Le Pnud reconnaît que l'Algérie consacre dans sa Constitution et dans la loi sur la nationalité l'égalité entre les femmes et les hommes mais en conserve des lacunes par l'application de la chariaa en matière d'héritage et de polygamie. Nommée le 4 octobre 2019 en qualité de représentante résidente en Algérie du Pnud (Programme des Nations Unies pour le Développement), Madame Blerta Aliko a rencontré hier des représentants de la presse pour faire le point sur les avancées de l'Algérie mais aussi sur ses retards dans la consécration et surtout l'application des lois dans le domaine des droits humains des femmes et l'égalité entre les sexes. Sa référence première est la déclaration et le programme d'action de Beijing (Pékin) (+25) ratifiés en 1995. «La plate-forme de Beijing reste toujours d'actualité», soutient-elle. Son autre baromètre «la réalisation des objectifs du millénaire contenus dans l'agenda 2030 (ODD)». Elle affirme que ces droits sont certes consacrés par des lois en Algérie mais ne sont pas forcément appliqués. Elle se réfère à la Constitution (article 31 et 32) et la loi sur la nationalité pour affirmer leur consécration mais rappelle que «la chariaa impose la polygamie et rétrécie le droit des femmes à l'héritage». Elle assure qu'«on va travailler avec le gouvernement pour améliorer les politiques publiques et les textes réglementaires permettant l'application des lois consacrant les droits des femmes », a-t-elle dit. En outre, avance-t-elle, «l'Algérie a ratifié en 96 la convention sur la lutte contre les discriminations mais avec des réserves sur l'article 19 du statut personnel». Elle indique que «nous avons des discussions avec le ministère des Affaires étrangères et celui des Affaires sociales à ce sujet et nous avons constaté que l'Algérie a fait d'énormes progrès qui assurent l'égalité des sexes contre la violence». Elle fait savoir qu'une déclaration politique sur le statut des femmes sera faite lors de la conférence mondiale qui se tiendra ce lundi (9 mars) à New York. Conférence sur les droits des femmes rurales en mars Blerta Aliko reconnaît que l'Algérie (en tant que pays facilitateur) a négocié avec tous les pays du monde pour redynamiser l'action de Beijing à cet effet. Le gouvernement algérien organise pour sa part les 28 et 29 mars prochain une conférence sur les droits des femmes rurales en conformité avec l'agenda 2030 sous l'égide d'un partenariat entre le ministère de la Solidarité, celui de l'Agriculture et le Pnud. «Toutes les agences des Nations Unies vont participer à cette conférence», dit-elle. Mais avant, une réunion technique débattra demain lundi du sujet notamment dans son volet «protection de la femme et de ses activités en milieu rural». L'institution onusienne note par sa représentante résidente que «l'Algérie est classée première en Afrique en terme de niveau des indicateurs des droits humains». Mais bémol, «elle doit faire des efforts pour l'atomisation économique de la femme, on doit travailler avec le CNES sur le sujet», dit-elle. Pour elle, «il ne peut y avoir de réalisation des ODD sans un appui soutenu de l'atomisation économique et sociale de la femme dans les lois et sur le terrain». Au plan de la participation de la femme dans le domaine politique, l'Algérie est, dit-elle, «une référence parce que cette participation est très élevée et atteint 28% au parlement». Blerta Aliko met en avant un «nouvel indice dans le développement humain qui précise comment les femmes et les hommes perçoivent les droits des femmes». Elle affirme qu'«on a une génération moins tolérante en la matière par rapport à celle de nos parents». Dans 74 pays «80% ont au moins un préjugé par rapport à ces droits (femmes en affaires, en politique...), 40% des 2 sexes pensent que les hommes chefs d'entreprise sont meilleurs que les femmes, 50% des deux pensent que les hommes sont meilleurs en politique, 1 sur 4 des électeurs sont des femmes, c'est loin d'être acquis», indique-t-elle. Le Pnud travaille par ailleurs sur la réinsertion sociale des femmes et des jeunes détenus. «En partenariat avec le ministère de la Justice, nous travaillons sur ce dossier avec 60 associations de la société civile sur la base du respect d'un cahier des charges qui détermine droits et obligations de chaque partenaire», nous apprend-elle. Lutte contre la corruption «un processus très compliqué» «Nous avons un grand appui des services publics en matière de psychosocial, d'acquisition de logement, de formation professionnelle, on a un accès totalement direct aux établissements pénitentiaires, c'est un accès unique dans la région, on n'a jamais vu cette ouverture ailleurs», affirme-t-elle. Blerta Alika a aussi abordé la lutte contre la corruption en notant que «c'est le premier projet que j'ai signé en Algérie». Elle souligne que «le Pnud appuie tous les pays pour élaborer une stratégie pour cette lutte». L'Algérie est à la phase de rédaction de ce texte et prévoit, selon elle, d'organiser des ateliers sur le sujet dans les universités et au niveau de la société civile. Elle qualifie la stratégie de lutte contre la corruption de «processus très compliqué mais très important, on est en train de mobiliser la meilleure expertise qu'on a pour la rédiger en partenariat avec les affaires étrangères et en étroite collaboration avec l'organe national, nous comptons la terminer à la fin décembre». Elle affirme néanmoins que «son exécution va prendre beaucoup de temps». Aussi parce qu'elle ne conçoit pas que «l'organe national qui en a la charge est sous tutelle de la présidence de la République, c'est très compliqué pour lui d'agir au plan politique». Capdel, ce programme de proximité ne sera pas du reste. «Nous suivons 8 plans communaux de développement (PCD) avec une participation très active de la société civile et des élus locaux», indique-t-elle. Autres dossiers de partenariat entre l'Algérie et le Pnud, des programmes sur trois conventions, changement climatique, biodiversité et lutte contre la désertification. «L'Algérie est en train de mettre au point toutes les richesses de son patrimoine pour assurer leur protection», fait-elle savoir. Elle estime cependant qu' «on a beaucoup à faire pour faire connaître ces richesse dans le monde». Par ailleurs, la gestion des déchets est qualifiée par ses soins de «gestion très préoccupante pour l'Algérie, nous avons un partenariat avec Constantine(...).» Le Pnud appuie en outre l'Algérie «à préserver ses zones humides, ces écosystèmes très fragiles et à assurer leur développement socio-économique par une action innovante qui est la mise en place d'un circuit touristique qui permettra aux populations rurales de développer des activités économiques».