Les deux anciennes ministres de l'Industrie, et de la Poste et des Télécommunications, Djamila Tamazirt et Houda-Imane Feraoun, ont été placées avant-hier sous mandat de dépôt par le juge d'instruction près le Tribunal de Sidi M'hamed, à l'issue de leurs auditions respectives par le dit tribunal dans deux affaires distinctes portant sur des faits de corruption. Dans l'attente de leur procès qui s'ouvrira après le transfert de leurs dossiers respectifs à la Cour suprême, les deux anciennes ministres ont été incarcérées à la prison de Koléa. L'ancienne ministre de l'Industrie et des Mines Djamila Tamazirt (2018-2020) et l'ancienne ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication Houda-Imane Faraoun (2015-2020) avaient été, rappelle-t-on, convoquées et entendues, début janvier dernier, par la police judiciaire relevant de la Section de recherche de la Gendarmerie nationale de Bab Jdid (Alger) pour des soupçons de corruption. L'ancienne ministre de l'Industrie Djamila Tamazirt est ainsi poursuivie dans le cadre d'un dossier portant sur des faits liés au groupe public agroalimentaire Agrodiv alors que sur l'ex-ministre de la Poste et des Télécommunications Houda Feraoun pèsent des soupçons d'implication dans l'affaire dite des frères Kouninef et le contrat Mobilink. Longuement entendues par les gendarmes dans le cadre d'une enquête préliminaire déclenchée par le parquet d'Alger, les deux mises en cause avaient fait, depuis, l'objet d'une décision d'interdiction de sortie du territoire national (ISTN). Selon des sources proches du dossier, citées par plusieurs médias nationaux, la justice reprocherait à l'ancienne ministre de l'Industrie, Djamila Tamazirt, « la cession opaque » de minoteries, à l'époque où elle occupait le poste de P-DG du groupe agroalimentaire public Agrodiv. Des cessions qui, selon des chiffres rapportés par les mêmes sources, auraient généré un manque à gagner pour l'Etat de « près de 450 milliards de centimes ». S'agissant de l'ancienne ministre des PTIC, Houda-Imane Faraoun, également poursuivie de faits de corruption, la justice lui reprocherait « d'avoir indûment agi pour défendre un contentieux lié à un marché octroyé aux frères Kouninef et d'avoir pesé de toute son autorité pour que l'entreprise Mobilink, détenue par les Kouninef, aille jusqu'au bout du marché avec Algérie Télécom pour l'installation des cabines téléphoniques Horia' ». Lors de la procédure d'investigation, les enquêteurs auraient ainsi passé au crible les modalités d'octroi dudit marché, notamment les clauses du contrat qui avait lié Algérie Télécom aux Kouninef. Une démarche qui aurait permis de relever des « irrégularités dans les procédures d'octroi dudit marché » et « l'intervention de la ministre pour blanchir les Kouninef ». En langage juridique, cela peut se traduire par le « mauvais usage de la fonction » et « l'octroi d'indus avantages » aux frères Kouninef accusés d'avoir porté préjudice à Algérie Télécom.