Après le président de la République, c'est le 1er ministre qui a instruit hier les diplomates en poste pour chercher les investissements directs étrangers (IDE) et pour devenir «l'axe central » dans l'aboutissement des opérations de récupération de l'argent transféré illicitement vers l'étranger. C'est plus des demandes matérielles que politiques que Aïmene Benabderrahmane a formulé, hier, à l'adresse des chefs de missions diplomatiques et consulaires à l'étranger réunis depuis lundi et jusqu'à aujourd'hui au palais des nations de club des pins, à Alger, sous la présidence de leur ministre, Ramatane Lamamra. Le 1er ministre a rappelé en premier, que « le gouvernement s'active à réformer le système bancaire et financier et à sa modernisation, pour réaliser l'attraction du climat de l'investissement à travers une profonde révision du code de l'investissement(...) ». L'objectif étant, selon lui « de promouvoir la production hors hydrocarbures et de lever les obstacles devant les opérateurs économiques et qui les empêchent de réaliser leurs projets(...) et d'élaborer une vision prospective qui prend en compte le mouvement des IDE(...) pour l'instauration d'un climat des affaires favorable attractif ». Benabderrahmane évoque ainsi «un programme de réformes globales (...) en vue de garantir la concurrence et d'attirer le capital étranger (...) et relancer les secteurs les plus compétitifs en particulier les hydrocarbures, l'industrie, l'agriculture, les industries alimentaires, pharmaceutiques, le tourisme.. ». Et d'autres qui, a-t-il dit, « assurent la sécurité nationale dans sa signification la plus globale que tous les pays cherchent à atteindre encouragés dans cela par les difficultés générées par la pandémie de la COVID-19 ». Il estime qu' «il n'est pas normal qu'avec tous ses atouts, notre pays ne bénéficie que de 1,3 milliard de dollars d'investissements directs étrangers la majorité dans les hydrocarbures, ce qui est insignifiant voire nul comparativement à ce qu'engrangent d'autres pays qui ne possèdent pas les mêmes atouts que le nôtre ». «Il faut corriger certains clichés» Il affirme alors que «nos représentants diplomatiques doivent prospecter les marchés et redoubler de vigilance(...), chercher de véritables partenaires étrangers et sérieux, prêts à travailler sur la base du principe gagnant-gagnant(...)». Il fait savoir aux diplomates que « le gouvernement s'active à mettre en place un mécanisme de promotion du climat des affaires et d'évaluation des projets qui ont réussi ». Il les appelle notamment à «travailler pour corriger certains clichés véhiculés dans certains classements de notre pays dans l'économie, le commerce, l'innovation, la recherche scientifique décidés sur la base de données fausses(...), des clichés qui repoussent les investissements(...) ». Son exemple, en 2020, dit-il « le système de santé et de ses infrastructures en Algérie a été classé par une institution financière internationale au dessous de la 40ème place (44) en Afrique, on a découvert que derrière ce rapport d'institutions qui travaillent pour d'autres objectifs(...), nous avons corrigé ce classement(...), parce que l'Algérie occupe la 2ème place pour ce qui est de l'indice du développement humain(IDH) en Afrique après les Seychelles et l'Ile Maurice et elle est 2è ou 3ème dans la zone MENA(...) ». En rappelant «l'argent transféré illicitement à l'étranger » et « la commission d'experts décidée par le président de la république, travaille sous mon autorité et suit ce dossier», il a instruit les diplomates de « se mobiliser pour tenir un rôle central à cet effet notamment à travers la multiplication des contacts avec les autorités concernées pour suivre les commissions rogatoires et prendre en compte les demandes d'entraide judiciaires délivrées par nos instances judiciaires, pour leur exécution par les pays concernés ». Il est question pour lui «d'évaluer et de lister ces transferts, et d'initier par les instances compétentes les procédures pour leur récupération(...), de faire vite et dans l'urgence pour éviter toute dilapidation de cet argent ». Le 1er ministre a exprimé son optimisme «après que la balance commerciale a enregistré un gain de + 1,4 milliard de dollars d'exportation hors hydrocarbures à la fin d'octobre dernier (...) ». Il affirme s'attendre à « un excédent de cette balance l'année prochaine ». Profondes divergences sur la révision de l'accord d'association avec l'UE Il recommande le placement