L'Agence nationale du sang (ANS) sonne l'alerte à propos d'un début de pénurie de poches de sang en raison d'un net recul des dons provoqué par la pandémie de Covid-19 et des mesures de confinement mises en place depuis quelques jours, ainsi que des craintes de contamination chez les donneurs traditionnels et occasionnels. Une situation vraiment préoccupante qui met en danger les malades dans le besoin de ce liquide biologique vital, notamment les personnes atteintes d'une maladie de sang, d'un cancer (surtout la leucémie) ou en situation d'hémorragie (victimes d'accidents et d'accouchements compliqués) et les patients qui souffrent de troubles de la coagulation ou d'un déficit immunitaire grave. Il faut relever que le recul extrême des dons de sang n'est pas seulement enregistré en Algérie, mais également vécu à travers tous les pays, à cause des mêmes effets de la pandémie de Covid-19. L'appel au don de sang est, donc, répercuté sur un plan mondial, puisque les pays viennent l'un après l'autre alerter l'opinion et appeler à la mobilisation pour sauver la vie des malades en réanimation, notamment, qui ont un besoin urgent, immédiat, d'une transfusion sanguine. Ces appels seront-ils entendus par les populations ciblées, dont la tranche d'âge se situe entre 18 et 65 ans, et répondre aux besoins exprimés par les hôpitaux, qui peuvent atteindre les 600.000 poches par an, selon des statistiques relevées en 2018 ? C'est ce qu'on pourrait espérer de mieux. Malheureusement, de nombreux facteurs ne plaident pas en faveur d'une reprise régulière des dons de sang, dont le discours et les positions officielles, poussant au confinement des populations, le réflexe naturel de repli individuel sur soi par mesure de précaution et la peur persistante, voire grandissante, d'une contamination au Covid-19. La tâche de sensibilisation des donneurs doit se poursuivre sans relâche, comme le préconise l'ANS, mais cela ne pourrait suffire sans une baisse de la psychose collective nourrie face à cette pandémie du Covid-19. Le déconfinement serait également salutaire pour une reprise des dons de sang. Hélas, l'ambiance générale semble plutôt propice au renforcement des mesures de confinement, de plus en plus strictes. Comment alors espérer un retour à la normale des dons de sang ? Sans parler de ces corps, les services de sécurité et les sapeurs-pompiers notamment, donneurs traditionnels de sang, et qui se trouvent engagés sur le front de la lutte contre la propagation du coronavirus. Ainsi que les mosquées, fermées, où la collecte était également assez importante. Tous les indices indiquent que les réserves de poches de sang, qui ont une durée de conservation limitée (les globules rouges se conservent au maximum 42 jours et les plaquettes 7 jours) vont encore se réduire dangereusement. Et puis, il y a aussi cette autre face, dont on ne parle pas et qui doit être mise en lumière, en l'occurrence le risque viral des malades transfusés. Des biologistes chinois rapportent dans la revue Emerging Infectious Diseases' avoir détecté la présence de l'acide ribonucléique messager (ARN) du SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la maladie Covid-19, dans des échantillons de plasma issus de dons de sang provenant de donneurs asymptomatiques et d'autres sur lesquels les symptômes du Covid-19 sont apparus plus tard, soit après avoir effectué des dons de sang. Cela rappelle le scandale des années 80, plus connu sous le nom de « l'affaire du sang contaminé », lorsque des milliers de patients ont été infectés au VIH (sida) lors de transfusion sanguine à partir de donneurs sidéens. Cela devrait donner à réfléchir quand on ne sait pas encore tout de ce nouveau coronavirus.