Le juge d'instruction près du pôle spécialisé du tribunal de Sidi-M'hamed a décidé de placer Houda Feraoun en liberté provisoire après l'avoir inculpée pour des faits liés à sa fonction de ministre des Télécommunications, apprend-on de sources proches du dossier. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - L'ancienne ministre a été entendue en début de semaine au niveau de la nouvelle structure mise en place au tribunal de Sidi-M'hamed après l'annulation de la juridiction de privilège dont jouissaient jusqu'à août dernier les ministres et hauts responsables de l'Etat. C'est d'ailleurs à ce niveau, la Cour suprême, que Houda Feraoun avait été convoquée et auditionnée à deux reprises au cours des mois précédents. La suppression de ce privilège a, comme on le sait, entraîné un transfert de tous les dossiers des anciens ministres poursuivis dans des affaires de corruption vers le nouveau pôle spécialisé de Sidi-M'hamed. Houda Feraoun fait, elle, partie de la longue liste des ex-responsables qui défilent actuellement devant cette juridiction. Selon les informations dont nous disposons, elle a d'ailleurs été auditionnée quelques jours seulement après le passage de l'ancien ministre des Travaux publics, Abdelkader Ouali, devant un juge d'instruction qui a décidé de le placer sous mandat de dépôt et de l'incarcérer à la prison de Koléa. Les raisons pour lesquelles l'ancienne ministre des Télécommunications a été inculpée et placée en liberté provisoire ne sont pas encore connues. À plusieurs reprises, des informations non démenties ont fait état d'une enquête la concernant dans le cadre de dossiers liés à des projets qu'elle aurait octroyés de manière irrégulière. Son nom a été également cité de manière officielle dans un rapport clôturant l'enquête ayant ciblé les frères Kouninef. Son nom s'est ainsi trouvé lié à l'affaire Mobilink. Les enquêteurs ont ainsi relevé de grosses anomalies dans l'application des clauses qui concernent la convention de raccordement des cabines téléphoniques Horia au réseau Algérie Télécom. Les conclusions de cette enquête ont révélé que la manière dont a été mené ce projet a causé de grands torts à AT qui a été ainsi contrainte de verser 2 813 377 54 268 DA à Mobilink. Les irrégularités constatées sont qualifiées d'irrégularités ayant conduit à un crime économique. Il faut également savoir que les investigations ont fait ressortir l'existence de deux lettres qui sont adressées au ministère des TIC pour dénoncer les pratiques frauduleuses. Elles ont été adressées à Houda Feraoun, mais sont restées sans suite, notent encore les enquêteurs. Ce n'est pas tout. Au cours des investigations menées, plusieurs cadres et responsables travaillant sous les ordres de Houda Feraoun ont été auditionnés et fait aussi état de pressions exercées par la ministre des Télécommunications durant la passation du contrat en faveur de Mobilink. Ce qu'il faut enfin savoir est que cette dernière fait partie d'une longue liste d'anciens ministres et hauts responsables également cités dans l'affaire des frères Kouninef. Ils sont quatorze en tout à être concernés par ce dossier qui a été dissocié, doit-on le rappeler, du dossier principal jugé en septembre dernier. Le procès en appel se déroulera d'ailleurs demain, 2 décembre, à la cour d'Alger. Les frères Kouninef seront jugés en seconde instance au moment où une grande partie des noms cités dans le second volet défilent devant le pôle spécialisé de Sidi-M'hamed. A. C.