Les pénuries ne sont plus un phénomène nouveau. Après celle du pain, qui d'ailleurs persiste dans plusieurs régions du pays, c'est au tour du lait en sachet. En effet, plusieurs appels se font entendre à travers le pays quant à la rareté de ce produit pas si indispensable, mais ancré dans le mode alimentaire algérien. A Alger, il faut faire le tour de plusieurs communes pour se procurer, par chance ou hasard, un sachet de lait. Ayoub, un jeune papa fonctionnaire de son état, déplore le manque de cette denrée dans son quartier, Meissonnier, au cœur de la capitale. «Nous n'avons qu'un seul magasin d'alimentation générale qui fait la vente de lait en sachet. Depuis plusieurs jours, ce dernier n'en a pas. Hier, j'ai dû faire le tour de plusieurs communes pour atterrir en fin de compte à Birkhadem dans une longue file face à un point de vente du complexe laitier d'Alger (Colaital). J'ai entendu plusieurs versions de ma quête pour le sachet de lait des clients qui attendaient leur tour», explique notre interlocuteur. A en croire son témoignage, celle qui s'occupe de la distribution leur aurait dit qu'il y a une tension sur la poudre de lait. Chose qui explique une baisse de la production. Une cause très plausible, notamment avec la crise financière qui n'épargne aucun secteur et la volonté de l'Etat de revoir à la baisse les différentes subventions. D'ailleurs, dans ce sens, certaines sources proches de ce dossier des subventions de la poudre de lait disent que cette tension serait en quelque sorte voulue. Le but ? Habituer les citoyens aux produits laitiers étatiques ou pas vendus à des prix plus élevés, notamment le lait de vache pasteurisé en sachet cédé dans certaines régions à 50 DA le litre. Un prix qui n'est pas si loin du prix du lait non subventionné. Même si ces causes restent plausibles, mais toujours à vérifier, elles demeurent dans la case des hypothèses tant qu'aucune décision n'a été prise dans le volet des subventions. Les causes les plus réelles, rapportées par les distributeurs eux-mêmes et l'Association de la protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce), restent le dysfonctionnement dans la distribution du lait. «La pénurie de lait n'a jamais cessé d'exister tout au long de l'année. Toutefois, elle s'accentue durant certaines périodes, notamment le mois de Ramadhan et la saison estivale, les deux connues pour les congés et la faible cadence du travail. Cette permanence d'instabilité dans la distribution du lait en sachet subventionné a toujours provoqué une insatisfaction dans les rangs des consommateurs», déclare le Dr Zebdi Mustapha, président de l'Apoce, avant d'annoncer l'ouverture d'une étude de fond de ce dossier par les membres de son association. D'un côté plus officiel, un haut cadre du ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche a totalement nié la présence d'une quelconque pénurie de lait, du moins au niveau de la production. Il rejette toutefois la responsabilité de cette tension sur le dos des distributeurs qui préfèrent alimenter de plus grandes quantités aux hôtels et cafés maures au détriment du simple citoyen. Selon ses propos, il faut absolument introduire un projet de loi ou élaborer un arrêté ministériel pour interdire la vente du lait subventionné en sachet à ces gros consommateurs (les hôtels et cafés maures) et le dédier spécialement et uniquement aux ménages. Pour rappel, l'Algérie a importé plus de 360 000 tonnes de poudre de lait en 2016. Le groupe Giplait met quotidiennement 480 000 litres de lait sur le marché, conforté par des quantités assez satisfaisantes de lait de vache.