Afin d'éviter toute épidémie du coronavirus sur son territoire, l'Arabie saoudite décide d'interdire temporairement aux étrangers d'entrer dans le pays pour des visites religieuses. Suite à cette mesure, la compagnie aérienne nationale Air Algérie a annoncé, jeudi, la suspension de ses vols vers les Lieux saints en raison de cette épidémie. Les quelque 140 agences de voyages qui activent dans le tourisme religieux, agréées par l'Office national du pèlerinage et de la omra (Onpo), devront ainsi subir de plein fouet les conséquences de la mesure prise par le royaume saoudien. Ces agents sont censés signer avec leurs clients des contrats de voyage qui définissent les engagements des deux parties. Ce cas de force majeure (épidémie) n'est apparemment pas prévu dans ce document. Sur la base de cette obligation réglementaire, les gérants de ces agences devront en principe rembourser le coût du transport aérien de leur clientèle, indique Nadjah Boudjelloua, secrétaire général de la Fédération nationale des associations des agences de tourisme et de voyage (Fnat). Par la suite, poursuit le porte-parole de cette organisation, l'agent devra prendre contact avec son partenaire prestataire en Arabie saoudite, qu'il a déjà payé, pour se faire rembourser en matière d'hébergement et de visites programmées durant la omra, afin de pouvoir dédommager à son tour ses clients. "L'opérateur doit expliquer et convaincre son client qu'il n'a pas de date précise pour le voyage", affirme M. Boudjelloua. Car, la reprise des vols d'Air Algérie vers les Lieux saints de l'islam reste tributaire de la décision des Saoudiens de rouvrir leurs frontières aux pèlerins. Or, le ministère des Affaires étrangères saoudien a déclaré que les suspensions étaient temporaires, mais n'a pas dit quand elles prendraient fin. Ils sont quelque 400 à 450 000 Algériens à effectuer chaque année le voyage vers l'Arabie saoudite pour la omra, pris en charge par une centaine d'agences. À cela, il y a lieu d'ajouter un millier d'agents en réseau de distribution. Ce sont en tout plus de 1 500 agences qui activent pour la omra dont une centaine seulement est agréée par l'Onpo. Par ailleurs, un plan de rapatriement des pèlerins algériens sera assuré par la compagnie nationale afin de préserver leur santé. Deux vols à vide ont déjà décollé jeudi, d'Oran et de Constantine, pour permettre l'évacuation des Algériens sur place. Reste à savoir si le hadj, qui doit commencer fin juillet prochain, sera touché par cette décision ? Une chose est certaine, l'épidémie fait planer le doute sur le déroulement du hadj. Les désastres enregistrés pendant les hadjs précédents prouvent que le royaume n'a pas la capacité de faire face à une épidémie de masse pendant le (grand) pèlerinage d'autant plus qu'il compte attirer 2,7 millions de hadjis pour 2020. L'Arabie saoudite a déclaré cette semaine que 400 000 visas de tourisme avaient été délivrés depuis octobre dernier. Ce sont autant de milliers de personnes qui devront désormais abandonner ou reporter leurs projets. "Ces procédures sont temporaires, et sont assujetties à l'évaluation continue des autorités compétentes", a souligné le ministère des AE. Le pays a également interdit aux visiteurs de se rendre dans les pays où le nouveau coronavirus s'est propagé. Les touristes non religieux en provenance de pays où des infections au coronavirus ont été signalées se verront également refuser l'entrée sur le territoire, ont déclaré les responsables, mais sans préciser quels pays. L'Arabie saoudite, faut-il le rappeler, n'a pas encore de cas confirmé de la maladie.