«257 médicaments, fabriqués localement ou importés, sont en rupture ou sous tension», selon le Syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO). Et la situation «risque de s'aggraver», ajoute la même source, en raison de récentes mesures et changement de tutelle de la filière médicament désormais dépendante du ministère de l'Industrie pharmaceutique. «Nous ignorons le sort des programmes d'importation signés fin août par le ministère de la Santé», affirme Messaoud Belambri, président du SNAPO. Selon notre interlocuteur, ces programmes qui concernent «pas moins de 130 programmes de médicaments et dispositifs médicaux» sont «annulés de fait, suite à la promulgation de l'ordonnance 20-02 du 30 août 2020, portant transfert des attributions concernant les importations du ministère de la Santé vers le ministère de l'Industrie pharmaceutique». L'autre crainte du SNAPO est liée à l'«Attestation de régulation» exigée récemment par l'ABEF (Association des banques et établissements financiers) aux importateurs. En effet, dans une directive du président de l'ABEF, datée du 24 septembre 2020, les PDG des banques et établissements financiers sont appelés à «exiger des établissements pharmaceutiques et opérateurs économiques du secteur de la pharmacie, de fournir, dans leur dossier de pré-domiciliation bancaire de leurs opérations d'importation de produits pharmaceutiques et de dispositifs médicaux, une 'Attestation de régulation'' délivrée par les services du ministère de l'Industrie pharmaceutique». La PCH et l'Institut Pasteur sont-ils concernés par cette «Attestation de régulation» ? Si c'est le cas, il faudra s'attendre à davantage de problèmes d'approvisionnement de médicaments et autres dispositifs médicaux. Dans le domaine des médicaments psychotropes, la «situation risque aussi d'être très tendue», note également le SNAPO, qui s'attend à une «rupture plus grave et jamais vécue». Selon la même source, «à partir du 05 novembre, il y aura un sérieux problème quant à la disponibilité et à la dispensation des médicaments psychotropes, car le décret 19-379 entré en vigueur et aucune disposition n'a été prise en matière de prescription de ces produits et la prise en charge des malades par les médecins (secteur public et privé), ni par les structures de soins». En l'absence «d'ordonnances à souches», comme l'exige ledit décret, les pharmaciens d'officine «ne pourront servir aucun médicament psychotrope», ajoute M. Belambri. «La PCH a pris des mesures urgentes» Par ailleurs, selon le ministère de la Santé, la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) «a pris des mesures urgentes pour acquérir les médicaments destinés au traitement du cancer pédiatrique en pénurie ces derniers jours». Une dépêche de l'APS, citant la directrice de pharmacie et des équipements médicaux au ministère de la Santé, Wahiba Hadjoudj, fait état de la réception jeudi dernier d'un «don constitué d'une quantité de médicaments, en pénurie ces derniers jours, pour le traitement du cancer pédiatrique». Il s'agit d'un «premier lot», en attendant un «deuxième (qui) sera reçu» au cours de cette semaine. Le Pr Hadjoudj a également précisé «qu'il ne s'agissait pas de «grandes pénuries», mais de simples perturbations d'approvisionnement de certains établissements hospitaliers et le problème a été résolu grâce à la coopération de ses établissements qui se sont partagés les quantités disponibles». «Pas de perturbations» pour d'autres médicaments La même responsable au ministère de la Santé a nié «toute perturbation» concernant les «médicaments destinés au traitement d'autres maladies», ajoutant «qu'aucune pénurie dans la matière première de fabrication des médicaments n'a été enregistrée en dépit de la crise sanitaire que connaît le monde». «Les autorités publiques avaient installé un couloir vert depuis le début de la pandémie pour faciliter l'acquisition de médicaments et leur exonération des taxes et droits de douane. Des facilités ont également été accordées à la PCH pour lui permettre de conclure des marchés de gré à gré dans le but d'assurer les médicaments aux citoyens», a-t-elle ajouté.