L'accessibilité aux médicaments n'est pas liée au nombre ni à la répartition des pharmacies, mais directement à leur disponibilité proprement dite. L'instruction ministérielle portant création d'officines publiques au sein des établissements hospitaliers (CHU), qui seront gérées par la PCH, a suscité de vives réactions chez les professionnels, en l'occurrence le Syndicat national des pharmaciens d'officines (Snapo) et le conseil de l'Ordre national des pharmaciens. Ils estiment que l'accessibilité aux médicaments n'est pas liée au nombre ni à la répartition des pharmacies, mais directement à la disponibilité proprement dite du médicament et à la gestion des pénuries et des stocks à tous les niveaux de la chaîne. «Le tissu pharmaceutique en Algérie est l'un des plus denses au monde avec plus de 8200 officines, un peu moins de 1000 pharmacies Endimed et environ 50 pharmacies CNAS, et ce, sans compter les pharmacies mutualistes», relève M. Belambri, le président du Snapo, qui rappelle que cette instruction portant création de pharmacies dans les hôpitaux a provoqué une énorme inquiétude chez les pharmaciens d'officine qui «ont été très nombreux à prendre attache avec leurs bureaux de wilaya et le bureau national pour réagir. La colère est grande au sein de la profession car se dessine derrière cette note une menace de bafouer encore le numerus clausus, de créer une concurrence déloyale avec une incidence négative directe sur l'économie de l'officine déjà très précaire, fragilisée par une marge bénéficiaire trop faible et des pénuries qui perdurent et perturbent le fonctionnement des pharmacies». Le Snapo saisira, a ajouté M. Belambri, en urgence le ministre de la Santé pour l'annulation de cette note. Il a souligné que les pharmaciens d'officine se sont montrés disposés à prendre en charge tous les problèmes posés, y compris ceux relatifs à la garde ou la commercialisation des médicaments anticancéreux et les produits de la réserve hospitalière nécessaires en post-opératoire ou en soins ambulatoires, ainsi que les sérums et vaccins. «Ces produits pharmaceutiques peuvent parfaitement être pris en charge dans le cadre du tiers payant et du système Chifa qui sont maintenant élargis à toutes les catégories sociales. Le Snapo et les pharmaciens d'officine ne baisseront pas les bras face à cette situation et useront de toutes leurs forces pour défendre leur profession», a-t-il ajouté. De son côté, le président du conseil de l'Ordre des pharmaciens, M. Benbahmed, a précisé que les hôpitaux disposent déjà de pharmacies hospitalières et que des officines sont implantées tout autour des hôpitaux. «En plus, Les malades sont pris en charge dans le cadre du tiers payant avec la carte Chifa. Créer une pharmacie à l'intérieur de l'hôpital ne va pas régler le problème d'accessibilité aux médicaments», a-t-il souligné. Et de déclarer que cela peut par contre poser un problème de déontologie lié à la responsabilité pharmaceutique. «Comment la PCH va-t-elle procéder pour ce qui est du vignettage puisqu'elle livre des produits sans vignette ?» s'interroge t-il. Il estime qu'il serait plus judicieux de développer la pharmacie hospitalière et d'en faire un vrai service, avec une responsabilité claire. Et de rappeler que la PCH est un établissement à caractère économique et industriel : «Cette instruction va la détourner de sa vocation et cela ajoutera de la confusion aux malades, à la pharmacie hospitalière et à la traçabilité pharmaceutique. La PCH a déjà du mal à faire face à l'ensemble de la nomenclature hospitalière», a-t-il relevé.