ministère a ajouté que les autorités sanitaires suivaient les développements liés à la propagation du coronavirus et avaient pris des mesures de précaution concernant les voyages à destination et en provenance du royaume.