La « main tendue » du Roi du Maroc, qui a lancé dans un discours prononcé le samedi 31 juillet à l'occasion du 22ème anniversaire de son accession au Trône, une invitation « sincère » aux frères en Algérie, pour œuvrer de concert et sans conditions à l'établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage, n'en finit, une bonne dizaine de jours après, de faire les choux gras de la presse. Qu'a-t-elle de si particulier cette «main tendue » pour canaliser aujourd'hui les commentaires plus que tout autre temps ? Le Roi Mohamed VI n'a eu de cesse, depuis 2008, de clamer haut et fort cette idée et de la réaffirmer à maintes reprises et en diverses occasions, particulièrement le plaidoyer pour la réouverture des frontières entre les deux pays, comme il le rappelle, lui-même, dans le même discours, consacré dans ses deux tiers à l'Algérie, sans faire autant de bruit médiatique que ce qu'on entend et voit en 2021. Par le passé, les us diplomatiques exigés par différentes occasions ou dates symboles pour les deux pays ont toujours donné lieu à des échanges mielleux entre le Roi du Maroc et les présidents algériens qui se sont succédé au poste, même si la réalité est tout autre. Même si d'un côté et de l'autre, certains avis auraient souhaité qu'on se dise toute la vérité sans la draper dans le voile diplomatique, on continuait à se congratuler sans qu'une partie ou une autre ne tente d'imposer une voie à suivre ou un mode d'emploi particulier pour renforcer les liens de bon voisinage. Est-cela la particularité de cette dernière réflexion attentionnée du Roi du Maroc, imposer à l'Algérie de prendre cette « main tendue » ou la vouer à toutes les gémonies devant l'opinion arabe et internationale ? C'est en cours, avec l'appel au renfort de médias et autres experts analystes marocains et étrangers, qui présentent l'Algérie comme le méchant voisin qui refuse l'offre gracieuse du Roi. Aussi, peut-être que le Roi du Maroc va au-devant de très probables développements des évènements que ne manqueraient pas de provoquer une réaction de l'Algérie dans le sillage de la « grave dérive » de l'ambassadeur du Maroc auprès de l'ONU, qui a soumis lors une réunion virtuelle des pays non-alignés, tenue les 13 et 14 juillet, une note dans laquelle il estime que le peuple kabyle en Algérie mérite « plus que tout autre de jouir pleinement de son droit à l'autodétermination ». C'est l'une des raisons qui a poussé Alger à la réserve face à cette « main tendue » du Roi, clairement objecté par le président Tebboune lors de son récent entretien avec des représentants de médias algériens. Dans ce contexte tendu, que le Roi du Maroc tente d'ignorer dans son discours, et après avoir rappelé son ambassadeur à Rabat pour consultation, l'Algérie devrait, en effet, recourir à d'éventuelles autres mesures selon l'évolution de la situation, comme l'a souligné le MAE dans un communiqué. Sans parler des suites de l'affaire des soupçons d'espionnage contre l'Algérie à l'aide du logiciel israélien Pegasus, qui, si les faits s'avèrent fondés, donnerait lieu à une riposte inévitable de l'Algérie. Sans haine et sans rancune, contrairement à ce que laisse croire le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) à propos des publications des médias algériens qui ont commenté le « non» évènement, ne devrait-on pas, « sincèrement », se pencher un peu pour voir le nid de vipères en dessous de cette «main tendue» ?