Dans une tribune parue le 10 avril dans Le Journal du Dimanche', neuf députés de l'Assemblée nationale française, appellent le Président Emmanuel Macron, de lever le tabou des essais nucléaires «menées au Sahara, dans les années 1960» en publiant «les données et les cartes des zones» des déchets résultant de ces essais nucléaires. «(...) Vous avez pris différentes initiatives, dont la dernière en date du 9 mars demandant à faciliter l'accès aux Archives classifiées relatives à la guerre d'Algérie pour favoriser le respect de la vérité historique. Vous avez désormais l'occasion d'impulser une action concrète en faveur des populations civiles et de l'environnement qui continuent d'être affectés par des déchets nucléaires enfouis par la France, dans les sables du Sahara; il vous faut la saisir», lit-on dans le texte adressé à M. Macron. Le document rappelle que les essais nucléaires menés dans le Sahara algérien ont «laissé une empreinte radioactive indélébile». «Courant février, le ciel d'une large partie de la France a arboré une teinte orangée créant une atmosphère particulière. Le sable du Sahara, porté par les vents, est à l'origine de ce phénomène. Selon les analyses de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, ce sable avait des teneurs en Césium-137 (élément radioactif) supérieures à la moyenne, mais sans danger pour l'être humain», ajoute le document. «Dix-sept explosions nucléaires entre 1960 et 1966, atmosphériques et souterraines, ont été réalisées à Reggane et In-Ekker, pour tester la bombe atomique française. En 2021, les connaissances sur ces essais, sur les accidents (Béryl, Améthyste, Rubis, Jade) et leurs conséquences sont nombreuses. Mais il manque toujours des informations clés, concernant les déchets (nucléaires ou non) pour la plupart enfouis, volontairement, dans les sables, pour assurer la sécurité sanitaire des populations résidant dans ces zones, protéger les générations futures et prendre les mesures nécessaires et appropriées, en vue de la remise en état de l'environnement», affirment les signataires. Ils rappellent les différentes démarches menées depuis plus de deux décennies, par d'autres parlementaires, pour faire publier les «données précises» sur ses essais. «Plusieurs d'entre nous ont ainsi souhaité disposer d'informations supplémentaires pour comprendre la réalité de cette pollution. Nos questions écrites et orales adressées à la ministre des Armées et à la ministre de la Transition écologique ont fait l'objet de réponses qui démontrent une même volonté de conserver une certaine opacité sur ce sujet», affirment encore les neuf députés. Pour libérer les données sur les essais nucléaires dans le Sahara algérien, les signataires demandent la modification de la législation qui interdit la publication de ces informations. «Pour obtenir un début d'information objective sur ce sujet et engager la résolution de cette crise sanitaire et environnementale, il vous appartient, M. le Président, avec le gouvernement, de faire sauter le verrou législatif en déposant un projet de loi qui viendrait modifier l'article 17 de la loi du 15 juillet 2018, relative aux archives». Si une telle démarche est adoptée, elle serait, dans le sillage de l'initiative «du 9 mars demandant à faciliter l'accès aux Archives classifiées», «un gage de votre bonne volonté vis-à-vis des autorités algériennes qui considèrent, à juste titre, cette question comme prioritaire. En levant ce tabou, la France sortirait grandie et vous pourriez mettre les actes en cohérence avec les intentions, dans une nécessaire transparence», affirment les signataires de la tribune. Les neuf députés signataires de cette tribune sont issus de plusieurs Groupes parlementaires (constitués de plusieurs partis politiques) représentés à l'Assemblée nationale française dont deux issus de la Polynésie française où des centaines d'essais nucléaires ont été réalisés en moins de trois décennies.