Les conséquences de la pandémie du Covid 19 sur l'économie algérienne sont encore palpables sur le marché. Le consommateur est de plus en plus inquiet sur sa sécurité alimentaire avec les pénuries qui se déclenchent à l'approche du mois sacré de Ramadhan. Si avec la crise de l'huile et celle du lait en sachet qui perdurent depuis plusieurs mois, le consommateur se sent vulnérable, les experts en nutrition voient en ces pénuries une occasion en or pour changer le mode de consommation et revenir aux recettes de grand-mère. Une transition qui ne peut être que bénéfique pour préserver sa santé. C'est le message que les présents à la journée d'étude, organisée hier à l'hôtel «Rodina» sur «l'impact économique et de santé sur le mode nutritionnel actuel», par la Fédération algérienne des consommateurs, ont voulu faire passer pour ainsi sensibiliser la population sur l'impact d'une alimentation saine sur la santé. A titre indicatif sur une transition alimentaire effrayante pour nos jeunes aujourd'hui, est l'étude réalisée par des sociologues et des économistes algériens des Universités de l'Ouest et publiée entre 2015 et 2016 et présentée lors de cette journée par le Dr Djilali Mestari, chercheur au CRASC. Cette étude destinée aux jeunes âgés entre 20 et 30 ans a révélé 4 typologies de consommateurs: les consommateurs classiques qui ont gardé une tradition de consommation représentant 21%, les consommateurs modernes localisés dans les chefs-lieux de l'Oranie qui consomment les sandwichs et fréquentent les fast-food, représentant 37%, les consommateurs modernes qui ne rejettent pas la modernité mais qui maintiennent le repas traditionnel, représentant 18% et les consommateurs modestes, représentant 22%, appelés aussi small consommateurs qui sont localisés dans les communes semi-rurales et qui varient leur alimentation entre le repas traditionnel et l'alimentation moderne avec une culture de consommation et une conscience de l'impact de la malnutrition sur leur santé. Résultat de cette étude, entre la 2ème catégorie de consommateurs, 21% et la 3ème catégorie, 37% le pourcentage est assez important et indique une transition alimentaire inquiétante qui incite à revoir tout notre mode de consommation et éviter la mal-bouf qui est à l'origine de beaucoup de maladies non transmissibles, tels que le diabète, le cancer, l'obésité et l'hypertension selon les spécialistes de la santé. D'autre part, cette journée d'étude a été aussi l'occasion d'aborder avec le président de la Fédération, Hariz Zaki les raisons de ces pénuries à répétition. Selon ses explications, le problème réside en premier lieu à la suppression du ministère délégué chargé de la prévoyance et des statistiques qui avait pour rôle la planification sur les quantités de consommation et les quantités de production. L'autre problème est le maintien de la politique du monopole alors qu'une crise de l'huile et du sucre a déjà été vécue en 2011 et voilà qu'elle revient en 2022. Selon le même interlocuteur, «cette politique du monopole est contraire à la concurrence et impose son diktat et ce n'est pas normal qu'une société détienne 75% du marché des matières grasses». Le président de la Fédération a aussi imputé la pénurie de l'huile à «un problème de production et de subvention de la matière première importée». Sur la pénurie du lait en sachet, la fédération estime que «les unités de production du lait en sachet fonctionnent actuellement à seulement 30 et 40% de leur capacité de production à cause de l'approvisionnement de la poudre de lait par l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) en quantités insuffisantes alors, qu'à titre d'exemple, Oran consomme entre 450.000 et 500.000 litres de lait par jour. Cette wilaya n'est approvisionnée qu'entre 130.000 et 140.000 litres de lait par jour. « Ce déficit en matière de production crée la crise», a souligné M. Hariz.