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Drame de Melilla: Appels à une enquête internationale
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 27 - 06 - 2022

Le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez n'a pas fini de subir les contrecoups de son appui au plan marocain d'autonomie au Sahara occidental.
En opérant un revirement sur la question du Sahara occidental, mars dernier, «M. Pedro Sanchez avait sous-estimé» les réactions en cascade à sa décision et s'est mis tout le monde à dos à commencer par le «Parlement espagnol, partis politiques et aussi l'opinion publique de son pays», souligne M. Saïd Ayachi, militant des droits de l'Homme et président du Comité national de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui.
Il a surtout «sous-estimé la réaction de l'Algérie qui a aussitôt procédé à la suspension, et non à l'annulation, du Traité d'amitié et de bon voisinage, signé en 2002, entre l'Algérie et l'Espagne», a-t-il rappelé lors de son intervention, hier, à l'émission «Invité de la rédaction» de la Chaîne 3 de la Radio algérienne.
M. Ayachi a ajouté que «d'autres mesures économiques pourraient aussi suivre, non pas contre l'Espagne mais contre M. Sanchez qui a trahi la confiance de l'Algérie». L'invité de la Radio a également évoqué la dénonciation, vendredi dernier, par l'ancien chef du gouvernement espagnol, M. José Maria Aznar, de la politique de M. Sanchez vis-à-vis du conflit du Sahara occidental et de l'Algérie, estimant qu'elle (politique de Sanchez, ndlr) constitue «une menace pour le fragile équilibre économique et géopolitique de l'Espagne». Car, sur le plan interne, la bourrasque est très forte. José Maria Aznar, l'ancien président du gouvernement espagnol (1996-2004), signataire en novembre 2002 du traité d'amitié que l'Algérie vient de suspendre, n'y est pas allé par quatre chemins pour descendre en flammes le gouvernement Pedro Sanchez, qualifiant la décision concernant le Sahara occidental de «désastre diplomatique». Et, l'Espagne va «payer cher» ce désastre diplomatique de Pedro Sanchez, craint l'ancien président du gouvernement espagnol qui estime que l'Espagne règle, déjà, la note «en termes de manque de crédibilité et de manque de respect et de considération». Malgré toute l'opposition interne, qui inclut les politiques et les opérateurs économiques, le gouvernement Pedro Sanchez continue de défendre sa position sur la question du Sahara occidental, en estimant, par la voix du ministre des Affaires étrangères, le vendredi 24 juin, que l'Espagne est un pays «libre et souverain» pour prendre ses propres décisions en matière de politique étrangère, qualifiant «l'agitation» de partis politiques, majorité et opposition, sur ce sujet de «faux débat». Non sans affirmer que l'Espagne «veut être l'amie de tous ses voisins», chose qui renseigne sur l'aveuglement de ce gouvernement qui ne réalise pas, ou semble feindre de ne pas réaliser que ses errements diplomatiques ne peuvent que provoquer plus de tensions dans la région.
A cela vient encore s'ajouter cette tragédie des migrants aux frontières terrestres entre le Maroc et l'Espagne, où vingt-trois migrants d'origine africaine sont morts vendredi 24 juin après l'usage disproportionné de la force par la police marocaine qui tentait d'empêcher près de 2.000 d'entre eux d'entrer dans l'enclave espagnole de Melilla, selon un nouveau bilan officiel donné samedi soir. Des images diffusées notamment par l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) montrent une réaction disproportionnée de la police marocaine. Les migrants arrêtés par cette dernière, ont été entassés par terre les uns sur les autres. Les images choquantes, ainsi que le nombre élevé de victimes, ont suscité un tollé sur les réseaux sociaux. Plusieurs appels ont été lancés samedi pour réclamer une enquête indépendante sur les circonstances de ce drame. «Nous appelons à l'ouverture d'une enquête rapide et transparente», a déclaré aux médias, Mohamed Amine Abidar, le président de la section de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) à Nador, dans le nord du Maroc. Pour sa part, l'ONG espagnole ‘Caminando Fronteras', spécialiste des migrations entre l'Afrique et l'Espagne, a exigé dans un communiqué «l'ouverture immédiate d'une enquête judiciaire indépendante du côté marocain comme espagnol, ainsi qu'au niveau international pour faire toute la lumière sur ce drame humain». De son côté, Eduardo de Castro, le président (maire) de Melilla et plus haute autorité politique de cette ville autonome, a dénoncé une «réponse disproportionnée» du Maroc à la tentative de passage des migrants. Pour dire que cette affaire n'a pas fini de faire des vagues au sein de l'opinion, avec des répercussions sur les relations entre le Maroc et l'Espagne, qui cherchent à contenir le flux migratoire vers l'Europe. Du moins, on croit que l'Espagne subit la pression d'un chantage sur ce dossier de la migration clandestine de la part du Maroc, qui a relâché tous les contrôles en mai 2021 et laissé passer en 24 heures, vers Ceuta, plus de 10.000 migrants clandestins, pour la plupart des Marocains mineurs.
Dans ce même contexte, Amar Belani, envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, a qualifié la mort d'un grand nombre d'immigrants africains au Maroc de «massacre horrible», qui a révélé une véritable violation des droits de l'Homme, d'un pays qui exploite l'épouvantail de l'immigration à des fins de chantage politique, appelant à une enquête internationale transparente sur l'incident. «En fait, les images de ce massacre sont très choquantes», a déclaré Belani à «Echourouk» online à propos des événements. Elle reflète une brutalité excessive et un usage injustifié de la force, ce qui, dans ces circonstances, équivaut à de véritables exécutions, a-t-il relevé.


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