Evoquant les risques de pandémie mondiale de grippe A/H1N1, les autorités tunisiennes ont recommandé, vendredi, aux candidats au hadj qui devraient se rendre fin novembre à la Mecque, de reporter leur pèlerinage. Les médias du Golfe ont rapporté, fin septembre, qu'une pandémie de la grippe porcine est à l'origine du report de la rentrée scolaire dans certains pays de la péninsule arabique, tels que le Yémen, le Qatar, l'Arabie saoudite et autres où le H1N1 a déjà causé la mort de pas moins 70 personnes. Cette année, le Hadj rassemblera deux millions de fidèles et ce, en pleine saison hivernale. En Algérie, le débat social sur le hadj 2009 porte sur les inquiétudes des futurs hadjis et leurs parents. En effet, les 36.000 futurs hadjis et les quelque 120.000 candidats pour la Omra restent dans l'expectative. De même pour les agences de voyage qui s'interrogent sur le sort de leurs réservations. Les citoyens approchés réclament l'intervention des ulémas du Conseil du culte pour trancher cette question. «Il faut que les instances religieuses et scientifiques s'accordent sur une solution pour trancher cette question», déclare un sexagénaire. Le ministère tunisien des Affaires religieuses justifie cette «recommandation», dans un communiqué diffusé par l'agence officielle TAP, par les résultats auxquels ont abouti le ministère tunisien de la Santé publique et la commission nationale du pèlerinage. «La préservation de la vie humaine étant l'un des objectifs majeurs de l'Islam, la condition d'aptitude à l'accomplissement de ce rite devient inexigible face à la gravité de la situation», selon le communiqué. Début septembre, les autorités tunisiennes avaient suspendu le petit pèlerinage de la Mecque (la Omra), qui peut se faire tout au long de l'année mais est surtout effectué pendant le Ramadhan. Elles avaient aussi opéré une sélection des candidats, limitant notamment l'âge des pèlerins à 65 ans. L'avis des médecins Les médecins affirment, de leur part, que la promiscuité est un facteur important de propagation du virus A (H1N1) alors que le ministère de la Santé et celui des Affaires religieuses se rejettent la balle. Lors de sa dernière visite, effectuée le 28 juin dernier, à Oran, le ministre de la Santé, Saïd Barkat, conscient de la gravité de la situation en Arabie saoudite, a estimé qu'il revient «à l'ensemble des pays musulmans de prendre la bonne décision et que, si demain, ces derniers décident d'annuler le pèlerinage 2009, l'Algérie ne peut en aucun cas faire abstraction». Du fait, le ministre interpelle les ulémas de se prononcer sur la question. Le chargé de la communication du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs avait déclaré, avant-hier, au quotidien «L'Expression»: «le ministère ne peut prononcer aucune décision d'annulation du hadj tant que le ministère de la Santé n'a pas donné le feu vert». Contacté par téléphone, le Directeur des affaires religieuses et des Wakfs de la wilaya d'Oran a déclaré, de son côté, que «jusqu'à ce jour, il n'y a pas eu de débat parmi les ulémas et/ou les représentants du culte et que la tutelle n'a pas encore émis les mesures ou les orientations à prendre». Le suspense est donc entretenu. L'avis du médecin approché, un professeur du CHU d'Oran, a affirmé que «le mélange et la promiscuité du hadj, comme le veut le rituel, sont des facteurs considérables pour la propagation rapide du virus de la grippe porcine». Et d'ajouter: «il appartient désormais à l'Etat de prendre la décision idoine». Notre interlocuteur fera également un parallèle avec la suspension de la Omra par la Tunisie: «le cas de la Tunisie est très évocateur. En effet, la décision de la suspension du petit pèlerinage (Omra) est scientifiquement et religieusement fondée. Je crois que l'Islam est une science, une vie et une religion». Dans ce contexte, l'Egypte et la Jordanie seraient sur le point de prendre la même décision, relève-t-on. Quant aux autorités sanitaires saoudiennes, elles ont déjà pris leurs devants en stockant d'importantes quantités de Tamiflu pour prendre en charge les éventuels malades. Des quantités équivalent à 10% de la population estimée à 25 millions d'âmes, selon les officiels saoudiens. 29 cas déclarés en Arabie saoudite. Ces derniers ont également estimé que le plan mis en œuvre par les autorités de son pays en matière de prise en charge des hadjis ou de tous les pèlerins a montré toute son efficacité et qu'aucune épidémie n'a été enregistrée jusqu'à maintenant. Les mêmes responsables ont précisé que les autorités de Riad œuvrent, en collaboration avec les experts de l'OMS et d'autres organisations internationales, pour mettre en place une stratégie pour faire face au «fléau». Des quantités importantes de vaccins ont été également importées pour parer à une éventuelle pandémie. Les voyagistes perplexes De leur côté, les propriétaires des agences de voyage ont déclaré que l'éventuelle annulation El hadj sera considérablement préjudiciable pour leur commerce qui fait ces plus importants chiffres d'affaires en cette période. A cet effet, le syndicat des voyagistes a déclaré : «les réservations pour El hadj sont déjà faites. On est arrivé à un point de non retour». Un autre voyagiste a aussi noté que «si l'annulation aura lieu, le manque à gagner et les pertes se chiffreront à des dizaines de milliards pour toutes les agences de voyage du territoire national». In fine, les citoyens interpellent les autorités afin d'avoir des précisions sur le sort d'El hadj de cette saison.