La reconduction des mesures de confinement qui touchent l'ensemble du territoire national était prévisible car la pandémie est loin d'être jugulée, aussi bien en Algérie qu'à travers tous les pays touchés, particulièrement en Europe et aux USA. Les habitants de la wilaya de Blida espéraient, toutefois, un allègement de ces mesures, par l'instauration d'un confinement partiel. La nouvelle a été diversement accueillie avant-hier, en milieu d'après-midi, par les habitants de cette wilaya et les lectures qui en ont été faites sont différentes. Pourtant, grâce au sacrifice du personnel de santé, de tous les corps concernés et au soutien indéfectible de l'Etat dans la gestion de cette calamité qui a pris naissance à Blida et qui continue à y sévir, les choses commencent à se stabiliser et, aussi bien le nombre de cas de contamination que celui des décès, va en decrescendo. Il faut relever aussi que le confinement, en pratique, est semblable à celui d'Alger et des neuf autres wilayas dans le même cas, c'est-à-dire appliqué de 15h à 7h le lendemain, mais à la différence que les citoyens demeurant dans la wilaya de Blida n'ont pas le droit de se rendre dans une autre région. Les habitants de la wilaya de Blida espéraient voir un allègement suite à ces paramètres encourageants mais ils voient le ciel de leur wilaya s'obscurcir de nouveau et beaucoup craignent une nouvelle vague de contaminations. C'est à travers les réseaux sociaux que les première impressions, concernant la reconduction, ont commencé à paraître, la plupart se disant non surpris par la mesure car la situation n'est pas encore maîtrisée, ce qui est vrai. Certains se demandent comment et où passer les soirées de Ramadhan qui s'annoncent « sans goût », d'autres regrettent les Taraouihs et affirment que « un Ramadhan sans Taraouihs est comme amputé d'une partie de son esprit ». Des habitants reprochent aussi à leurs concitoyens de n'avoir pas respecté les mesures de confinement en s'agglutinant devant les boutiques, devant les sièges des associations caritatives ou devant les bureaux de poste, participant ainsi à la propagation du virus et retardant son éradication. «Pourquoi ce deux poids, deux mesures ?» Nous avons aussi essayé de recueillir les impressions et avis de certains habitants de la wilaya de Blida, après la décision de reconduction des mesures de confinement total. Mohamed, architecte, estime : « il faut se conformer aux mesures prises par les pouvoirs publics qui ont pris cette décision suite aux recommandations des spécialistes en la matière. Le confinement, même s'il est difficile, est pour le moment l'unique moyen d'empêcher une propagation dangereuse et incontrôlable de cette pandémie qui nous a touchés dans nos corps et dans notre économie ». Sid Ahmed, marchand de vêtements, déclare quant à lui : « Je suis sans travail et sans ressources depuis plus d'un mois, le magasin dans lequel je travaille est fermé, la marchandise que j'ai achetée pour plus de 50 millions de centimes est en souffrance chez le grossiste car je ne peux pas sortir de la wilaya et je n'ai pas les 5 millions que je lui dois toujours, je n'ai même pas de quoi payer le transporteur. Je suis d'accord pour dire que le confinement est obligatoire et surtout pour nous éviter d'attraper cette maladie mortelle, mais je pense qu'un certain assouplissement est nécessaire aussi car, même pour l'aide de 10.000 DA décidée par le président, il faut avoir des connaissances ou être ami avec ceux qui nous représentent pour peut-être en bénéficier ». Ammi Said, retraité, soupire et affirme : « Tout le monde a compris la nécessité de ce confinement mais ils sont trop nombreux à ne pas s'y conformer. Regardez ces familles entières qui sortent chaque soir pour se rendre dans les forêts, dans une promiscuité aussi dangereuse qu'inconsciente, juste pour prendre l'air ou oublier le confinement. Il faudrait respecter les directives des spécialistes, ils savent mieux que nous ce qu'il faut faire et ce qu'il faut éviter ». Azzedine, la trentaine, taxieur clandestin: « Je ne peux plus bouger avec mon véhicule, de temps en temps juste pour m'aider, des amis me demandent de les transporter de la ville vers leurs demeures, sinon, je risque de mourir de faim, ma famille et moi. Je ne peux pas aller quémander à la mairie pour les 10.000 DA car on nous méprise, il y a bousculade et grand risque d'être contaminé, ensuite, pourquoi seulement les habitants de la wilaya de Blida qui ne peuvent quitter le territoire de leur commune, nous ne sommes pas des pestiférés et si vous prenez Alger, il y a aussi presqu'autant de cas et de décès qu'à Blida, alors, pourquoi ce deux poids, deux mesures ? » nous a-t-il répondu, plein d'amertume dans les yeux et dans la voix. Eviter les mauvaises interprétations Ce sont là quelques impressions recueillies, çà et là, auprès de citoyens qui nous ont livré le fond de leurs pensées, leurs impressions et leurs souffrances. Pour revenir aux précisions du Premier ministre concernant l'application des mesures de confinement de certains commerces et activités, pourquoi n'y a-t-il pas une liste qui préciserait qu'elles sont les activités commerciales et de services exemptées de ces mesures ? Il est en effet précisé au début de la note du Premier ministre que ne sont concernés par la fermeture que « les activités accueillant le public et à forte concentration de personnes, ainsi que celles pouvant être des vecteurs de transmissions du virus ». Il y a ainsi de nombreux commerces, comme l'habillement, qui n'ont pas été autorisés à ouvrir alors qu'ils accueillent beaucoup moins de personnes qu'une épicerie ou qu'un vendeur de téléphones portables. Enfin, et afin d'éviter les mauvaises interprétations, les mesures prises par le gouvernement pourraient être explicitées et détaillées avant d'être transmises pour exécution.