du produit local dans les marchés africains en promettant « la mise en place de système logistique au niveau des wilayas limitrophes(...)». Et appelle en même temps les diplomates à «saisir l'opportunité des zones de libre échange notamment africaine, pour promouvoir les investissements et explorer les marchés(...)». Le 1er ministre a noté la décision de l'Algérie de revoir ses accords bilatéraux ou multilatéraux «notamment l'accord d'association avec l'Union européenne et l'évaluation du processus de son adhésion à l'OMC ». Des échos du huis clos qui a abrité les débats des diplomates sur ces dossiers, notamment sur la décision de réviser l'accord d'association avec l'UE, font état de profondes divergences entre ceux qui sont pour cette révision et d'autres qui la refusent... Le gouvernement s'apprête, selon lui « à ouvrir des succursales de certaines banques algériennes en Afrique (...) et négociera prochainement sa participation dans la banque africaine d'import export ». Les diplomates doivent, en outre, dit-il «convaincre et permettre à la communauté nationale à l'étranger de participer dans la relance de l'économie par l'investissement(...), il faut créer un système bancaire à l'étranger ». Il fait savoir que « la banque mondiale a estimé qu'en 2019 les transferts de capitaux par les émigrés dans le monde ont dépassé les 548 milliards dollars, dépassant ainsi les IDE qui ont atteint plus de 534 milliards dollars et les aides publiques pour le développement (166 milliards dollars) ». En tête des pays qui ont reçu ces transferts, dit-il, «l'Inde avec 83,1 milliards de dollars, la Chine 68,4, le Mexique 38,5, les Philippines 35,2, l'Egypte 26,8, Nigeria 24 et enfin l'Ukraine 14, 4 milliards de dollars ». Révision de la loi sur la monnaieet le crédit Selon le même rapport, l'Algérie a reçu «1,7 milliard dollars, un montant qui ne reflète pas l'importance du nombre et du poids économique de notre communauté à l'étranger », dit-il. Il enchaîne «les transferts en Afrique, au sud du Sahara, 44 milliards de dollars(...) ». Il relève que «de leur caractère social pour les besoins de leurs familles, ces transferts ont augmenté pour financer des investissements importants, notamment au niveau des PME(...) ». Le 1er ministre appelle les diplomates «à promouvoir le tourisme à travers les agences touristiques, l'image de l'Algérie, faciliter la délivrance des visas aux touristes étrangers(...) ». Benabderrahmane a promis diplomates qu' «un directeur de la Banque d'Algérie vous présentera aujourd'hui le projet de révision de la loi sur la monnaie et le crédit et les mesures devant être prises pour faciliter l'opération d'importation et même d'exportation ». Il a noté que «l'Algérie n'acceptera plus que des sociétés étrangères qui ont investi 50 ou 60 millions de dollars transfèrent des dividendes qui dépassent les 200 ou 250 millions de dollars par an (...), nous n'avons qu'une seule source de devises, 95% des hydrocarbures ». Il a annoncé la révision des coûts de transports, de la maintenance... Les obstacles de la diplomatie, il en citera « ceux qui ont entrepris des contacts pour l'envoi d'investisseurs mais n'ont reçu aucune réponse » et promet qu'«il n'y aura plus ce genre de comportement(...), on va accompagner les diplomates... ». «Le visa algérien est le plus difficile à obtenir dans le monde» Le classement de l'Algérie par le Doing Busines évoqué par un ambassadeur le fera rebondir pour souligner que «on a été les premiers à dénoncer les pratiques de Doing Busines sur la base de critères subjectifs, on s'est rendu compte que l'Algérie fait l'objet de harcèlement par certains bureaux qui exercent en dehors de la banque mondiale mais qui influent sur la suite à donner aux rapports(...) ». Derrière les rapports de la banque africaine de développement, il y avait selon lui «des officines dont l'une affiliée à un pays voisin et travaillait sur des rapports faux sur l'Algérie(...), c'est inacceptable mais nous avons notre part de responsabilité». A savoir par exemple que «sur le site de l'OMS, les données sur l'Algérie datent de 2007(...), toutes les données et indicateurs doivent être mis à jour(...), des instructions vont être données dans ce sens... ». Le 1er ministre a affirmé en dernier que « le visa algérien est le plus difficile à avoir dans le monde, pour les investisseurs, les touristes, il faut que ça soit instantané, on n'attend pas d'envoyer à Alger, ça va se faire d'une manière instantanée ».