Accès à l'extérieur restreint, rues silencieuses, mosquées et cafétérias fermées, c'est un Ramadhan morose qui se déroule cette année dans des conditions particulières à cause de l'épidémie de coronavirus. Les réunions familiales et déplacements nocturnes sont interdits aux familles pour éviter la propagation du coronavirus et ce, jusqu'au 29 mai au plus tôt. Pour la majorité des habitants de Tlemcen confinés de 17h à 7h, ce Ramadhan ennuyeux est à oublier car il n'a plus la même ferveur et ambiance que les précédents. Le ras-le-bol se fait sentir dans tous les foyers. « Quand on n'arrive plus à sortir après l'Iftar, inviter nos proches qui habitent pourtant le même quartier ou aller prendre de l'air frais dans ces soirées quasi estivales du printemps, c'est vraiment dégoûtant ! Malgré que nos tables sont bien garnies avec de la soupe, bourak, pizza, salades, fruits, jus, mais la joie n'est pas au rendez-vous. Ce n'est plus comme avant où il y avait cette saveur de Ramadhan et où les gens sortaient pour les balades nocturnes et le lèche-vitrine en ville ou pour se dégourdir les jambes sur le plateau de Lalla Setti », se lamente Nawel, employée de la Cnas, mère de famille, qui voit le confinement se profiler avec encore beaucoup d'interrogations. « On en a marre de rester chez soi ! On ne sait pas où l'on va ! Déjà on vient encore de nous annoncer que le confinement sera total pendant les jours de l'Aïd. Même cette fête sera gâchée pour cause de Covid-19 ! Mais que voulez-vous faire, la santé passe avant tout. Le confinement sanitaire a été pris dans l'intérêt des citoyens, ça c'est sûr ! ». A cause de cette pandémie, le parfum des gâteaux de l'Aïd El Fitr et l'odeur de cuisson des makrout, kaâk, ghroubiya, baklawa, griouch, oreillette et samsa qui s'exhalaient la fin de Ramadhan des maisons n'embaument plus les derbs et cités de Tlemcen. « Le confinement nous empêche de s'entraider entre voisines ou entre familles pour préparer les gâteaux à la maison comme on le faisait avant où on sortait pour emporter les plateaux de kaâk aux ferranes du coin », explique Samira, 63 ans, qui habite au centre-ville de Tlemcen. Les magasins de prêt-à-porter, fermés à cause du Covid-19, ne sont plus pris d'assaut. « Les rues sont désertes ! Tout est fermé ! Même pendant la journée, on n'arrive pas à trouver les articles nécessaires à nos enfants parce que les magasins de vêtements sont tous fermés. Le coronavirus a gâché la joie de nos petits mais que voulez-vous qu'on fasse ! Tout ce que l'on espère c'est de renouer avec la vie après cet Aïd El Fitr, inchallah ! », indique Larbi, un père de famille de R'hiba.