Le revirement de la position du Gouvernemen espagnol concernant le dossier du Sahara occidental a provoqué une réaction en chaîne qui n'est pas prête de marquer un arrêt, y compris à l'intérieur de l'Espagne, où la classe politique et la société civile ne se reconnaissent pas dans ce volte-face du gouvernement. Et, à l'exception de quelques soutiens isolés et autres « silence complice » face à cette décision, les réactions d'étonnement et de désapprobation de nombreux pays et d'organisations internationales et régionales se multiplient à travers le monde. Ainsi, suite au soutien de l'Espagne au plan d'autonomie présenté, en 2007, par le Maroc, estimant qu'il constitue « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend » entre Rabat et le Front Polisario, le chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Josep Borrell s'est démarqué de ce changement brusque, en appelant à « une solution concertée, dans le respect des résolutions de l'ONU ». « La position de l'Union européenne reste inchangée, à savoir le plein respect et appui aux résolutions des Nations-Unies et que toute solution doit venir des deux parties, dans le cadre de ces résolutions », réaffirme Josep Borrell, ce mardi matin, sur les ondes de la Chaine 3 de la Radio algérienne. Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, appelle l'Espagne au respect des résolutions de l'ONU concernant le Sahara Occidental. L'Union européenne, par la voix du porte-parole de la Commission européenne, confirme également son appui aux efforts du Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, pour poursuivre le processus politique visant à parvenir à une solution juste et acceptable par les deux parties. L'UE souligne, par ailleurs, la nécessité de trouver une solution au conflit pour préserver la stabilité dans la région. L'ONU a également rappelé, lundi dernier, que le conflit au Sahara Occidental doit être résolu avec un « engagement total (des parties) dans le processus politique facilité par l'ONU ». Il n'y a, donc, que le gouvernement espagnol, et pas dans sa totalité, qui voit les choses différemment. Une attitude qui suscite de nombreuses interrogations, si on sait pertinemment que le Maroc ne peut offrir en contrepartie que des assurances pour juguler l'immigration clandestine (le Maroc se montre, déjà, disposé à accueillir ses immigrés clandestins). Pour sa part, l'avocat du Front Polisario, Gilles Devers, s'est dit étonné par le revirement de l'Espagne sur la question du Sahara Occidental, estimant que cette position exprimée par le Premier ministre Pedro Sanchez pouvait coûter au leader socialiste des poursuites judiciaires devant la Cour pénale internationale (CPI) pour « complicité de crimes de guerre ». « Le revirement de la position de l'Espagne est une grande surprise. On ne s'attendait pas à voir le leader socialiste se placer dans les bottes de Franco », en rejoignant la position adoptée par l'ancien dictateur espagnol en 1975, a déploré l'avocat du Front Polisario dans une déclaration à la Télévision algérienne. Soulignant que l'Espagne, nommée par l'ONU, reste la puissance administrante du territoire non autonome du Sahara Occidental, Me Devers rappelle que Madrid avait alors « abandonné ce mandat par un accord avec le Maroc en toute illégalité ». « Ils avaient tellement honte que les fameux accords de Madrid n'ont pas été publiés », a-t-il ajouté. « La question est posée de poursuivre Pedro Sanchez devant la CPI pour complicité de crimes de guerre, car il donne son appui à l'acquisition du territoire sahraoui par une force armée », a-t-il assuré. A cet égard, Me Devers insiste sur le fait que « l'acquisition d'un territoire par la force armée est un crime de guerre qui est défini par le statut de la Cour pénale internationale dont l'Espagne est membre ». « Le statut du Sahara Occidental relève du droit international et il est lamentable de voir le socialiste Sanchez s'aligner sur les positions de l'ancien président américain Donald Trump » en décidant unilatéralement de la souveraineté sur un territoire, a-t-il également dénoncé. Me Devers souligne, en outre, que l'Espagne, qui demeure un grand pays, « a un rôle important sur la paix dans cette région. Et en alimentant le discours guerrier du Maroc, qui veut s'imposer par la force armée, Madrid prend une lourde responsabilité ».